Composantes du paysage à l’échelle départementale
Dernière mise à jour : 1er février 2023
Accès direct
Des paysages agricoles très inégalement répartis
Des parcellaires différenciés y compris sur le plateau landais
- Parcellaire agricole et types de cultures
- Source : d’après le Registre Parcellaire Graphique (2016).
L’agriculture occupe la majorité des espaces situés au sud de la Douze et de l’Adour sauf sur la partie littorale urbanisée.
Sur le plateau landais où dominent les espaces forestiers, les parcelles agricoles sont minoritaires et se présentent sous 2 formes :
– Dans la partie Nord du plateau, de grandes clairières géométriques occupent principalement les parties les plus hautes de part et d’autre de la vallée de la Leyre et vers le Lot-et-Garonne, correspondant aux anciennes landes humides. Leur position sur les secteurs tabulaires où la nappe est proche de la surface favorise l’irrigation de ces vastes parcelles par pompage à proximité ;
– Dans la partie Sud du plateau, les clairières sont plus petites, plus nombreuses et mieux réparties.
Contrastant avec ces clairières, toutes les dunes littorales mais également certains secteurs du plateau (Garein, sud de Sore, Saint-Paul-en-Born, Lévignacq…) sont presque totalement dépourvus de parcelles cultivées.
Omniprésent sur tout le département, le maïs représente à lui seul 60 % des terres agricoles. Les surfaces en herbe permanentes ou temporaires occupent la deuxième place avec 12 %. Viennent ensuite les légumes pour environ 3,5 % , le tournesol (3 %). Aucune autre culture n’atteint 2 % du total.
Des spécialisations locales
Certains secteurs sont l’objet de productions spécialisées : légumes souvent associés aux grandes clairières du nord du département, vignes dans le Tursan et le Bas-Armagnac Landais, vergers dans les Vallées des Gaves.
Les surfaces en herbe, rares sur le plateau landais, sont nombreuses dans les pays de l’Adour où elles apparaissent de manière contrastée. Elles forment de vastes surfaces dans la vallée de l’Adour (secteur des barthes :Les barthes de l’Adour), disparaissent sur les autres terrasses d’alluvions récentes ou des périodes glaciaires vouées au maïs, et alternent avec les cultures et boisements dans toutes les collines du sud du département, avec un accroissement des surfaces concernées dans les secteurs les plus hauts et les plus au sud de la Chalosse (collines surplombant le Luy de France) ou du Tursan vers Pimbo.
- Carte des surfaces en herbe
- Source : d’après cumul Registre Parcellaire Graphique (2016) et Pigma Occupation du sol (2020)
La forêt : pinède au nord, diversifiée au sud
Le pin maritime est résistant mais n’aime pas le calcaire
Le pin maritime, espèce historique des plantations de la forêt des Landes, est de loin l’arbre le plus répandu. Sa plasticité à l’égard des conditions climatiques (supportant la chaleur, mais aussi le gel jusqu’à -15°), ou hydriques (supportant l’excès d’eau hivernal, mais aussi la sécheresse estivale…) connaît cependant une limite nette lorsque le sol devient calcaire. C’est pourquoi la pinède se trouve contenue sur les sols sableux du plateau landais et ne se rencontre qu’en petites surfaces dans les pays de l’Adour et de l’Armagnac lorsque les sables recouvrent les substrats calcaires. D’autres essences comme l’eucalyptus ou le pin taeda sont également plantées depuis une période plus récente.
Parcellaire géométrique sur le littoral et mosaïque sur le plateau
L’importance des propriétés domaniales dans les dunes littorales se traduit par une rotation des plantations selon un motif rectangulaire tandis que sur le plateau les parcelles ont des dimensions et formes plus variées. La différence porte également sur l’âge des peuplements avec des futaies âgées un peu plus nombreuses sur les dunes.
Bien que plus exigeants, les feuillus ne manquent pas de situations favorables
Au sein de la forêt landaise, les feuillus, bien que peu nombreux et exclus des plantations (il n’y a d’ailleurs pratiquement pas de boisements mixtes), s’exposent en lisière, près des cours d’eau ou des zones d’habitation, jouant un rôle paysager plus important que ne le laissent penser une carte ou des statistiques.
A l’exception des dunes et de la zone molassique gersoise, le chêne pédonculé représente l’essence la plus caractéristique des conditions atlantiques locales. Il peut être associé aux chênes rouvres, tauzin ou sessiles, voire pubescents près des corniches calcaires. Dans le sud-ouest du département, où ils ont été autrefois plantés pour être exploités, et vers le Bas-Armagnac, les chênes-lièges sont également présents.
Au bord des rivières, les aulnaies et autres cortèges des bords des eaux caractérisent les petits cours d’eau du plateau landais tandis que dans les fonds alluviaux, les peupleraies occupent certaines terrasses de l’Adour et du Luy, parfois en alternance avec des futaies de chênes, formant un assortiment assez inattendu.
A part quelques pôles, le bâti reflète ses structures historiques
L’urbanisation récente concerne quelques pôles
La population du département, qui était au même niveau en 1990 qu’au milieu du XIXe siècle s’est accrue d’environ 30 % dans les 30 dernières années.
Cet afflux se traduit par un accroissement de l’urbanisation de quelques pôles, Mont-de-Marsan, Dax, d’autres communes de l’Adour, et sur le littoral. Bien présentes le long de la Midouze et de l’Adour, les formes urbanisées sont de plus en plus nombreuses à l’aval de Dax, et s’imposent nettement dans les paysages vers Capbreton ou Bayonne.
