Préhistoire et antiquité - Dès le début, la lande

Dernière mise à jour : 1er février 2023

  Préhistoire

Un Paléolithique contrasté, un Néolithique mal connu

La Dame de Brassempoy (découverte en 1880) atteste du peuplement préhistorique de la Chalosse. Le site a été occupé pendant le Paléolithique supérieur (35 000 à 10 000 avant J.-C.). À Sorde-l’Abbaye, l’abri Duruthy apporte un autre témoignage du Magdalénien (vers 12 000 av. J-C.).
Mais si la figurine exceptionnelle de Brassempouy témoigne d’un peuplement paléolithique assez répandu en Chalosse, il n’en est pas de même sur le plateau landais. Selon Pascal Bertran (Inrap, 2009), « Les Landes de Gascogne étaient un désert sableux (erg) » et « La distribution des sites paléolithiques (…) met en lumière une très faible densité dans les Landes ».

La Dame de Brassempouy et le site du musée
La figurine en ivoire de 3,65 cm de haut reste la plus ancienne représentation de visage humain connu.

Mal connu, le Néolithique landais se limite à quelques témoignages mégalithiques : Peyre d’Azou à Larrivière, Peyrelounque de Capdoubos à Sainte-Colombe, Peyre de Pythié à Fargues. Comme au Paléolithique, des conditions du milieu peu favorables ont pu jouer, mais il se peut aussi que des sites restent à découvrir.

Carte de répartition des mégalithes landais
in : J.-C. Merlet, Le mégalithisme dans les Landes, Bulletin Société de Borda, 2009

La Peyre de Pythiè (Fargues)
Photo : Jean-Bernard Lafitte
CC BY-NC-ND 4.0
 

 

Diversité des cultures aux âges des métaux

Dès les débuts du Bronze, différentes cultures sont attestées et continuent d’évoluer à l’âge du Fer.
La nécropole de Mouliot à Laglorieuse datée du 1er âge du Fer est reconnue comme un site important.

Les installations du lac de Sanguinet, dans un ancien lit de la Gourgue situé à plusieurs mètres de profondeur ont pu être conservées grâce à leur immersion. Incluant des objets (pirogues…), elles retracent une occupation tout au long de l’âge du fer et au début de l’époque romaine : site de "Put-Blanc" (VIIIe-IVe siècles avant J.-C), village de l’Estey du Large (IVe-ler siècles avant J.-C.), site gallo-romain de « Los » (ler siècle de notre ère).

Dans les tout derniers siècles avant notre ère, s’individualisent des groupes humains organisés. Ces Aquitains que César ou Strabon distinguent des Gaulois situés de l’autre côté de la Garonne « par la langue, les coutumes et les lois » se nomment les Cocosates et les Sotiates au nord de l’Adour, les Tarbelles autour de la future ville de Dax, les Tarusates (ou Aturenses) dans la région d’Aire-sur-l’Adour (Aturus) et peut-être jusqu’à Tartas, les Boïens (ou boïates) dans le nord du littoral…

Tous ces peuples aquitains (plus précisément novempopulaniens, ou gascons) ont en commun une culture ou au moins un fond linguistique basque attesté notamment par les toponymes d’origine basque qu’on retrouve sur tout le territoire landais.

Carte des toponymes en « os/-osse/-otze »
Les nombreux toponymes en « os » à l’ouest de la Garonne confirment l’influence culturelle basque.
In : Diu biban !, article accessible en ligne

Carte des peuples de l’Aquitaine antique
Comme en Gaule, les pagi romains ont repris les noms des peuples précédents.
in : B. Caude, 2010
 

 
C’est sans doute à cette époque qu’ont été construites certaines routes telles que la Ténarèze qui passait à l’est du département (Maillas - Losse – Lapeyrade – Gabarret ) et permettait de gagner l’Espagne depuis le nord de l’Aquitaine.

