Les enjeux paysagers liés aux routes et aux chemins
Dernière mise à jour : 11 décembre 2023
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Le paysage perçu depuis la route constitue la première impression du territoire et l’image du département et des communes en dépendent. C’est aussi l’un des principaux paysages quotidiens pour les habitants. Le soin apporté à l’aménagement et à la gestion des voies et de leurs abords est donc très important.
A travers la pinède, les routes landaises tracent de grandes perspectives rectilignes où le regard est cadré par les lisières forestières. Dans les collines au sud de l’Adour, les routes ondulent et sinuent, offrant quelques vues lointaines depuis les crêtes et découverte de proximité dans les fonds de vallon. L’entrée du bourg puis sa traversée constituent des moments forts de la découverte des paysages.
Mettre en valeur les itinéraires routiers et le paysage qui les borde
Les axes routiers offrent, à plusieurs échelles, les premières perceptions de ce territoire, d’autant plus importantes dans un département touristique. La qualité des itinéraires concerne aussi bien entendu les déplacements quotidiens des habitants, participant grandement à la qualité du cadre de vie. Maitriser les vues et les premiers plans permet de créer des parcours de qualité. La perception depuis les axes ne doit pas faire oublier celle depuis l’extérieur : l’intégration de la route dans le paysage. Les nombreux évènements rencontrés, au fil des parcours, méritent d’être valorisés afin de révéler les particularités du paysage traversé : situation en belvédère, traversée d’une rivière, vue vers un village, basculement dans une vallée, entrée dans une clairière… La présence d’alignements d’arbres majestueux le long de certaines routes mérite une attention particulière pour préserver, gérer voire développer ce patrimoine si précieux. Il est intéressant de travailler les lisières dans les traversées forestières : conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essence variées… Les carrefours jalonnant les parcours méritent une mise en valeur. Les aménagements routiers (signalétique, glissières, ouvrages…) jouent un grand rôle dans la qualité des itinéraires et doivent s’adapter au contexte avec simplicité, en prenant en compte les différentes séquences paysagères. La mise en valeur des paysages vus depuis les routes, la façon dont la route s’inscrit dans la topographie et dont ses abords sont aménagés et gérés, sont autant de points de vigilance à prendre en compte.
Pistes d’actions envisageables :
– Repérer les itinéraires pittoresques et remarquables. Relever les points à améliorer et ceux à mettre en valeur. Ce type d’action peut être mise en place dans le cadre d’un plan de paysage.
– Mettre en place des chartes d’itinéraires. Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes (séquences paysagères, abords directs, contraste forêt/clairière…) mais aussi depuis l’extérieur.
– Valoriser les événements jalonnant les parcours : carrefour, clairière, pont, arbre remarquable…Garder des vues depuis les points hauts.
– Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
– Moduler les lisières forestières. Conserver des arbres anciens en bordure des parcelles pour accompagner la route. Proposer des lisières de feuillus pérennes par endroits. Travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate : conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essences variées.
– Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Dégager une clairière autour des carrefours forestiers. Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection. Planter une ligne d’arbres formant la lisière autour du grand carrefour. Eviter la surenchère d’aménagements décoratifs sur la galette centrale des giratoires. Prôner une sobriété des aménagements en accord avec le cadre rural, urbain, ou forestier.
– Privilégier des aménagements simples, adaptés au contexte pour les équipements routiers.
– Conforter ou aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
– Maîtriser les implantations bâties limitrophes de l’axe.
– Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
Affirmer la qualité des entrées et des traversées de bourg
L’entrée dans l’urbanisation constitue une séquence plus ou moins longue permettant de passer de la route de campagne à la rue du bourg. L’étalement urbain, les quartiers ou l’urbanisation linéaire en périphérie constituent les premières perceptions qui ne reflètent que peu souvent la qualité du centre bourg à venir. Certains axes routiers majeurs relient et traversent les centres de plusieurs communes et ont également attiré de nombreuses zones d’activités ou commerciales pour l’effet « vitrine ». Il en résulte par endroit un paysage décousu, sans qualité, avec une succession d’enseignes, de parkings, de bâtiments hétéroclites, de clôtures standardisées, qui pénalisent l’image des communes traversées et de l’itinéraire. Cela est prégnant en périphérie des agglomérations et le long de leurs pénétrantes. Les accès aux plus grandes villes, ainsi que leur contournement, donnent à voir l’étalement péri-urbain et mériteraient une composition plus qualitative. Il est également important de mentionner le réseau secondaire, qui combine desserte locale et circulation de transit estival. Ces routes voient leur physionomie évoluer, avec des giratoires, chicanes et ralentisseurs, qui leur confèrent un aspect périurbain peu qualitatif. L’aménagement de la voie et de ses abords peut permettre de redonner une unité au tissu urbain parfois disparate des périphéries. Pour les entrées, il est important de signifier un seuil ou une transition (resserrement de la voie, alignement d’arbres, contre-allée…) qui affirme la transition entre la route de campagne et la rue du bourg. A sa suite, la traversée peut se transformer suivant les cas en boulevard ou en rue, offrant ainsi un cadre de vie pacifié aux usagers. L’emprise de la chaussée doit se faire plus mesurée pour redonner une importance aux places, aux espaces piétons, aux mails, aux allées… Une traversée aménagée permet de structurer l’espace public, de donner ainsi une certaine unité aux lieux et d’améliorer l’image du bourg.
