Les courants landais
Dernière mise à jour : 10 janvier 2022
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Les courants sont de petits fleuves côtiers landais, exutoires des étangs du Pays de Born et du Marensin.
Des fleuves côtiers
De nombreux lacs et étangs jalonnent le paysage côtier des Landes, à l’abri du cordon dunaire, entre littoral et terres intérieures. Le nom de courant est donné à quatre exutoires, soit du nord au sud :
– Le courant de Mimizan, exutoire de l’étang d’Aureilhan
– Le courant de Contis, exutoire d’un ancien étang qui s’étendait entre St-Julien-en-Born, Uza et Lit-et-Mixte
– Le courant d’Huchet, exutoire de l’étang de Léon
– Le courant de Soustons : exutoire de l’étang de Soustons
Dans le sud des Landes, l’excédent d’eau des étangs emprunte l’ancienne vallée de l’Adour et se jette dans l’océan à Capbreton par le Boudigau.
D’autres cours d’eau jouant le rôle d’exutoire d’un étang vers un autre étang portent le nom de courant : courant de Sainte-Eulalie, reliant l’étang de Biscarrosse-Parentis à celui d’Aureilhan. Par extension, on donne parfois le nom de « courant » à de simples ruisseaux : courant des Forges, d’Escource, se jetant dans l’étang d’Aureilhan, courant de Messanges.
Des ambiances luxuriantes évoquant l’Amazonie
Les courants sont accompagnés d’une végétation de feuillus luxuriante dont les branches se rejoignent au-dessus du cours d’eau. Cette association de la rivière et de la forêt-galerie [1] a fait comparer les courants landais à l’Amazonie brésilienne, notamment pour le Courant d’Huchet. La présence d’oxydes de fer qui donne une couleur dorée aux ruisseaux des Landes, participe également à leur étrangeté.
Jacques Sargos décrit ainsi les courants « ils creusent des tunnels à travers une nature pullulante. Partout la végétation – et jusqu’aux arbres – rampe sur l’eau, inextricable, hystérique… Cette nature ébouriffée, brouillonne, paraît contraire à l’image répandue d’une forêt créée par l’homme, docile comme un jardin. Aurait-on oublié que cette province sort à peine du marécage et qu’elle y retournerait volontiers ?... »
- En s’approchant de l’embouchure, les courants s’élargissent et la forêt-galerie s’entrouvre. St-Julien-en-Born
- Le cyprès chauve et ses pneumatophores, essence originaire du sud-est des États-Unis parfaitement adaptée aux milieux humides, comme ici le long du courant d’Huchet
On retrouve dans la forêt galerie de nombreux feuillus (Chênes, aulnes, saules...) accompagnés de plantes de milieux humides comme la spectaculaire osmonde royale, l’iris jaune des marais, voire d’essences plus surprenantes aux origines exotiques, comme le cyprès chauve et ses pneumatophores [2], où l’hibiscus des marais rose.
Les courants sont des milieux aquatiques d’eau douce courante qui subissent la pénétration des eaux des marées sur leur partie aval. Cette relation permanente avec l’océan permet une pénétration des poissons d’eau de mer dans le courant.
Des embouchures canalisées à travers la dune
Le lit des courants est resté mouvant jusqu’au XVIIIe siècle. Le cordon dunaire se déplaçait au gré des tempêtes et des vents, entrant parfois de plusieurs kilomètres dans les terres, obstruant le cours des courants, ce qui provoquait des inondations et les obligeait à changer de débouché. Face à cette situation, des travaux furent entamés dès 1788 par Nicolas Brémontier pour fixer la dune grâce aux végétaux. Le tracé des courants fut alors aménagé et fixé avec un cours généralement orienté d’est en ouest. De nos jours, seule l’embouchure du courant d’Huchet n’est pas stabilisée, le courant prenant d’ailleurs un tracé nord-sud le long de la dune côtière juste avant son embouchure.
- Aux embouchures, le paysage des courants change, passant à travers de la dune sableuse, entre enrochements et fronts urbains des stations balnéaires, ici Mimizan-plage
- Seul courant dont l’embouchure n’est pas fixée, le courant d’Huchet longe le cordon dunaire du nord au sud. Moliets-et-Maâ
Aux embouchures, l’ambiance des courants change radicalement, passant du sous-bois ombragé des forêts alluviales à la traversée de la dune sableuse, entre enrochements et fronts urbains des stations balnéaires : Mimizan-plage, Contis-les-Bains, Moliets-et-Maa, Vieux-Boucau-les-Bains.
Sources
– Lacs, étangs et courants du littoral aquitain, par Jean-Jacques Fénié et Jean-Jacques Taillentou, éditions Confluences
– Empreintes landaises, l’eau dans les Landes, par Bénédicte Boyrie-Fénié
– Le courant de Mimizan, Wikipédia
– Le courant d’Huchet et sa forêt galerie
[1] La forêt-galerie désigne une forêt longue et étroite qui longe les rives d’un cours d’eau. Par analogie avec une galerie, sorte de boyau étroit et peu éclairé. On parle de forêt galerie lorsque la canopée est jointive au-dessus du cours d’eau.
[2] Excroissances lignifiées émergeant du sol ou de l’eau tout autour du tronc, pouvant atteindre 1,5 m de haut. Ils assurent la fourniture en oxygène du système racinaire immergé et permettent une stabilisation et un meilleur ancrage de l’arbre dans les sols imbibés d’eau.
Voir aussi
- Paysage et eau : les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés à l’eau
- Les barthes de l’Adour
- Les lagunes des Landes de Gascogne
- Lieu particulier : le Marais d’Orx
- Lieu particulier : le Site d’Arjuzanx
- La création de la forêt landaise
- Landes en feu
- La garluche, pierre de la lande
- L’airial landais
- Le bassin d’Aquitaine comme grande unité d’appartenance
- Le galet, pierre à construire
- Portrait des Grands Lacs du Born
- La MIACA, une politique volontariste d’aménagement et de protection du littoral aquitain
- Portrait du Sud-Born et Marensin
- Lieu particulier : le phare de Contis, un belvédère unique sur la côte