Landes en feu

Dernière mise à jour : 1er février 2023

La lutte contre les incendies laisse une empreinte forte dans les sous-bois landais : pare-feux, piste DFCI [1], tours de guet, réservoirs d’eau, ponctuent et structurent les paysages du massif forestier landais.

43 000 km de pistes sillonnent et cloisonnent le massif des Landes de Gascogne. Lesperon

  Une forêt fragile

La forêt landaise de pin a subi depuis toujours de fréquents incendies. La tradition d’écobuage des landes par les bergers a été pendant longtemps la cause de nombreux départs de feu. Au XIXe, les locomotives à vapeur du chemin de fer ont provoqué également de nombreux incendies. L’extension de la pinède a depuis accentué la sensibilité du massif au risque d’incendie.
La période historique des grands incendies landais s’étend de 1937 à 1949, où l’on estime que plus de 450 000 ha (plus de 40 % de la surface du massif) ont été parcourus par les flammes. Les techniques de luttes contre les feux à l’aide de contre-feu, de pelles ou de pompes ne sont alors plus suffisantes.
Face à ces ravages, en 1945, une ordonnance rend les associations de DFCI obligatoires dans tout le périmètre des Landes de Gascogne. L’aménagement et la protection du massif forestier est repensé avec des travaux de prévention, d’aménagement et de cloisonnement de la forêt.
Après les grands incendies de 1947 et 1949 et devant l’ampleur des travaux de reconstitution des forêts, les rôles sont séparés :
 aux associations de DFCI, les travaux de prévention et la mise en valeur du territoire,
 aux sapeurs-pompiers, la lutte active contre les feux.
A partir de cette époque, le repeuplement en Pin maritime s’intensifie. Conjointement, le couple prévention – lutte active prouve son efficacité par la diminution de la superficie moyenne brûlée par incendie sur le massif forestier des Landes de Gascogne.

Les feux dans les Landes

La fréquentation touristique du massif est un facteur de risque pour l’incendie
De nombreux panneaux rappellent les risques aux visiteurs. Moliets-et-Maâ

Carte des départs annuels de feu par commune
Les aléas sont plus élevés aux abords des agglomérations, des secteurs touristiques littoraux, des grands axes de communication et des camps militaires.
Source : Plan de protection des forêts conte l’incendie 2019-2029

Le massif des Landes de Gascogne est composé essentiellement de pins maritimes particulièrement inflammables surtout durant les 20 premières années des boisements et connaît deux périodes sensibles en termes de risques de feu de forêt :
 le printemps : une végétation de l’année précédente desséchée et des sols détrempés qui limitent la progression des engins de lutte venant au contact du feu, favorisent la propagation des incendies de forêt
 l’été : les conditions de sécheresse et la fréquentation humaine accrue en forêt accentuent considérablement le risque d’éclosion des feux en forêt.
Le massif des Landes de Gascogne est soumis à une très forte pression en nombre de départs de feux. La Gironde est le premier département français en nombre de départs de feux ; le département des Landes reste également l’un des plus sensible en France sur la période 1991-2006.

On note depuis 1985, que la taille moyenne des surfaces brûlées diminue grâce à la politique de prévention, à une surveillance automatisée 24h/24, au maillage d’un réseau de pistes qui facilite un accès rapide au massif des moyens de lutte, au matériel spécialement adapté, aux personnels expérimentés mais aussi aux pratiques sylvicoles d’entretien.
Les feux classés en cause inconnue sont situés le plus souvent en zone périurbaine, en zone touristique estivale ou le long des grands axes de communication. Ainsi, l’extension des zones urbaines vers les zones forestières, l’augmentation des activités de loisirs en milieu forestier et plus généralement de l’activité touristique sur le Massif des Landes de Gascogne sont des facteurs aggravant le risque d’incendie en forêt.




  Une forêt aménagée contre le feu

Aujourd’hui, le massif forestier landais est aménagé pour favoriser la prévention et la lutte contre les incendies : les tours de guet permettent une détection précoce des foyers, les pistes favorisent un accès rapide aux feux et les réserves d’eau facilitent la lutte contre l’incendie.

Les tours de guet

Tours de guet à St-Justin, Pissos, Morcenx-la-Nouvelle
Localisation des tours de guet dans les Landes
Source : Plan de protection des forêts conte l’incendie 2019-2029

De grandes tours métalliques dominant le paysage apparaissent de façon régulière dans le massif landais, tantôt isolées, tantôt en lisière d’un bourg. Ce sont les tours de guet à partir desquelles sont détectés les départs de feu. Le département des Landes en compte 19. Les premières ont été bâties en bois dans les années 1950 et ont été remplacées par des constructions en béton ou en acier à partir des années 1970.
La surveillance du massif à partir des tours de guet est assurée par le SDIS [2] des Landes grâce à un système de vidéosurveillance permettant une détection automatique et une localisation précise des départs d’incendie avec déclenchement d’alerte.









