Les enjeux paysagers liés à la forêt

Dernière mise à jour : 18 janvier 2024

Au nord de l’Adour, la pinède est omniprésente et constitue le cadre paysager emblématique du département des Landes. Avec des rotations tous les 40 à 50 ans, c’est une forêt de production, où le paysage est en constante évolution, s’ouvrant et se refermant au gré des coupes et des replantations. A côté des pins, les feuillus signalent la présence des rivières et accompagnent les abords des airals et des villages. La vallée de l’Adour alterne peupleraies, taillis de saules et d’aulnes et des futaies de chênes remarquables dans les barthes boisées inondables. Au sud de l’Adour, les bois se font plus rares, occupant les pentes et les terres au sol pauvre.
La qualité des lisières le long des routes et le maintien de la diversité des paysages forestiers sont des enjeux paysagers importants.

Cet article traite de la forêt sur le territoire départemental et pas seulement de la pinède du massif des Landes de Gascogne.

  Encourager la diversité des paysages forestiers

Les bois et les forêts sont très présents à travers le département des Landes. Selon les secteurs, ils s’intercalent entre les cultures, ou couvrent de vastes étendues, avec une production plus rigoureuse. Les forêts ont également un pouvoir attractif pour les habitants et les touristes. De nombreux enjeux sont donc à concilier avec ces espaces. La composante « temps » est importante compte tenu des années nécessaires à la croissance des arbres. Les modes de gestion influent sur les paysages forestiers. Le choix des essences et la proportion entre feuillus et conifères méritent une réflexion selon le terroir et peuvent transformer radicalement un paysage.Au sein du massif des Landes de Gascogne, l’essence de production demeure le pin maritime. Dans la pinède, l’implantation et la conservation ciblée d’îlots d’arbres feuillus, de sujets repères ou encore des modes de culture plus diversifiés, sont déjà considérés mais posent les questions du risque incendie notamment. Maintenir une bande enherbée non plantée le long de la route donne un recul visuel et réduit le caractère oppressant d’une lisière sombre. L’arbre peut aussi par sa présence animer la forêt : arbres âgés isolés ou bordant une parcelle exploitée, ou encore arbre remarquable ponctuant le parcours. De même, les nombreux événements qui animent les paysages forestiers méritent d’être mis en valeur : carrefours forestiers, franchissement d’un cours d’eau, abords des lagunes, chemins et pistes…

Pistes d’actions envisageables :
 Retrouver et maintenir une diversité dans la couverture forestière. Fractionner les plages d’intervention.
 Continuer de préserver des îlots et des lisières de feuillus. Continuer de conserver des sujets en bordure ou dans les parcelles au moment de l’exploitation. Préserver des îlots de sénescence et garder des sujets âgés comme points de repères.
 Considérer le rôle des bandes de chênes pour son intérêt sanitaire.
 Utiliser les terrains communaux ou domaniaux pour tester des gestions plus diversifiées. Cibler des secteurs plus sensibles, des sites touristiques ou en périphérie de clairières habitées pour mettre en place une forêt jardinée (mixte ou de pins) avec la conservation de sujets âgés.
 Inventorier et préserver les arbres remarquables forestiers.
 Porter tout particulièrement attention à la gestion des forêts galeries le long des courants et des rivières. Conserver une diversité arborée feuillue. Créer des transitions arborées feuillues avec les cours d’eau ou les petites rivières. Eviter une trop grande fermeture au niveau des villages.
 Mettre en valeur les petits événements : abords des cours d’eau forestiers et des ponts, lagunes, croisements, chemins et pistes...
 Maintenir la présence de la forêt face au développement urbain notamment sur le littoral. Préserver des espaces ouverts ou plantés de feuillus entre les villages et la pinède.

  Mettre en valeur les lisières forestières

Les lisières sont le premier contact des visiteurs avec la forêt et les boisements, et revêtent une grande importance dans la perception de ces paysages. Elles limitent également des parcelles agricoles, formant la toile de fond des horizons. Le long des routes et des pistes, lorsque les lisières forment des murs végétaux trop opaques ou uniformes, les traversées forestières présentent de longues continuités. Les forêts de pins offrent des profondeurs de vue qu’il serait dommage de perdre également par une lisière enfrichée. Garder une certaine transparence aux lisières permet d’apporter une grande richesse aux vues.

Pistes d’actions envisageables :
 Animer les lisières des axes routiers. Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Varier les essences sur les premiers rangs. Continuer de modeler les plantations par des éclaircies pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
 Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière. Maintenir et renouveler les chênes.
 Maintenir et renouveler les alignements d’arbres feuillus le long de certaines routes.
 Conserver une bande non plantée entre la route et les premiers arbres.
 Concilier propriété privée et accès public aux forêts. Questionner les clôtures dans les espaces forestiers.

