Les enjeux paysagers liés à l’eau
Dernière mise à jour : 5 septembre 2023
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L’eau est au cœur de l’attractivité des paysages landais, qu’il s’agisse de l’océan, des grands lacs au nord du département, des étangs arrière-littoraux et des courants, de l’Adour et de ses nombreux affluents. L’eau a été depuis longtemps aménagée car indispensable aux activités humaines : aménagement de ports, creusement de canaux, création d’étangs, drainage et assainissement des landes, irrigation… Puis l’eau a un temps été délaissée, avec le déclin du transport fluvial les abords des rivières n’ont plus été entretenus et les accès à l’eau ont été privatisés. Mais aujourd’hui la présence de l’eau est de nouveau vécue comme un atout : pour le cadre de vie des habitants, pour les activités de loisir et de tourisme qui lui sont associées ou pour les milieux naturels. Mettre en valeur la présence de l’eau dans le paysage relève de nouveau d’une logique de valorisation du territoire.
Conforter la lisibilité des vallées
La perception des rivières, parfois discrète, se laisse deviner grâce aux reliefs qui les encadrent. Elle commence donc par celle de son cadre géographique, la vallée ou le vallon, qui constituent des repères dans le paysage. Mais ceux-ci ne sont pas toujours bien perceptibles en raison de la végétation qui forme des écrans et gomme les déclivités ou les continuités. La dissymétrie des vallées peut aussi troubler la perception avec l’absence de vis à vis des coteaux. La lisibilité du relief (crête, point basculement, coteau, fond de vallée) constitue un fort enjeu en termes de paysage. Les couloirs des vallées orientent et fédèrent les vues. Ils constituent un cadre qui est mis en valeur par les vues en belvédère. Toute action visant à les révéler est la bienvenue. Ainsi, le maintien des ouvertures agricoles sur les versants ou dans les fonds est important de même qu’une gestion adaptée des coteaux boisés permettant de conserver des vues. Il est nécessaire de réfléchir à la place des peupleraies qui forment des écrans visuels pouvant être important compte tenu de leur hauteur et de leur étendue. Les routes qui traversent ou suivent les vallons ou les vallées méritent également une mise en valeur particulière comme vecteur de découverte.
Pistes d’actions envisageables :
– Mettre en valeur les belvédères sur la vallée depuis les coteaux : accès, aménagement, gestion de la végétation pour maintenir les vues…
– Maîtriser l’urbanisation des lieux sensibles en belvédère. Mettre en scène les sites d’implantation villageoise dans la vallée.
– Eviter une trop grande fermeture des versants. Gérer la végétation pour percevoir depuis les hauts le relief du vallon.
– Maintenir des vues transversales à la vallée (covisibilité des versants quand cela est possible).
– Rendre perceptibles et mettre en valeur les confluences : ouverture, chemin d’accès, maitrise de l’urbanisation et de la végétation…
– Gérer les points de basculement pour les rendre bien perceptibles. Ouvrir des vues sur la vallée depuis les routes du coteau.
– Conserver des vues sur le cours d’eau depuis les coteaux et les routes. Dégager les vues depuis les routes de fond de vallée.
– Mettre en valeur les ponts et leurs abords qui constituent un événement.
– Surveiller la progression des friches et des boisements, vecteurs de fermeture du paysage.
– Réfléchir à la place du peuplier dans la vallée, notamment aux endroits les plus sensibles : confluences, proximité des bourgs et des ponts. Eviter les plantations à proximité des confluences, des bourgs et des ponts. Fractionner les peupleraies pour éviter un effet d’écran continu.
– Maintenir des espaces ouverts en prairie près des cours d’eau, des étangs. Restaurer la continuité des ouvertures dans les fonds de vallée. Remettre en contact les petites ouvertures proches.
– Eviter une fermeture trop importante des barthes boisées. Conserver les grandes unités ouvertes des barthes prairiales.
Affirmer la présence de l’eau
L’eau constitue un élément phare des paysages mais sa présence n’est pas toujours visible de prime abord. Toute occasion de la côtoyer ou la découvrir est à considérer. Les enjeux tournent autour de la qualité des accès à l’eau, de la gestion de la végétation révélant des ambiances et des milieux attractifs, et de l’aménagement de ses abords sans dénaturer les lieux. La présence d’une ripisylve permet de percevoir le passage de la rivière, et la forêt galerie, aux ambiances remarquables, accompagne le visiteur. Il est important aussi de préserver et révéler tout le petit patrimoine qui est lié à la gestion de l’eau ou son usage. La mise en valeur des ouvrages et de leurs abords mérite également une attention. De manière plus transversale, il est intéressant également de mettre les rivières principales au centre des projets de territoire, comme un fil conducteur entre villes et campagnes. De nombreux sites, spectaculaires ou non, émaillent les vallées, dont la mise en valeur peut affirmer la présence de l’eau. Toutes ces dynamiques de valorisation et de prise en compte de l’eau peuvent s’appuyer sur la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques et doivent intégrer la régulation des cycles de l’eau.