Les pistes DFCI

Les larges pistes qui sillonnent la pinède sont une caractéristique forte du paysage landais. Biscarrosse

L’accès des secours aux parcelles forestières est facilité par un important réseau de routes et de pistes en sol naturel ou empierrées, clairement identifiées, balisées, cartographiées et entretenues. Ces pistes sont des voies spécialisées non ouvertes à la circulation publique réservées aux seuls services de lutte contre les incendies et aux sylviculteurs riverains. 43 000 km de pistes sillonnent et cloisonnent le massif des Landes de Gascogne, ce qui représente une densité de pistes d’environ 4 km/100 ha. Les voies sont renforcées et doublées de fossés pour favoriser le passage des secours même lors des périodes ou les sols sont inondés. Les voies sont larges car elles doivent permettre aux camions pompiers de se croiser.

Le réseau de voies DFCI

Un réseau de voies DFCI est hiérarchisé pour permettre un accès rapide aux parcelles. On distingue ainsi trois niveaux : primaire et secondaire (réseau collectif), tertiaire (réseau parcellaire).
 le réseau principal d’intérêt collectif : réseau empierré, ou de piste en sable de 12 m de large carrossable toute l’année, voire réseau goudronné, constitué des voies communales et départementales.
 le réseau secondaire constitué le plus souvent de pistes de largeur importante (12 mètres d’emprise totale) ou de demi-piste d’au moins 6 m de large, parfois de voies empierrées. Il est d’intérêt collectif et complète le maillage principal. Il doit permettre à terme que la distance de débardage (distance entre la coupe et l’aire de stockage accessible aux camions) ne dépasse pas 500 mètres : soit au total un réseau de 4 km pour 100 ha.
 le réseau tertiaire en sol naturel, constitué de chemins ou de demi-pistes avec un fossé bordier doit découper des îlots de taille égale ou inférieure à 25 ha.

Les réserves d’eau

Réserve d’eau DFCI en bordure du village de Vielle-Soubiran

La disponibilité de points d’alimentation en eau est un élément essentiel de la lutte contre les feux. Le massif forestier landais dispose dans l’ensemble d’un réseau dense de ressources en eau telles que : les points d’eau naturels, les forages agricoles compatibles DFCI, les réserves, les châteaux d’eau, les bouches d’incendie dans les villages. 3 500 points d’eau sont recensés dans le massif des Landes de Gascogne, soit 1.58 pour 500 ha boisés. On aperçoit ainsi régulièrement des réserves d’eau aux abords des villages et quartiers forestiers ou à proximité des pistes qui sillonnent le massif.






  Le débroussaillage

L’ensemble de la forêt est régulièrement débroussaillée au « rouleau landais » qui façonne les sous-bois en limitant la végétation basse où peuvent prendre les départs de feux.
Le débroussaillage des abords des voies et des parcelles bâties est le complément indispensable de la prévention contre les incendies. Le but est d’éviter en premier lieu les départs de feu depuis les zones anthropisées, de réduire l’intensité de l’incendie et sa propagation vers les parcelles boisées ou d’autres bâtiments ou habitations, et de faciliter la circulation des véhicules des sapeurs-pompiers.
Le débroussaillage par les résidents des habitations (cf plaquette) est une obligation définie par le code forestier et les règlements préfectoraux de protection de la forêt contre l’incendie peuvent limiter les activités pendant les périodes à risque élevé.

Le débroussaillage ne doit pas être confondu avec l’abattage des arbres ; le débroussaillage ne concerne que les strates basses de la végétation arbustive. Le débroussaillage marque ainsi le paysage landais des villages et des quartiers forestiers, en imposant une végétation rase au sol sur 50 m autour des constructions et un élagage des branches basses des arbres. Cela contribue aux ambiances très soignées de nombreux airiaux landais.

  Sources

 Site de la DFCI Aquitaine
 Plan interdépartemental de Protection des Forêts Contre les Incendies 2019-2029
 Le débroussaillement une obligation qui vous protège. Plaquette DFCI Aquitaine. 2020
 Le feu de forêt : un risque majeur dans le département des Landes. Archives départementales.

[1Défense des Forêts Contre l’Incendie

[2Service Départemental d’Incendie et de Secours

Voir aussi