  Atténuer l’impact paysager des chantiers forestiers

Bien qu’elle soit gérée, la forêt véhicule également l’image d’un milieu considéré comme naturel. Ceci explique les critiques formulées lorsque les modes de gestion forestière provoquent une artificialisation trop perceptible du paysage. Cela se retrouve bien entendu au moment de l’exploitation du bois qui change complètement les perceptions locales tant depuis l’extérieur qu’à l’intérieur des massifs. Les effets des coupes demeurent un certain nombre d’années avant que la croissance des arbres ne referme de nouveau l’espace. Toutefois, les coupes participent également à la mosaïque paysagère grâce à la présence de peuplements forestiers d’âges et de hauteurs différents. Au sud de l’Adour, une attention doit être portée aux versants boisés que leur visibilité rend plus sensible lors de l’exploitation. Gérer les impacts du chantier permet de favoriser la cicatrisation rapide (stockage, remise en état divers, broyage des rémanents). La conservation de quelques ilots ou arbres isolés non exploités est utile également. Il est important de bien calibrer l’étendue des coupes pour éviter une « désertification » temporaire trop importante. Il faut aussi penser l’image de l’après chantier et redéfinir des priorités paysagères. Le respect des milieux naturels (lagunes, ruisseaux) doit être pris en compte. Les impacts visuels et environnementaux sont à bien gérer, ils impactent aussi l’image de la filière sylvicole.

Pistes d’actions envisageables :
 Préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée. Préserver autant que possible les feuillus présents.
 Privilégier une gestion en futaie jardinée ou en taillis sous futaie sur les secteurs les plus exposés visuellement sur les versants de coteaux par exemple.
 Remettre en état les chemins après exploitation.
 Eloigner les andains des voies de communication.
 Sur les versants et les coteaux des vallées, éviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes. Eviter les plages d’exploitation en tranche verticale au profit de parcelles d’intervention horizontales sur les coteaux. Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire. Etre vigilant sur les effets paysagers de la gestion forestière des crêtes. Faire attention à “l’effet créneau” des coupes sur les crêtes.
 Respecter la topographie et le passage des ruisseaux, la présence des sources ou de lagunes.

  Concilier peupleraies et paysage

Les peupleraies se sont installées dans les fonds des vallons et des vallées, devenant un élément habituel du paysage. Leur impact paysager peut toutefois être important compte tenu de la forte hauteur des arbres et selon l’étendue des parcelles plantées. Les vues en belvédère, les covisibilités entre les versants ou encore les ouvertures visuelles dans le fond de la vallée rendent beaucoup plus prégnant la présence des peupleraies. Ainsi dans les fonds, il est important que les peupleraies évitent de trop cloisonner ou de refermer la vallée. Elles peuvent gommer par endroit la lisibilité du paysage. Il est donc important de réfléchir à maintenir la lisibilité de la rivière ou du fleuve, les confluences, les points de vue depuis les coteaux, la place des chênaies alluviales remarquables. Plus localement, une vigilance s’impose pour éviter que les peupleraies occultent la perception de sites remarquables (abbaye, village perché ou au bord de l’eau, pont, coteau d’un méandre…). Leur répartition et leur étendue sont à évaluer pour maintenir un certain équilibre et adapter leur développement vis-à-vis de l’échelle des vallées.

Pistes d’actions envisageables :
 Evaluer l’impact paysager des peupleraies vis-à-vis de l’échelle du vallon ou de la vallée. Conserver la lecture des coteaux.
 Fractionner les peupleraies pour éviter les effets d’écran continu. Eviter de couvrir la totalité d’un fond de vallée sur plusieurs centaines de mètres.
 Conserver des fenêtres de vues sur les cours d’eau.
 Instaurer une distance minimale des peupleraies par rapport au bâti et aux villages en belvédère ou au bord de l’eau.
 Ne pas planter dans certains sites sensibles : abbaye, confluences, villages belvédères.
 Tester de nouvelles formes d’agroforesterie avec des lignes de peupliers.
 Préserver les ouvertures visuelles des barthes prairiales.
 Dégager les abords des ponts. Maintenir une distance enter les peupleraies et les ouvrages d’art.




  Bibliographie paysage et forêt

Plaquettes

 Atlas de la biodiversité des forêts d’exception du bassin d’Arcachon. ONF, Région nouvelle-Aquitaine. 2017. Milieux et principes de gestion
 La prise en compte du paysage en gestion forestière – CNPF, 2010

Guides et charte

 Guide Intégrer les enjeux forêt et bois dans les documents d’urbanisme - Communes forestières SPACA, 2022
 Règles de la gestion forestière durable - Exigences pour la France métropolitaine – PEFC, 2016
 Guide paysager de la forêt limousine – CRPF-ONF, 2002

Voir aussi