Le vignoble landais
Dernière mise à jour : 31 janvier 2023
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Un vignoble essentiellement au sud-est du département
Le département comprend deux zones viticoles principales :
– le Bas-Armagnac, qui outre un armagnac prestigieux, produit le "Floc de Gascogne" et l’IGP [1] Landes « Sables fauves ».
– le Tursan, au sud-est, autour de l’appellation AOC [2] et de l’IGP Landes "Côtes de l’Adour".
A ces deux secteurs principaux, il convient d’ajouter les vignobles plus diffus de :
– la Chalosse, au sud de l’Adour, qui produit des vins IGP Landes "Chalosse".
– la côte atlantique sud, avec les vins IGP Landes "Sables de l’Océan", appelés aussi vin des sables.
La vigne, élément de la polyculture landaise
Avec seulement 1 200 ha [3] sur l’ensemble du département, le vignoble des Landes ne se présente pas comme une monoculture de vigne occupant l’intégralité de ses aires d’appellation. C’est au contraire un parcellaire de vignes imbriqué au milieu des cultures, des bois et des prés. Dans cette mosaïque de cultures, la vigne apporte ses caractéristiques paysagères propres : les petites parcelles à taille humaine, le graphisme des lignes de ceps et une forte présence humaine dans les parcelles aux différentes étapes de la culture et de la récolte.
L’Adour, artère viticole entre vignobles et le port de Bayonne
Si la vigne occupe aujourd’hui des superficies relativement modestes dans les Landes, elle a longtemps contribué au développement du territoire landais. L’acheminement de la production viticole, essentiellement produite à l’est des Landes, vers le port de Bayonne, a nécessité l’aménagement de ports fluviaux sur l’Adour et sur son affluent la Midouze pour les bas-armagnacs. Un port est même créé de toutes pièces au lieu-dit « Vimport » sur l’actuelle commune de Tercis-les-Bains, tout comme à Mont-de-Marsan. Cette navigation fluviale a été florissante au XVIIIe siècle et déclinera progressivement à partir du XIXe siècle suite aux crises viticoles (phylloxéra, mildiou), aux guerres et à la concurrence des autres moyens de transport.
A l’est des Landes : Bas-Armagnac et Floc de Gascogne
L’armagnac est une eau-de-vie de vin vieillie au minimum 2 ans en fût de chêne, de couleur marron doré, produite sur une partie des départements du Gers, des Landes et du Lot-et-Garonne. L’armagnac blanc (la Blanche-Armagnac) est le produit direct de la distillation, élevé sous bois seulement pendant 3 mois.
Cette appellation générique peut être complétée par trois dénominations géographiques plus restreintes : Bas-Armagnac, Armagnac-Ténarèze, Haut-Armagnac. Le département des Landes est concerné par la dénomination Bas-Armagnac. La reconnaissance en AOC est obtenue en 1936. La mention « Blanche Armagnac » est reconnue en 2005.
Le Floc de Gascogne est une ancienne recette paysanne (2/3 jus de raisin, 1/3 Armagnac) reconnue par une AOC depuis 1990. L’aire de l’AOC Floc de Gascogne recouvre, à quelques communes près, le même territoire que celui de l’aire de l’AOC Bas-Armagnac.
La vigne s’implante en Gascogne à l’époque gallo-romaine et se développe tout au long du Moyen Âge. Au XIVe siècle, de nombreux cartulaires attestent de la présence d’un vignoble important. En 1373, Edouard III interdit aux vins du « haut pays » dont la Gascogne fait partie, d’accéder au port de Bordeaux avant Noël, réduisant ainsi considérablement leur commercialisation. C’est à cette époque que se développe la distillation des vins blancs, permettant la conservation du vin et une réduction des coûts de transport. Le commerce avec les Hollandais, amateurs de ces eaux-de-vie, est l’élément déclencheur de l’augmentation de la production aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les marchés de Mont-de-Marsan et d’Aire-sur-l’Adour se développent et favorisent ce commerce. Les techniques de vieillissement sous bois apparaissent progressivement. Elles permettent une évolution de la couleur, de la rondeur et des arômes de l’Armagnac.
Au XIXe siècle, des négociants de la région font construire des chais spécifiques à l’Armagnac et investissent dans l’amélioration qualitative des eaux-de-vie. Ainsi, les techniques d’assemblages et le contrôle du vieillissement sont de plus en plus maîtrisés.
Les principaux cépages alors utilisés sont la folle blanche B et le colombard B. Après l’invasion du vignoble par le phylloxera, de nouveaux cépages sont sélectionnés pour l’Armagnac, résistants aux maladies et bien adaptés aux sols de sables et de boulbènes : le baco blanc B et l’ugni blanc.
Au sud-est, le vignoble de Tursan
- Vignoble dans le Tursan, les vignes occupent des hauts de coteaux bien exposés, aux sols drainants. Eugénie-les-bains
Le Tursan propose des vins blancs très secs, des rosés ainsi que des rouges. C’est un vin possédant l’Appellation d’origine contrôlée depuis 2011. Les principaux cépages produits sont le Cabernet et Sauvignon pour les vins rosés, le Tannat Fer Servadou pour les vins rouges, le Baroque, le Manseng, le Sauvignon pour les vins blancs.
Au sud de l’Adour, les coteaux de Chalosse produisent des vins IGP Landes "Vin de Chalosse" secs et mœlleux. Les cépages se rapprochent de ceux du Tursan avec, entre autre, du Cabernet, du Tannat, du Sauvignon et du Manseng.