Pistes d’actions envisageables :
– Mettre en valeur les entrées de bourg pour marquer la transition entre la campagne et le village ou le bourg.
– Mettre en valeur les vues au fur et à mesure de l’approche du bourg. Mettre en scène le clocher ou le bâti en ligne de mire. Créer un événement marquant l’entrée, mettre en valeur un élément repère : pont, moulin, rivière, cimetière, alignement d’arbres…
– Marquer la transition route-rue : réduire la largeur de la chaussée, aménager les bas-côtés.
– Maîtriser les premiers plans le long des voies de contournement de bourg pour former une transition : plantation d’arbres par exemple.
– Conserver ou préempter des emprises publiques le long des voies pour aménager l’entrée. Requalifier les pénétrantes en rue ou en boulevard.
– Aménager les abords de la voie pour redonner une unité à une urbanisation parfois disparate.
– Composer ou recomposer l’urbanisation en périphérie du bourg en tenant compte de la voie d’entrée.
– Maîtriser les implantations bâties limitrophes de la voie d’entrée (recul, front urbain). Eviter l’urbanisation linéaire ou le mitage qui forment trop souvent le premier contact avec le bourg.
– Requalifier les abords des zones d’activités et des commerces situés le long des axes et des entrées de ville. Maîtriser la publicité et les enseignes. Mutualiser les aires de stationnement des différents commerces ou entreprises. Encourager la désimperméabilisation et la végétalisation des parkings sous-utilisés.
– Utiliser des arbres dans l’aménagement des traversées : arbre isolé ou mail sur une place, alignements d’arbres le long des voies…
– Valoriser tous les événements (croisement, circulation douce, passage de l’eau) rencontrés par la voie principale traversant le bourg.
Conforter et valoriser le réseau de chemins et de voies vertes
Le département des Landes offre déjà de nombreuses voies vertes, pistes cyclables empruntant des chemins forestiers, d’anciennes emprises de voies ferrées ou d’anciens tracés sur digue. Ainsi, la découverte des paysages prend une toute autre tonalité. Certaines voies ont déjà fait l’objet d’aménagements, d’autres restent à envisager. La maîtrise foncière constitue un préalable souvent indispensable. L’enjeu est également de leur donner un rayonnement conséquent en travaillant sur leur mise en réseau. Et ceci à plusieurs échelles. Il y a bien sûr la mise en place d’axes verts (pédestre, cyclable, équestre) sur de longs linéaires comme c’est le cas pour des itinéraires s’appuyant sur un fleuve, le littoral ou encore une voie ferrée (Scandibérique, Vélodyssée). Elles servent « d’ossature » qui nécessite d’être relayée par un réseau plus local pour innerver les territoires et les centres urbains. Les développements urbains ont, par le passé et encore aujourd’hui, souvent oublié les déplacements doux qui aujourd’hui redeviennent un atout incontournable pour un cadre de vie de qualité. Les cheminements « doux » constituent aussi un espace public rural ou périurbain précieux. Ils permettent de mettre en valeur les lieux singuliers : franchissement de cours d’eau, traversée de massifs forestiers, étendues cultivées, patrimoine bâti, vues diverses, situation en belvédère, passages ombragés…
Pistes d’actions envisageables :
– Poursuivre la politique d’installation de voies vertes sans oublier les secteurs non-littoraux.
– Relier les voies vertes au reste du territoire. Coordonner ces voies dans une logique de réseau. Etablir des continuités aujourd’hui encore absentes. Préserver et aménager les itinéraires continus préexistants : voies ferrées, chemin de halage.
– Préserver un maillage de chemins publics autour des villages et des bourgs et relié au centre. Retrouver des chemins de promenade quotidiens.
– Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques : belvédère, bord de rivière. Ouvrir des vues. Tenir compte des particularités du site et des éléments du paysage à révéler.
– Créer des départs de chemins bien identifiables. Prévoir des accès et des stationnements pour donner accès aux chemins de randonnée.
– Conserver et valoriser les chemins dans les réaménagements fonciers. Eviter la desserte agricole en cul de sac. Conserver une maîtrise foncière publique des chemins.
– Dans la pinède, privilégier des tracés souples et des lisières variées le long des voies vertes. Mettre en valeur des arbres remarquables en lisière.
– Créer ou mettre en valeur des événements simples le long des parcours : vue, arbre isolé majestueux, accès à l’eau…
– Accentuer la prise en compte des circulations douces dans les périphéries urbaines plus complexes et en centre-ville. Relier la ville à sa périphérie. Aménager des circulations sécurisées et de qualité sur les emprises publiques.
Bibliographie paysage, route et chemin
Site internet
– Les voies vertes des Landes. CD 40
– Rando Landes. CD 40
Plaquette
– Les alignements d’arbres. DGUHC,2006
Ouvrage et étude
– Les arbres de bord de route et la sécurité routière, 2014
– Paysage et lisibilité de la route - Eléments de réflexion pour une démarche associant la sécurité routière et le paysage. SETRA, 2006
– Les plantations d’alignement le long des routes, chemins, canaux, allées. IDF, 1988