Pistes d’actions envisageables :
– Gérer avec soin tous les circuits de l’eau. En conserver la visibilité le long des routes et de chemins.
– Gérer la végétation pour voir l’eau, notamment aux abords des ponts, des routes et des villages.
– Moduler ou retrouver les ripisylves. Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau, mais sans la masquer. Maintenir une distance suffisante entre la pinède cultivée et la forêt-galerie.
– Mettre en valeur les petits ouvrages autour de l’eau : moulin, lavoir, puits, source, fontaine… Intégrer les nouveaux ouvrages de l’eau (noues, retenues d’eau…)
– Soigner les passages au-dessus des rivières. Dégager la végétation pour voir l’eau depuis les ponts. Proposer des accès à l’eau depuis les ponts.
– Donner accès à l’eau en préservant les milieux naturels remarquables. Créer ou conforter des cheminements le long de certains cours d’eau à travers la forêt. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des accès et des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité de l’urbanisation. Créer un cheminement le long des courants pour relier les lacs à l’océan. Créer un sentier du tour des lacs mettant en valeur leur diversité et les vues.
– Mettre en valeur les sites particuliers en bord de lacs ou de rivière : pins âgés arrivant jusqu’à l’eau, petites plages intimes qui se succèdent, queues d’étangs et leurs roselières, linéaire de forêt galerie, berges, lagunes dans la pinède, îles…
– Utiliser des techniques douces pour la stabilisation des berges. Proscrire le béton et les enrochements.
– Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Verte et Bleue.
Composer l’urbanisation avec l’eau
L’implantation historique des villes, des bourgs, des villages et même bien souvent des fermes a dépendu de la présence de l’eau : eau potable, force hydraulique, voie de transport et de commerce, ports, thermalisme, contraintes des crues... Le passage de la rivière a également nécessité des points de traversée qui ont fédéré les implantations urbaines. L’eau a joué aussi un rôle défensif pour certains sites urbains. Sur la façade littorale, l’océan et les lacs sont devenus des lieux de villégiature. Et plus récemment est apparu la question du redéploiement des stations avec l’érosion du trait de côte. Le rapport à l’eau des villes et des bourgs ont considérablement évolués, avec l’évolution des usages et des techniques. Mais la présence de l’eau, a conservé ses lettres de noblesse. Les bourgs et les villes se doivent de saisir toute opportunité pour composer avec l’eau dans leurs espaces publics et dans leurs éventuels développements. Même lorsque le bourg n’est pas au contact direct de l’eau, qu’il en est séparé par un espace intermédiaire, il est important de créer des liens avec cet élément naturel. Les éléments du patrimoine liés à l’eau méritent également d’être préservés et mis en valeur.
Pistes d’actions envisageables :
– Révéler et mettre en valeur le lien historique du bourg ou de la ville avec le cours d’eau.
– Aménager et préserver avec soin les abords de l’urbanisation sur les rivières, les lacs ou l’océan.
– Sur le littoral, intégrer le recul du trait de côte dans la planification de l’urbanisme et dans l’aménagement urbain. Anticiper le repli sur les territoires arrière-littoraux. Recomposer les espaces publics du front de l’océan en raison de l’érosion du littoral. Recomposer le linéaire arrière dunaire en termes d’accès et d’espace de transition avec la dune. Revoir la place de la voiture et du stationnement.
– Mettre en valeur le cours d’eau comme un élément fédérateur dans la traversée du bourg. Utiliser l’eau comme un lien entre les quartiers dans les villes importantes (voies piétonnes et cyclables).
– Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau. Favoriser l’accès à l’eau. Aménager des espaces publics le long des cours d’eau : quai, allée, escalier, esplanade, rue…
– Proposer des aménagements simples et de qualité tout au long du cours d’eau : matériaux des parapets, margelles, signalétique, escaliers, ponceau, plantations, mails…
– Mettre en scène les façades urbaines ou les bords des villages sur la rivière. Tisser des liens entre l’urbanisation et l’eau. Prévoir des marges de recul pour respecter le site et les milieux naturels.
– Préserver les éléments patrimoniaux liés à l’eau, mais aussi leurs abords. Soigner l’architecture des ponts et l’aménagement de leurs abords. Entretenir le patrimoine hydraulique et les petits ouvrages d’art. Promouvoir la qualité paysagère des équipements plus récents en bord de rivière (station d’épuration, vannes, passes à poissons, barrage…).
Bibliographie paysage et eau
Plaquette
– La ripisylve, la végétation des bords des cours d’eau. DDTM des Landes . 2019
Ouvrage
– Rivières et paysages. La Martinière 2003, Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser.