Les enjeux paysagers liés aux énergies renouvelables
Dernière mise à jour : 16 juillet
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Dans ce département très forestier, le développement des énergies renouvelables est logiquement passé prioritairement par le bois-énergie. La filière est aujourd’hui victime de son succès, le département peinant à répondre à la demande locale de plaquette forestière. Plus récemment (à partir des années 2010 environ), sont apparus les champs photovoltaïques, souvent implantés dans des clairières au milieu des pins.
L’insertion des parcs photovoltaïques ou agrivoltaïques dans le paysage et la modération des prélèvements de feuillus notamment dans la pinède sont des enjeux paysagers forts.
Intégrer le photovoltaïque dans le paysage
Les parcs photovoltaïques dans la forêt landaise ont un impact visuel limité. Ces étendues de panneaux ne sont perceptibles que depuis leurs abords directs, voire du kilomètre en l’absence de végétation. Il en est tout autrement dans les collines au sud de l’Adour où le relief implique des covisibilités qui rendent les projets plus délicats à implanter. Mais quel que soit le territoire concerné, compte tenu des surfaces potentiellement importantes des parcs, il est nécessaire de réfléchir à la mise en place de schémas départementaux ou plus locaux, de prendre en compte le paysage à toutes les échelles, tant en amont qu’au cours d’élaboration des projets. La sensibilité de certains sites patrimoniaux, les couloirs des vallées, ou encore la proximité de l’océan, des lacs, des cours d’eau, constituent des points de vigilance en accord avec la dimension touristique du département.
Les projets agrivoltaïques doivent combiner sur une même parcelle production agricole et production énergétique. Cette appellation recouvre des installations de nature très diverses : bandes photovoltaïques au sol (panneaux verticaux, tables photovoltaïques) intercalées avec des prés ou des cultures, trackers photovoltaïques orientables sur plots, ombrières photovoltaïques recouvrant des serres, des élevages (volailles), voire des parcelles agricoles… Ces projets peuvent couvrir des superficies importantes ou se multiplier autour des postes de raccordement électriques, générant un risque de mitage du territoire. Du point de vue paysager, ces projets doivent être analysés quant à leur impact visuel, leurs éventuelles covisibilités avec des sites patrimoniaux. Mais il conviendra également d’être vigilant afin de maintenir un équilibre paysager et d’éviter de basculer d’un paysage rural vers un paysage à connotation plus industrielle (impact des clôtures sur le paysage, impact des technologies utilisées en agrivoltaïsme qui peuvent être importantes, avec les ombrières notamment).
Les toitures des bâtiments commerciaux ou industriels offrent des potentialités importantes pour recevoir des panneaux photovoltaïques, de même que les aires de stationnement. Concernant les bâtiments agricoles, il convient de veiller à ce que les nouveaux bâtiments aient bien une utilité agricole et ne soient pas juste des supports pour des toitures photovoltaïques. Les enjeux paysagers liés aux toitures photovoltaïques sont très similaires à ceux des bâtiments classiques : une vigilance à leur qualité architecturale, à leur impact visuel et à leur intégration dans le paysage (choix du site d’implantation, volume, covisibilité, plantation, coexistence avec les bâtiments existant…).
La priorisation des sites artificialisés permet de limiter l’impact sur les paysages.
Pistes d’actions envisageables :
– Etablir des schémas départementaux et intercommunaux, envisageant les seuils de couverture à ne pas dépasser, les choix de type de terrain, la préservation des certains secteurs… Et les traduire dans les PLUi.
– Prévoir les conséquences du choix d’implantation des postes sources qui conditionnent l’implantation des futurs parcs.
– Adapter le projet au site pour une insertion harmonieuse. Réfléchir à toutes les échelles, des vues les plus lointaines aux abords directs, pour caler au mieux le projet.
– Evaluer l’impact visuel des projets, notamment vis à vis des sites touristiques ou des sites bénéficiant d’une protection.
– Dans les collines, éviter les implantations en crête et les terrassements. Bien évaluer les covisibilités avec les secteurs habités.
– Eviter l’implantation le long des axes routiers.
– Prévoir des transitions plantées autour des parcs. Utiliser les trames du paysage en place (haies, bandes boisées) pour y inclure au mieux les projets.
