Les tonnelles de platanes palissés
Dernière mise à jour : 26 septembre 2021
Accès direct
Plusieurs communes des Landes présentent des mails de platanes aux formes singulières : au bout du tronc, les branches partent à l’horizontal, formant ainsi un plafond de feuillage qui ombrage la place ou la rue.
Une architecture végétale et un plafond de feuillage
Les tonnelles de platanes constituent des ensembles magnifiques où la lumière et l’ombre jouent à tout moment. Du fait du palissage horizontal, l’épaisseur de feuillage est relativement restreinte, de 1 à 1,5 mètre, créant ainsi une ombre relativement légère. L’ombre tombe sur le sol mais les arbres ainsi formés ne font pas d’ombre sur les façades des maisons voisines.
Le mail forme ainsi une tonnelle végétale délimitée et portée par les colonnes des troncs, et ombragée par son plafond de feuillage. Cette architecture végétale fait écho au volume bâti qui la jouxte, la hauteur de plafond végétal, autour de 5 à 7 m, étant adaptée aux constructions voisines.
Les palissages horizontaux protègent des ardeurs du soleil. En saison estivale, la place est source d’ombre et de fraîcheur et peut accueillir les manifestations, les marchés ou ombrager une terrasse de café ou de restaurant.
Le platane est l’essence la plus utilisée pour constituer ces mails palissés. D’une part, il est très tolérant quant aux conditions de sols et de microclimats urbains, de l’autre il est relativement aisé à former et à tailler. Mais son avantage tient aussi à ses qualités paysagères : la clarté de son écorce lisse et surtout son ombre confortable, ni trop claire, ni trop sombre.
Mail, mail cadre ou allée
- Carte des tonnelles de platanes palissés à l’horizontal
- Inventaire non exhaustif réalisé avec le CAUE 40
Ces tonnelles palissées à l’horizontale prennent plusieurs formes dans les communes landaises :
– En mail, formé de plusieurs rangées d’arbres parallèles, certaines ombragent de grandes places centrales comme à Morcenx-la-Nouvelle ou à Labouheyre, d’autres des places plus modestes (Léon, St-Sever). Souvent, elles accompagnent un équipement public comme les arènes à Gabarret, le fronton à Peyrehorade, un kiosque à Arengosse ou la mairie à Mugron.
– En mail-cadre, la place est cernée par une tonnelle palissée, formée d’une allée simple ou double, qui encadre la place et propose une alternance d’ombre sur les bords et de lumière au centre de la place (Villeneuve-de-Marsan, Mont-de-Marsan, Heugas).
– D’autres tonnelles forment une allée ombragée menant à un bâtiment public comme des arènes (St-Justin, Montaut), ou une église (Port-de-Lanne, St-Barthélemy, Geaune).
– Enfin certaines tonnelles proposent des déclinaisons atypiques du palissage à l’horizontale, avec par exemple un palissage en voute (Port-de-Lanne, Linxe) ou forment une petite porte végétale devant une église (Mimizan, Arthez-d’Armagnac).
Le palissage, un savoir-faire qui se révèle en hiver
Les mails de platanes sont dits palissés lorsque la conduite des branches est guidée par des supports, fils ou arceaux métalliques. Cette mainmise sur le développement de l’arbre peut paraitre excessive, elle est un héritage des tailles fruitières palissées et des treilles de vigne. La rigueur avec laquelle les houppiers sont contenus donne lieu à des figures régulières fascinantes où la ramification à l’horizontale de l’ensemble des branches forme une tresse végétale.
Avec le temps de nombreuses branches finissent pas se souder entre elles. Chaque arbre s’anastomose avec ses voisins par les branches soudées, formant un ensemble aussi original que sublime.
En hiver, le palissage se révèle avec la chute des feuilles, montrant l’architecture de la structure végétale. Les branches palissées forment un treillis dont la maille se tend et se distend au gré du poids des branches et de la souplesse des supports. Cette forme architecturée prend ainsi en hiver un charme tout particulier.
Un patrimoine et un savoir-faire à transmettre
Les formes palissées sont plus rares que les formes en gobelet ou en têtes de chat car elles requièrent des compétences assez particulières et surtout ne supportent aucune rupture d’entretien.
La technique du palissage horizontal consiste à sélectionner depuis le tronc, des branches horizontales que l’on conduit dans la direction désirée pour créer un effet d’étirement. Les platanes sont taillés et travaillés le plus précocement possible, évitant ainsi des tailles sévères de réduction mutilantes et inesthétiques. Chaque année, on procède à une taille qui élimine tous les rameaux de l’année sauf celui destiné à allonger la trame initiale pour en achever ou en parfaire la forme.
Cette forme végétale nécessite une taille annuelle régulière et un entretien des tuteurs sur lesquels les branches sont guidées. La mise en œuvre de telles tonnelles nécessite donc de disposer localement d’agents ayant compétence et savoir-faire. Pour voir perdurer ces mails palissés, il est important de transmettre ce savoir-faire.
Planter et renouveler les tonnelles palissées de demain
La plupart des tonnelles palissées que l’on peut observer aujourd’hui dans le département des Landes sont composées de platanes âgés. Se pose donc la question à plus ou moins courte échéance du renouvellement de ces plantations emblématiques. L’exemple de la commune de Labouheyre est à ce titre intéressant avec un renouvellement d’une partie du mail palissé sur la place de la Mairie. Sachant qu’il faut plusieurs années pour reconstituer un treillis de branches, le renouvellement exige donc une politique sur le long terme.
Cette forme végétale typiquement landaise devrait également inspirer les concepteurs des espaces publics contemporains : elle a toute sa place dans les nouveaux quartiers de par son adéquation au volume bâti.
Sources
– Espaces publics & paysage des bourgs dans les Landes. CAUE 40. 2010
– L’urbanisme végétal, IDF, 1993
– la place de la Mairie à Labouheyre
Voir aussi
- Paysage, tourisme et patrimoine, les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés au tourisme
- Le galet, pierre à construire
- La garluche, pierre de la lande
- L’airial landais
- Lieu particulier : la bastide de Geaune
- Lieu particulier : le phare de Contis, un belvédère unique sur la côte
- Lieu particulier : le Site d’Arjuzanx
- Les enjeux paysagers liés à l’urbanisme
- Paysage et urbanisme, les enjeux exprimés par les habitants
- Les Landes, un territoire de projets urbains
- Formes urbaines et paysage, essai de typologie
- Frontons et arènes au cœur des espaces publics landais
- La MIACA, une politique volontariste d’aménagement et de protection du littoral aquitain