  L’occupation romaine et le premier commerce de la forêt de pins

La résine circule sur les voies antiques

Les Romains auront raison des Sotiates à Sos leur capitale (en Lot-et-Garonne mais à 4 km de la limite des Landes) en 56 av. J.-C.
Avec Segosa (bourg actuel de St-Paul-en-Born) et Dax, les cités littorales constituent des étapes d’échanges sur la voie romaine du littoral ou « route de la poix ». La résine et les matières goudronneuses, obtenues par carbonisation des bois morts des forêts des dunes anciennes, donnent lieu à un important trafic. S’il subsiste peu de vestiges des voies antiques, les fouilles ont mis à jour des jarres et des cuviers destinés à la fabrication du goudron et à la conservation des produits résineux.

Déjà la lande et peu de villes

Plan de la ville gallo-romaine de Dax superposée au parcellaire actuel
Source : Ville de Dax

Au IVe siècle, époque de l’apogée de l’Empire romain, l’Aquitaine est un territoire prospère qui fournit aussi du blé, du vin, du fer. À l’ouest, s’étend la lande, vaste étendue sablonneuse couverte de bruyères, de marais, de forêts de pins et de chênes. Sur la côte, des baies que les dunes n’ont pas encore fermées, accueillent des petits ports. Seules deux villes se sont développées sur l’Adour, Aire-sur-l’Adour (Atura) et Dax (Aquae Tarbellilae). Ces deux cités deviendront quelques générations plus tard, le siège des deux évêchés qui diviseront le département.
A Mont-de-Marsan, la présence d’un habitat gallo-romain sur l’éperon de confluence et un trafic commercial et fluvial au début de notre ère sont également attestés.

Vestiges de l’enceinte gallo-romaine de Dax édifiés au IVe siècle
Dax, 4 août 2020




  Représentations : premières évocations de la lande

Peu de sources littéraires permettent d’imaginer comment étaient perçus les paysages landais durant cette longue période. Quelques écrits de notables romains offrent de rares évocations qui commencent à fixer, malgré tout, les principaux invariants paysagers des Landes : un pays perdu, désolé où domine le sable, débouchant sur l’océan, et dont la forêt constitue la principale ressource.

Du sable, des roseaux, l’Océan

Pomponius Mela, géographe romain, caractérise rapidement les Landes au Ier siècle de notre ère «  la partie de l’Aquitaine qui touche la mer est couverte de sable et abonde en arbres produisant de la poix et de la résine [1].  »
Plus tard au IVe siècle, Ausone (310-395), poète, avocat et universitaire bordelais décrit les Landes dans une lettre qu’il adresse à son ami Théon. Il y évoque un paysage où alternent les sables, les marais couverts de roseaux et les forêts épaisses.

« Comment va ta santé, au bout du monde où est ton gîte, poète cultivateur de sables ; toi qui laboures la grève près des lieux où finit l’Océan, où le soleil se couche : toi qu’une méchante hutte étouffe sous son toit de roseaux, et que barbouille d’une suie résineuse une chaumière qui pleure de fumée ? »
Œuvres complètes d’Ausone, Tomes I et II / trad. nouvelle par E.-F. Corpet, C. L. F. Panckoucke, 1843


  Sources

 Ce chapitre résulte d’une reprise augmentée et illustrée d’une étude consacrée à l’histoire des Landes et à leurs représentations pour une première version, non publiée, de l’atlas des paysages (2004).

 R. Arambourou, Préhistoire en Pays Basque Nord et Sud des Landes, Munibe, 1990

 Jean-Claude Merlet, Le mégalithisme dans les Landes, Bull. Soc. Borda, Dax, 2009

 Jean-Claude Merlet, vingt-cinq années d’archéologie landaise, Bull. Soc. Borda, Dax, 2001


[1La référence de cette citation incluse dans l’étude sur les paysages de 2004 n’était pas indiquée. Elle n’a pas été retrouvée.