– Réfléchir aux discontinuités des parcs pour éviter l’effet de masse. A l’inverse, veiller aux effets de mitage trop important par de trop petits parcs.
– Intégrer les équipements connexes : transformateur, onduleur, clôture, système de surveillance, citerne/bassin, locaux techniques, câbles, accès…
– Fixer des surfaces maximums de couverture du sol pour justifier la mise en place d’un projet agrivoltaïque. Evaluer l’impact des projets sur la valeur agronomique ou forestière des parcelles (sol, perte de production…).
– Prévoir dès le début la réversibilité et la reconversion éventuelle du parc photovoltaïque.
– Encourager le photovoltaïque en toiture, en zone artisanale, commerciale ou industrielle. Etudier la valorisation photovoltaïque des vastes aires de stationnement (rapprochement avec la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables).
– Bien étudier l’impact paysager ou patrimonial des toitures photovoltaïques. Valoriser les toitures existantes plutôt que de construire de nouveaux bâtiments "supports" de toitures photovoltaïques.
– Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
– Eviter les implantations trop visibles des nouveaux bâtiments ou des parcs agrivoltaïques : en crête, sur un versant, en entrée de village ou en bord de route. Evaluer les covisibilités pénalisantes pour le village et les habitants.
– Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes. Veiller à limiter les terrassements et parfaire leur réalisation sans rupture de pente importante.
– Eviter les formes artificielles de bâtiments avec des pans de toitures inégaux et dissymétriques. Considérer également les orientations de toitures sud-est et sud-ouest. Justifier une légitimité d’usage agricole.
Concilier bois-énergie et paysage
La production de plaquettes pour produire de l’énergie peut avoir des impacts non négligeables dans le paysage. Là encore, les incidences sont bien différentes entre les deux tiers nord du département couverts par la forêt et le tiers sud agricole. Dans la forêt landaise, une vigilance s’impose afin que la récolte du bois-énergie préserve la présence des feuillus. En effet les lisières ou les parcelles de feuillus apportent une diversité, tant paysagère qu’environnementale, non négligeable.
Dans les collines agricoles, la présence de haies et de boisements participe à l’ossature du paysage, jouant également un rôle dans le cycle de l’eau et la prévention de l’érosion. Leur présence qui tend à s’amenuiser par endroit, mérite donc une certaine vigilance.
Le long des rivières, il convient d’éviter d’entamer la forêt galerie ou les ripisylves pour produire des plaquettes. Si les coupes pour l’énergie peuvent permettre d’ouvrir des points de vue, les coupes rases sont à surveiller avec attention. Tout est question de mesure dans la sélection et le choix de la végétation à couper, dans la prévision de la régénération ou encore dans la fréquence d’exploitation.
Pistes d’actions envisageables :
– Dans les bois de feuillus, privilégier des coupes sélectives plutôt que des coupes à blanc.
– Sur les versants et les coteaux des vallées, éviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes. Eviter les plages d’exploitation en tranche verticale au profit de parcelles d’intervention horizontales sur les coteaux. Ne pas pratiquer les coupes sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire. Faire attention à “l’effet créneau” des coupes sur les crêtes.
– Evaluer et maîtriser la taille des plages d’intervention lors des coupes.
– Conserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée.
– Préserver des arbres remarquables. Maintenir et renouveler les chênes de belle stature.
– Dans la pinède, éviter les coupes à blanc sur de trop grandes surfaces. Fractionner les plages d’intervention. Garder des arbres âgés comme points de repère. Préserver les rares feuillus présents.
– Respecter la végétation et les milieux humides à proximité des ruisseaux, des sources ou des lagunes. Conserver sélectivement la végétation des ripisylves et des forêts galeries.
– Utiliser l’exploitation de bois-énergie pour participer à la mise en valeur du paysage : ouverture de point de vue, dégagement des carrefours forestiers.
Bibliographie
– Recommandations pour l’intégration paysagère et la qualité architecturale des bâtiments photovoltaïques. CAUE du Tarn. 2018.
– Recommandations pour une meilleure prise en compte du paysage dans l’élaboration des projets photovoltaïques. DDE de l’Aude. 2014
– Production de bois-énergie et impacts sur la biodiversité́ européenne. FRB. 2018
– Charte du PNR Landes de Gascogne 2014-2026 - mesure 60 : Avoir un développement raisonné des installations de production d’énergies renouvelables (page 161)