L’histoire de Tursan est liée à l’existence du Vicomté de Tursan dont le centre historique, Geaune, fût fondé en 1318 par le Sénéchal de Gascogne. Dès les XIIe et XIIIe siècles, les vins de Tursan sont vendus à Cordoue, Séville, Valence et au Royaume de Léon. Par ailleurs, la réunion de la Gascogne à la Couronne d’Angleterre conduit à un intense courant d’échanges commerciaux avec ce pays. La Flandre commerce aussi avec Bayonne et achète les vins de Tursan. Le départ des Anglais, en 1453, ruine pendant un temps le commerce bayonnais et bordelais.
Le XVIIe siècle correspond à l’apogée des vins de Tursan. A partir de 1620, les volumes de vins présents dans le port de Bayonne croissent sans cesse. Ils descendent l’Adour par bateau à partir de Saint-Sever. Plus de 14 % des surfaces agricoles sont alors consacrées à la vigne. Vers 1789, des difficultés de transport sont relatées. Moins de 25 ans après, il n’y a plus trace d’exportation.
A la fin du XIXe siècle, la région de Tursan n’a pas su évoluer, ses vins ont baissé en qualité. Les attaques successives par le phylloxéra, le mildiou et l’oïdium, puis les conséquences des deux guerres et l’avancée de la monoculture du maïs ont pour conséquence le recul du vignoble qui se retranche dans son noyau historique.
A partir des années 1950, le vignoble est réhabilité avec un encépagement qui repose sur des cépages locaux et régionaux. Les densités de plantation sont supérieures à 4 000 pieds par hectare. Même si la vigne reste minoritaire, en surface, au sein de la zone géographique, des structures viticoles importantes se sont développées. Les vignerons sont une petite centaine pour la plupart adhérents à la coopérative "Les Vignerons Landais". Il existe également 4 caves particulières.
Les vignes sont implantées sur les parcelles en coteaux, bien exposées, avec des sols drainants, dans une région soumise au climat océanique où la pluviométrie est élevée et la durée d’insolation moyenne. Le contexte géomorphologique local détermine ces parcelles à fort potentiel, disséminées dans la zone, créant ainsi un vignoble éclaté et morcelé. Le vignoble occupe des surfaces importantes dans le noyau historique du Tursan, centré sur la commune de Geaune. Son importance décroit progressivement quand on s’en écarte.
A l’ouest, les vins de sable ont longtemps fixé les dunes
Du XIIIe au XIXe siècle, les dunes de Capbreton, Vieux-Boucau, Messanges et Soorts-Hossegor sont fixées par des vignobles, appelés vignobles de dunes. En effet, outre la production de vin, les pieds de vigne doivent contribuer à fixer le sable des dunes des côtes assez instables de la Maremne et du Marensin, à une époque où les dunes ne sont pas encore fixées, ni l’Adour définitivement au Boucau Neuf.
Le vignoble est à l’époque composé de petites parcelles sur les dunes. Des palissades de brandes et de genêts divisent leur versant est et servent de remparts à la vigne, plantée à l’abri des vents dominants porteurs d’embruns destructeurs. Les jeunes sarments ne sont pas taillés car chaque année, on enfouit les ceps avec du sable amendé de coquillages ; les grappes reposant ainsi sur le sable brûlant de l’été, acquièrent une parfaite maturité. Cette pratique, a longtemps persisté de Capbreton à Messanges, pour disparaître progressivement entre les deux conflits mondiaux. A cause de cette conduite très particulière de la vigne, on pouvait trouver, il y a 50 ans, de très vieux réseaux de racines, impressionnants par leurs dimensions latérales souterraines, qui contribuaient réellement à retenir le sable des dunes.
En 1600, la commune de Messanges produit à elle seule 300 000 litres de vin, qui sont consommés dans le pays et exportés en Angleterre et en Hollande par le port de Bayonne.
Après les crises viticoles (oïdium en 1852, mildiou en 1878, black rot en 1885), le vignoble périclite pour disparaître presque complètement en près d’un siècle, faisant du vin de sable un vignoble résiduel, une survivance du côté de Messanges, Moliets-et-Maâ, Lit-et-Mixe et Capbreton. Quelques parcelles ont toujours demeuré à Messanges - gardiennes des cépages originaux. Depuis, quelques hectares ont été replantées à Messanges et à partir de 1995, à Capbreton, en respectant l’originalité des cépages locaux, de sorte que la production de "vin de sables" a été relancée : ainsi le vignoble revoit progressivement le jour, sous le regard d’œnologues et viticulteurs attentifs à promouvoir des vins de qualité.
- Grue et ancien quai de chargement du raisin témoins d’anciennes parcelles viticoles, aujourd’hui disparues. Le Frèche
- Armagnac, Floc de Gascogne, IGP Landes : une production et une signalétique croisées sur un petit territoire. Le Frèche
Sources
– Agreste Nouvelle-Aquitaine : viticulture AOP et non AOP. 2010
– INAO – le Bas Armagnac
– INAO – Tursan
– INAO – Floc de Gascogne
– Empreintes landaise : la viticulture dans les Landes
– Agreste Landes : la vigne et son évolution. 2002
– Agreste Landes : les zones viticoles d’appellation. 2002
Voir aussi
- Paysage et agriculture, les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés à l’agriculture
- Le verger landais
- La culture du maïs
- Portrait du Bas-Armagnac Landais
- Frontons et arènes au cœur des espaces publics landais
- Le galet, pierre à construire
- Repères géographiques du Tursan
- Lieu particulier : la bastide de Geaune