Lieu particulier : la bastide de Geaune
Dernière mise à jour : 26 septembre 2021
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La bastide de Geaune présente un plan en damier régulier, archétype des bastides
Une bastide en fond de vallée
- La bastide de Geaune-en-Tursan est implantée à la confluence des vallées du Grand-Bas et du ruisseau de Marcusse, sur un versant peu pentu.
Les bastides de plaines ou de fond de vallée, comme Geaune-en-Tursan, mais aussi Grenade-sur-l’Adour ou Labastide-d’Armagnac, ont eu la place de s’étendre régulièrement, sans contrainte de relief. Leurs plans sont établis sur deux axes perpendiculaires et forment de véritables quadrillages. Ainsi la bastide de Geaune, implantée à la confluence des vallées du Grand-Bas et du ruisseau de Marcusse, est construite autour de l’axe Samadet/Aire-sur-l’Adour et de celui moins important de St-Loubouer/ Miramont-Sansacq.
Geaune, où l’archétype de la bastide
Geaune se distingue parmi les bastides landaises par la perfection de son plan. Elle est la seule à être tout à fait régulière : inscrite dans un carré de trois cent cinquante mètres de côté, elle est formée de vingt-cinq îlots quasi carrés, de cinquante par cinquante-cinq mètres. Au cœur, l’îlot central est occupé par la place, vers la quelle convergent les deux axes principaux.
La place a perdu sa halle centrale en 1880. Mais elle a conservé trois côtés bordés de couverts [1], avec tantôt des édifices de brique et de pierre et tantôt des maisons en bois. A Geaune, se trouvent même des arcades néo-classiques constituées de colonnes doriques.
Seuls les îlots bordant la place sont formés d’habitations et d’un bâti dense. Les autres font une large part aux jardins et aux dépendances agricoles. Ainsi la muraille protégeait-elle non seulement les habitations mais également une partie des activités nécessaires à la survie. A l’extérieur, ce système régulier et orthogonal s’étend au découpage des champs et des propriétés : les bastides n’étaient pas seulement des bourgs mais également des territoires agricoles.
- La place est l’emblème de la bastide. Occupant un îlot de la même taille que les îlots bâtis, elle est bordée de couverts.
- Le maillage orthogonal des rues de la bastide règle aussi le découpage foncier des terres tout autour, comme le révèle le parcellaire agricole des années 1960. C’est malheureusement un peu moins lisible dans le parcellaire actuel.
- Source photographie aérienne 1960. IGN
- Les couverts offrent un cadrage sur l’extérieur de la bastide, permettant à la fois d’être au centre et de voir au dehors
- L’église du XVe siècle avec son clocher-porche fortifié et son petit mail de platanes palissés en ogive qui en accompagne l’entrée
Une histoire conflictuelle
- Remparts et portes de la bastide de Geaune
- Source : La bastide de Geaune-en-Tursan. B. Saint-Jours. 1911
De création tardive, en 1318, Geaune emprunte son nom au port italien de Gênes (Genoa, Geune en Gascon), ville d’origine de son « parrain », Antonio de Pessagne, sénéchal du Roi d’Angleterre, qui passa un acte de paréage avec le seigneur local Pierre de Castelnau. Située au cœur du Tursan, alors contrôlé par les Anglais, c’est une place frontière. Au cours du temps, Geaune sera tiraillé entre roi d’Angleterre et roi de France, catholiques et protestants. La bastide était protégée par une enceinte dotée de quatre portes, dispositif qui a depuis entièrement disparu. Les quatre portes ont été rasées en même temps que murailles, tours, forteresses et pont-levis, suite à des expéditions punitives des anglais (1352).
Une bastide qui évolue
Etablie sur un versant au profil doux, la ville a prospéré grâce à la vigne passant ainsi d’une enveloppe urbaine de 12 ha pour la bastide à environ 60 ha actuellement. Comme dans bien d’autres communes, les extensions urbaines se sont étirées le long des axes et des entrées de villes. On peut regretter que le plan en damier originel de la bastide n’ait que peu inspiré les développements ultérieurs de la ville, même si quelques voies sont calées sur la trame orthogonale. Une bonne articulation des nouveaux quartiers avec la trame urbaine de la bastide est essentielle pour maintenir la qualité des lieux.
- Les extensions urbaines se sont étirées le long des axes et des entrées de villes, brouillant le plan régulier de la bastide.
- Les entrées de ville sont des espaces clés pour la perception de la ville et leur aménagement est important pour l’attractivité de la bastide.
Sources
– Geaune-en-Tursan, la bastide, son histoire
– Les bastides d’Armagnac. Société académique d’architecture. 1992
– La bastide de Geaune-en-Tursan. B. Saint-Jours. 1911
[1] extensions des bâtiments au-dessus de l’espace public, posées sur des arcades
Voir aussi
- Paysage, tourisme et patrimoine, les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés au tourisme
- Les tonnelles de platanes palissés
- Le galet, pierre à construire
- La garluche, pierre de la lande
- L’airial landais
- Lieu particulier : le phare de Contis, un belvédère unique sur la côte
- Lieu particulier : le Site d’Arjuzanx
- Repères géographiques du Tursan
- Le vignoble landais
- Frontons et arènes au cœur des espaces publics landais
- Les enjeux paysagers liés à l’urbanisme
- Paysage et urbanisme, les enjeux exprimés par les habitants
- Les Landes, un territoire de projets urbains
- Formes urbaines et paysage, essai de typologie
- La MIACA, une politique volontariste d’aménagement et de protection du littoral aquitain