Les enjeux paysagers liés à l’agriculture

Dernière mise à jour : 23 septembre 2024

Dans ce département rural, la polyculture domine. Au sud, les vignes du Bas-Armagnac et du Tursan se mêlent aux prés et aux champs. Au sein des collines du sud de l’Adour, les champs de maïs ouvrent et ferment les vues au gré de leur croissance. Les plaines agricoles de la Grande Lande tranchent par leurs paysages ouverts de grandes cultures.
L’équilibre des paysages entre forêt et agriculture fluctue selon les territoires. Sur les plaines cultivées ou dans les collines de Chalosse, le regroupement des exploitations et l’agrandissement des parcelles ont provoqué une simplification des paysages. D’un côté, la place de l’arbre s’est considérablement réduite, de l’autre, de nombreux vallons se sont enfrichés. De nouveaux bâtiments sont apparus transformant les abords des fermes.

  Développer la diversité dans le parcellaire agricole

L’identité actuelle des paysages des Landes est fortement liée à la polyculture et en particulier à la maïsiculture qui domine les parcelles agricoles. Le maïs limite les vues en saison et laisse un paysage dénudé l’hiver et au printemps. Les espaces agricoles constituent ici une des clés de lecture du paysage et participent à sa qualité. Le Bas-Armagnac, la Chalosse et le Tursan bénéficient historiquement de haies, de boisements, d’arbres isolés qui forment l’ossature du paysage. Certaines parties du territoire tendent toutefois à s’uniformiser, avec le regroupement de vastes parcelles cultivées monospécifiques, accompagné bien souvent d’une diminution de la place de l’arbre au fil du temps.
Le maintien d’une certaine diversité au sein des parcelles agricoles constitue un enjeu important pour éviter la monotonie des paysages. Il est intéressant de conserver des repères et des contrastes : la diversité des cultures et des tailles de parcelles, les limites arborées et la ponctuation des arbres isolés, le contraste des boisements, les ripisylves qui indiquent le passage de l’eau, le réseau de chemins qui permet la découverte…Tous ces éléments modulent l’échelle du paysage et animent les ouvertures, composant d’un paysage attractif et attachant. Cela permet également de lutter contre l’érosion, de maintenir la qualité agronomique des sols, la biodiversité et un cycle de l’eau de qualité.

Pistes d’actions envisageables :
 Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage : prairies, cultures, bosquets, bois.
 Préserver et renouveler les arbres (haies, arbres isolés) qui accompagnent les parcelles. Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire.
 Maintenir les ripisylves le long des cours d’eau et le maillage bocager autour des prés dans les vallons.
 Maintenir une diversité de taille de parcelles. Limiter la taille des parcelles, notamment sur les pentes, éviter les regroupements trop importants. Tenir compte de l’érosion des sols.
 Etre vigilant face à la progression de la monoculture. Encourager les rotations de cultures diversifiées.
 Renouveler des arbres isolés (pins parasol, chênes) qui animent le paysage. Préserver les haies et les arbres autour des prés.
 Développer des projets d’agroforesterie mêlant arbres (fruitiers ou forestiers), culture ou élevage.
 Pérenniser l’ouverture des prairies dans les fonds. Préserver des groupes de pâtures de taille suffisante pour conserver un attrait pour les agriculteurs.
 Surveiller la progression des friches et des boisements, vecteurs de fermeture du paysage. Eviter toute plantation forestière sur les parcelles agricoles. Remobiliser les friches agricoles pour une remise en culture.
 Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter le long des chemins.
 Planter des haies ou des arbres le long des chemins ruraux, aux croisements, aux entrées de champs, aux abords des fermes.
 Etre vigilant à la nudité des sols cultivés qui augmentent les risques d’érosion et accélèrent le cycle de l’eau.

  Favoriser la qualité paysagère des clairières agricoles

Les paysages landais offrent de nombreuses clairières agricoles, qu’il s’agisse des clairières mesurées du Marsan et des Petites Landes, ou des très vastes clairières présentes au cœur des Grandes Landes. Dans ces paysages alternant cultures et boisements, les clairières agricoles offrent des respirations appréciables. Les clairières, pour partie habitées, se découvrent au fil des ouvertures, entrecoupées de traversées boisées. Si l’existence des clairières n’est pas en danger, il est important de conserver en leur sein une diversité paysagère (arbres isolés, chemins, alignements d’arbres, bosquets, ripisylves).
Ainsi il est judicieux de maitriser les premiers plans le long des routes pour garder la profondeur des vues. Il est également important de maitriser les développements bâtis des villages et des hameaux pour conserver un paysage harmonieux dans les clairières.
Une attention (emplacement, plantations, couleurs, matériaux…) est également nécessaire afin de bien absorber l’impact visuel des bâtiments agricoles dont les volumes peuvent être imposants, notamment dans les grandes plaines de la Grande Lande.
Des lisières forestières variées jouent également un rôle important dans la qualité des paysages le long des routes forestières ou tout autour des clairières agricoles.

Pistes d’actions envisageables :
 Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage : cultures, prairies, bosquets, bois.
 Maintenir une diversité de taille des parcelles agricoles. Limiter la taille des parcelles, éviter les regroupements trop importants.
 Préserver les arbres qui animent le paysage : arbres isolés, bosquets.
 Reconnaître l’atout des parcelles agricoles dans les documents de planification. Leur donner un statut fort face à l’urbanisation. Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des clairières. Mettre en place des ZAP [1] pour protéger le foncier agricole des extensions urbaines.
 Gérer et planter les abords des fermes et des villages tout en veillant à ne pas les masquer. Planter les abords des nouvelles constructions.
 Privilégier des bâtiments agricoles de teinte sombre, plus discrets dans le paysage. Avoir un véritable projet architectural, planter les abords pour créer des transitions.
 Lors des coupes forestières, préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée.
 Etre vigilant sur les coupes à blanc de feuillus pour le bois/énergie.
 Entretenir et replanter des alignements d’arbres le long des routes.
 Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes, voire des parcelles agricoles. Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs. Préserver et mettre en valeur des arbres remarquables.
 Encourager la mise en place d’une agriculture vivrière de proximité en circuit court.
 Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages. Planter le long des chemins.

  Valoriser l’atout spécifique du vignoble

Même si les vignes ne recouvrent qu’au plus 20% de la surface dans les unités du Bas-Armagnac, du Tursan et encore moins dans la Chalosse, leur présence remarquable, associée à d’autres cultures, apporte à ces territoires une image de marque importante. Le vin constitue un élément historique « noble ». Les représentations culturelles et touristiques en témoignent. Le graphisme des rangs de vignes révélé par les saisons et par endroits mis en scène avec les pentes, constitue un atout de ces paysages. Le charme des vignes tient à leur aspect ordonné et jardiné ainsi qu’à la diversité de ses petites parcelles. La présence de l’arbre sous plusieurs formes (pins parasols et chênes isolés et majestueux, en bosquets repères, en cadrage avec les lisières forestières…) joue un rôle dans l’attractivité des lieux. Tout ce qui peut concourir à renforcer la visibilité des vignes mérite une attention. Les points de vue la mettant en scène pourraient ainsi être préservés et mis en valeur. Les parcelles le long des routes ont un impact visuel important et doivent être protégées d’une urbanisation banalisante. L’enjeu pour le vignoble est de conserver et promouvoir un paysage diversifié, formant l’écrin des villages et la réputation des domaines viticoles.

Pistes d’actions envisageables :
 Mettre en valeur l’entrée des domaines : alignements d’arbres, pin parasol, portes …
 Privilégier une information sobre, harmoniser les enseignes des domaines et des appellations.
 Favoriser la visibilité des vignes le long des routes. Mettre en valeur le vignoble en priorité le long des axes routiers et des points en belvédère.
 Constituer des itinéraires pour découvrir le vignoble et mettre en avant ses points forts. Conserver des vues depuis les chemins et les routes, en gérant la végétation.
 Préserver le petit parcellaire. Eviter les regroupements trop importants de parcelles.
 Conserver une diversité au sein du parcellaire (prairie, fruitiers, arbres isolés, bosquets). Renouveler les arbres isolés vieillissants.
 Mettre en valeur les chemins à travers le vignoble.
 Maîtriser le développement et la qualité des chais. Prendre en compte la valeur patrimoniale des fermes anciennes. Mettre en valeur les abords des exploitations viticoles et des chais.

  Porter une attention au bâti agricole

L’évolution des pratiques agricoles, des techniques, des normes, la forte activité maïsicole et l’intensification de cette production, ou encore le développement de l’élevage des palmipèdes ont entrainé une transformation des bâtiments avec l’implantation de tunnels, de hangars, de silos, de structures d’épuration ou de méthaniseurs. Ces installations contribuent à l’image de la profession et reflètent le dynamisme agricole local. Toutefois, le choix des sites d’implantation de ces bâtiments demande une grande attention pour parvenir à une composition en harmonie avec le paysage, les fermes ou les villages environnants. Leur localisation, leur qualité architecturale (volumes, matériaux, couleurs…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (terrassements, plantations, chemin d’accès, transition avec les parcelles) doivent participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments. Dans la Grande Lande, les implantations de hangars isolés monumentaux ont tout à gagner à parfaire leur qualité dans des paysages très ouverts. Dans un autre registre, les corps de ferme anciens constituent dans bien des cas un patrimoine bâti, qui peut être restauré et dont il est appréciable de pouvoir percevoir les atouts d’origine. La qualité architecturale et paysagère des fermes est un atout pour l’image d’une profession en évolution (circuits courts, vente directe, activité touristique) qui a un grand rôle dans la gestion des paysages.

Pistes d’actions envisageables :
 Eviter les implantations trop visibles des nouveaux bâtiments : en crête, sur un versant, en entrée de village ou en bord de route.
 Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
 Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
 Bien étudier l’impact paysager ou patrimonial des toitures photovoltaïques. Valoriser les toitures existantes plutôt que de construire de nouveaux bâtiments "supports" de toitures photovoltaïques.
 Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée. Maintenir ou renouveler les arbres identitaires (chênes, pins parasols) qui signalent domaines et fermes.
 Planter aux abords des bâtiments et des silos pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte. Maintenir les maillages arborés ou les boisements environnants.
 Réfléchir à l’accueil du public et à la vente directe.
 Installer les stockages dans des lieux plus discrets en arrière-plan.
 Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti ancien. Maintenir un espace entre le bâti ancien et les nouveaux hangars. Prendre garde à la concurrence visuelle des hangars avec le bâti ancien. Prendre en compte la valeur patrimoniale des anciennes fermes.

  Bibliographie paysage et agriculture

Sites internet

Architecture et agriculture dans les paysages
Agroforesterie

Plaquettes

 Gestion des paysages viticoles. IFV, 2015
 Paysage et aménagement foncier agricole et forestier. Ministère de l’Agriculture, 2010
 Paysage et agriculture. IFV, 2009
 Appellation d’Origine Contrôlées & Paysages. INAO, 2006

Guide

 Guides de gestion durable des haies. Afac-agroforesteries, 2023-2024
 l’Agriculture et la forêt dans le paysage. Ministère de l’Agriculture, 2002

Ouvrage

Paysage et agriculture pour le meilleur, Régis Ambroise et Monique Toublanc, 2015, Educagri

[1Zone agricole protégée

Voir aussi