L’alignement d’arbres, patrimoine arboré et culturel

Pendant des siècles, alignements d’arbres, villes et infrastructures furent indissociables. Que ce soit pour le confort du fait des ombrages, pour le rapport du bois, pour la consolidation des terrains… les rangées d’arbres soulignaient places, routes et canaux à travers les paysages français. De la même façon, cours et allées étaient les premiers éléments marquant l’extension de l’espace urbain.
Il s’agit bien là d’une forme d’expression culturelle qui fait des alignements d’arbres un bien patrimonial dont nous avons hérité.

Environ de 21 000 arbres accompagnent et ombragent les routes départementales landaises

Les principales essences présentes le long des voies départementales des Landes. Source CD 40 relevé 2022

Représentant 57% des arbres d’alignements présents le long des routes départementales, le platane est l’essence emblématique des alignements landais.

Alignement majestueux de chênes liège. Vielle-St-Girons

Alignement de platanes soulignant une route de crête. Parleboscq

  Les platanes des routes principales

Les alignements de platanes sont majoritairement utilisés le long des grandes voies de communication des Landes. Leur grand développement est à l’échelle de l’importance des axes. Certains alignements adultes constituent aujourd’hui de somptueuses voutes végétales au-dessus de la route. La silhouette de ses arbres accompagnant la route permet souvent de signaler celle-ci dans le paysage.
Aujourd’hui l’alignement d’arbres est une référence historique faisant appel à un ordonnancement symbolique fort, mais c’est surtout médiateur entre le territoire et le projet d’infrastructure. Par là même, il est toujours une réponse contemporaine et d’avenir pour une insertion paysagère des ouvrages et des routes.

  Dans la pinède, l’alignement d’arbres en lisière des routes forestières

Plusieurs routes traversent la pinède tout en étant bordées par un alignement d’arbres de haut-jet. Ces alignements permettent de maintenir un premier plan de qualité quel que soit l’état de la gestion forestière des parcelles boisées traversées.

  Des entrées de bourgs sous les arbres

Le platane accompagne également de nombreuses entrées de bourgs et de village, sa haute silhouette contrastant avec l’échelle plus modeste du bâti. En entrée de bourg il forme un seuil végétal qui constitue l’articulation entre la route et la rue et prépare l’automobiliste à réduire sa vitesse. Les alignements d’arbres permettent également de donner une unité et une qualité paysagère aux entrées de bourg malgré une urbanisation souvent très hétéroclite.

L’alignement compose un premier plan homogène et de qualité au sein d’une zone d’activités au bâti disparate. St-Avit

L’alignement gagnerait à se prolonger pour reformer un premier plan le long de la séquence d’entrée de ville. Tartas

  Alignement et sécurité routière

Les alignements d’arbres en bord de route ont été bien souvent supprimés pour des « raisons de sécurité » suite à des accidents impliquant des chocs contre des troncs d’arbres. Ces politiques de suppression des alignements le long des routes ont de plus été encouragées par les économies de gestion qu’elles permettaient : un arbre coupé ne nécessite plus d’entretien et les emprises des plantations ont permis également des élargissements de voiries à moindre coût.
Depuis, l’impact des arbres d’alignements sur la sécurité routière a été longuement analysé, ce qui a permis de préciser les situations accidentogènes et de préconiser des mesures permettant de concilier la présence des arbres et la sécurité routière.
Les études ont également révélé que les alignements d’arbres permettaient d’améliorer la lisibilité de la route en laissant deviner par les frondaisons la suite du tracé après un virage ou une côte, ou en soulignant un croisement.

L’alignement permet de lire la courbe de la route. Castex-d Armagnac

L’alignement permet d’anticiper le tracé de la route au-delà la côte. Biaudos

  Les alignements d’arbre nécessitent une ambition et une gestion sur le long terme

Planter, c’est s’engager sur le long terme

La qualité d’un alignement d’arbres dépend fortement de sa longueur et de son homogénéité. Cette forme paysagère demande un temps long pour arriver à sa pleine maturité, souvent plus de 50 ans, et il est donc nécessaire de la protéger strictement lors de tous les aménagements sur ses abords. Cette protection doit concerner également l’emprise au sol de l’alignement qui doit rester généreuse pour lui assurer une pérennité dans le temps. Maintenir une qualité paysagère le long des routes passe donc par une ambition et une gestion sur le long terme des arbres d’alignement.

Des formes paysagères patrimoniales protégées

Les allées d’arbres sont protégées depuis 2016 en France et l’adoption de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages [1]. La protection joue à deux niveaux : la structure arborée, dont il faut assurer le maintien et le renouvellement, et individuellement chaque arbre. Les abattages sont interdits sauf raisons sanitaire et de sécurité qui doivent être démontrées.
Les alignements d’arbres remarquables sont parfois protégés au titre des sites inscrits ou classés ou plus rarement au titre des monuments historiques. Ils peuvent être également protégés dans les documents d’urbanisme des collectivités au titre d’EBC (Espace boisé classé) ou d’Eléments de paysage à préserver.

  Sources

– Protection des allées d’arbres : loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016
– Arbres et sécurité routière : le faux problème. 2007