La garluche, pierre de la lande
Dernière mise à jour : 1er février 2023
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Dans la Haute Lande, quelques bâtiments et villages tranchent par la présence d’une pierre de construction sombre, de couleur brune à rouille : la garluche.
Une pierre dans un pays de sable et de bois
- Localisation des constructions en garluche
- Inventaire non exhaustif d’après les observations de terrain
Dans la Haute Lande, pays de sable et de forêt, la construction à pans de bois est dominante dans le bâti ancien. Mais, à quelques endroits, la construction en maçonnerie de pierre existe, seule ou mélangée à la construction à pans de bois dans un même bâtiment. Ces constructions sont liées à la présence d’une pierre à bâtir, issue des sables des Landes du Plio-Quaternaire. Dans la partie sablonneuse, une certaine variété d’alios donne des blocs pouvant servir de pierre à bâtir : c’est un grès à ciment exclusivement ferrugineux, qu’on appelle « garluche » ou « pierre de lanne », c’est-à-dire « pierre de Lande ». Le mot gascon « garluisha », francisé en « garluche » est dérivé de la racine prélatine « karglar ». Il désigne littéralement une « mauvaise pierre ». On trouve la garluche uniquement sur certaines berges des petits ruisseaux du plateau landais se jetant dans la Leyre ou à proximité des étangs côtiers. Elle forme des encroûtements d’une dizaine de m2 et d’une épaisseur de 30 à 40 cm.
Une pierre de fer
Cette pierre ferrugineuse, malgré sa faible teneur en oxyde de fer (10 à 20 %), a été exploitée comme minerai et a alimenté longtemps de nombreuses forges dans les Landes, entrant dans le processus de fabrication de fonte et de fer. La production, d’abord artisanale, prend un virage industriel dès la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les gisements, abondants et à faible profondeur, étaient exploités artisanalement à ciel ouvert.
La garluche a ainsi alimenté les hauts fourneaux, fonderie et forges de Brocas-les-Forges (en activité de 1833 à 1904), de Castets (1820-1930), de Cère, de Pissos (1818-1885), de Pontenx-les-Forges (1765-1921), de St-Paul-en-Born, de St-Vincent-de-Paul, d’Uza (1760-1981), d’Ychoux... Recherchant la force hydraulique et des affleurements de garluche, les établissements métallurgiques sont situés sur la Leyre ou ses affluents, sur les émissaires des étangs côtiers ou les affluents de l’Adour.
Ces petits centres industriels en milieu rural vivent jusqu’à ce que l’extraction de la minette lorraine (30 % de fer) vienne concurrencer et mettre à mal la production landaise. On estime que 500 000 tonnes de ce minerai ont été extraites de 1834 à 1892, année où l’extraction cesse définitivement.
Une note de rouille dans les bâtiments
La couleur rouille (rouge-brun à brun sombre) et l’aspect souvent caverneux de la garluche sont aisément repérables dans les constructions. Certains hameaux de la Grande Lande présentent ainsi des constructions avec des murs en moellons irréguliers de garluche pris dans un mortier d’argile avec un peu de chaux. Parfois, les encadrements de portes ou de fenêtres, les chaînages d’angles et les blocs de soubassement sont également faits de blocs de garluche grossièrement taillés. Mais la plupart du temps (maisons de bourg, maisons bourgeoises, édifices publics) les encadrements sont bâtis avec un autre matériau, plus noble, principalement une pierre plus facile à tailler que la garluche.
La garluche est localement utilisée pour des constructions diverses, des habitations, mais aussi de nombreux bâtiments plus emblématiques : églises (Argelouse, Belhade, Garein, Lubbon, Mézos, Moustey, Parentis-en-Born, Pontenx-les-Forges…), mairies (Belhade, Liposthey, Pissos, Pontenx-les-Forges…). Les sites sidérurgiques comme Pontenx-les-Forges présentent ainsi des ensembles entiers construits en garluche.
- Nouvelle école élémentaire faisant la part belle aux références traditionnelles, bardage bois et mur plein en garluche. Sanguinet
Sources
– Dictionnaire des Landes. Ed Sud-Ouest. 2009
– Wikipédia, dictionnaire des Landes
– La maison rurale dans les Landes, contribution à un inventaire régional. Ed Créer. 2002
– Landes. Ed. Bonneton. 1991
Voir aussi
- La création de la forêt landaise
- Landes en feu
- L’airial landais
- Les courants landais
- Le bassin d’Aquitaine comme grande unité d’appartenance
- Le galet, pierre à construire
- Lieu particulier : le Site d’Arjuzanx
- Portrait de la Grande Lande
- Les lagunes des Landes de Gascogne
- Paysage, tourisme et patrimoine, les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés au tourisme
- Les tonnelles de platanes palissés
- Lieu particulier : la bastide de Geaune
- Lieu particulier : le phare de Contis, un belvédère unique sur la côte
- Les enjeux paysagers liés à l’urbanisme
- Paysage et urbanisme, les enjeux exprimés par les habitants
- Les Landes, un territoire de projets urbains
- Formes urbaines et paysage, essai de typologie
- Frontons et arènes au cœur des espaces publics landais
- La MIACA, une politique volontariste d’aménagement et de protection du littoral aquitain