Un réseau urbain historique encore très lisible
Dans le reste du département, et donc dans de vastes espaces tant au nord qu’au sud, les structures urbaines ont relativement peu évolué en comparaison de nombreux autres départements. Certes, les noyaux urbains se sont souvent agrandis autour du centre ancien ou dans quelques lotissements à l’écart, mais la dispersion rurale actuelle, dense et homogène au sud, très lâche et néanmoins régulière sur le plateau landais, correspond aux implantations historiques qui favorisaient une hiérarchisation des villes, bourgs, villages et hameaux (ou quartiers) d’autant plus systématique que les contraintes naturelles (reliefs, cours d’eau) sont elles-mêmes faibles et homogènes.
Une typologie régulière des formes d’urbanisation
Plus en détail, la dispersion et la densification du bâti présentent les formes suivantes :
– Sur le plateau landais, les hameaux ou quartiers sont nombreux jusqu’à environ 5 km des bourgs et forment avec leur ville-centre des ensembles habités bien séparés les uns des autres, de telle sorte qu’un espace de 5 à 10 km dépourvu de constructions s’insèrent entre chaque commune.
– Dans le Marsan, les densités augmentent, les ensembles constitués des bourgs et de leurs hameaux ne sont pas plus grands mais plus proches les uns des autres.
– Dans les pays du sud de l’Adour, le contraste se fait entre les plaines alluviales, peu bâties quel que soit leur âge et leur position, haute ou basse, et les collines, très habitées sous une forme surtout dispersée.
– Près du littoral, les villes occupent les bords des étangs et des formes dispersées s’égrènent le long de la route (D652) qui les relie, à l’est du cordon dunaire. Les stations balnéaires forment une sorte d’annexe au plus près de ces villes historiques, souvent à l’embouchure d’un courant. Leur caractère strictement balnéaire est souvent affirmé par un suffixe (-plage, -les-bains, -océan…) ajouté au nom de la ville proche.
– Du bassin d’Arcachon jusqu’à Seignosse, les dunes littorales sont totalement dépourvues de traces d’urbanisation entre ces centres touristiques. Seule l’agglomération littorale de Seignosse – Soorts-Hossegor – Capbreton en partie issue des politiques de développement volontariste de la fin du XXe siècle fait exception. Ce site urbain particulier tire parti du fond plat qui résulte d’un ancien cours de l’Adour en arrière de la dune bordière, dépression qu’occupe également le lac d’Hossegor.
– A plus grande échelle, la disposition de l’habitat est fortement liée, sur le plateau landais, à la proximité des petits cours d’eau. Au contraire, les formes urbanisées et le bâti dispersé des pays de l’Adour privilégient les crêtes et les buttes, sites historiques des formes bâties typées telles que bastides, castelnaux…
Une discontinuité entre les tracés historiques et récents des réseaux de transports
Le faible poids démographique du département se lit dans le réseau routier
Les deux principales autoroutes, l’A63 (dans la partie située au nord de Saint-Geours-de-Maremme) et l’A65, au trafic surtout national ou international traversent le département plus qu’elles ne le desservent, laissant de côté les principales villes. Longeant le bord sud et les gaves, l’A64 ne relie à Pau et Bayonne qu’un nombre limité de communes landaises. En revanche, le long de l’Adour et de la Midouze l’axe est-ouest A63 – D824 traverse les principaux secteurs urbanisés du département.
Au contraire des autoroutes, les routes structurantes historiques, dont une partie a été tracée au XIXe siècle dans le cadre de la mise en valeur forestière, forment un réseau homogène malgré les différences de densité entre le plateau landais et les pays du Sud, et c’est au niveau des routes secondaires que la différence de densité du réseau devient particulièrement nette entre le Sud et le Nord.
Pas de route littorale
La desserte des stations balnéaires se fait systématiquement par une route perpendiculaire au rivage qui traverse le cordon dunaire. À part la desserte locale des stations touristiques et l’urbanisation plus accomplie entre Seignosse et Capbreton, aucune route ne longe le littoral de Biscarosse à l’Adour. Cela créée des conditions particulières de perception du territoire et des paysages, et permet de préserver la continuité littorale, notamment vis à vis d’une périurbanisation éventuelle, qui se trouve ainsi peu encouragée. Il est également probable que le nombre limité d’accès routiers à l’océan depuis l’est des dunes a préservé les bords de la D652 d’un étalement urbain linéaire excessif. La plus forte densité bâtie visible le long de cet axe était déjà présente bien avant le développement du tourisme.
Les voies ferrées en attente d’une nouvelle LGV
La faible population du département et l’absence de grande ville n’ont pas permis de peser pour conserver le réseau dense de voies ferrées qui avait été construit au XIXe siècle. Ne restent que la ligne Paris-Bayonne, sa dérivation vers Mont-de-Marsan et la ligne reliant Dax à Pau. Les voies existent encore sur les lignes les plus récemment abandonnées vers Roquefort, Aire sur l’Adour…
Malgré sa faible densité, ce réseau ferré assure la desserte des villes importantes du département et son intérêt s’est accru pour relier Paris avec la prolongation récente de la ligne à grande vitesse entre Poitiers et Bordeaux. Une nouvelle prolongation de cette ligne TGV, envisagée depuis Bordeaux vers Bayonne et Toulouse permettrait une nette amélioration de la desserte du département, tant vis-à-vis des grandes villes voisines que de Paris.
Sources
– Aude Pottier, Les ambiguïtés du paysage forestier des Landes de Gascogne, Projets de paysage, 2010
– Francis Hallé, Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts, Le Monde, 15/8/2020
– Voir également les sources citées dans le texte et les documents analysés