L’airial landais
Dernière mise à jour : 26 septembre 2021
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Regroupant quelques fermes et leurs dépendances, réparties dans une clairière au sein du massif forestier, l’airial constitue une forme d’habitat caractéristique et demeure une composante majeure du paysage et du patrimoine culturel landais.
Airial est un terme francisé issu du gascon airiau ou ayrial ou encore éyriau. Il est exclusif des Landes. Son étymologie latine est area, « aire » ; occitane : airal, « aire, espace vacant, terrain autour d’une maison ». Les airiaux d’un même village constituent ce que l’on appelle un « quartier », petit hameau ou lieu-dit isolé et à l’écart du bourg, pouvant atteindre plusieurs hectares.
L’airial, témoin du système agro-pastoral
L’airial témoigne du système agro-pastoral, système économique et social reposant sur un mode de vie autarcique qui s’étendait autrefois sur toute la lande. L’airial est la cellule de base de l’exploitation familiale ouverte de part et d’autres sur les champs de seigle, le pignadar et la lande qui servait de pâture aux troupeaux de moutons.
- De nos jours, l’airial forme une clairière habitée, ponctuée de feuillus, au sein de la pinède. Morcenx-la-Nouvelle
Du temps de la lande dénudée, il pouvait être perçu comme un oasis habité, ombragé et sur un sol drainé, au milieu de la lande marécageuse et désertique. C’est en raison de cette situation favorisée que s’y installent de petites communautés, développant un mode de subsistance fondé sur le système agro-pastoral. Les champs, bordés de crastes, s’ordonnent autour de l’airial : ils sont cultivés sur des terres sableuses naturellement drainées (landes sèches) et fertilisées par le fumier des brebis landaises qui se nourrissaient de la végétation environnante. Ce modèle agricole périclite à partir de la mi XIXe avec la plantation systématique de pins maritimes sur les landes communales.
De nos jours la perception de l’airial s’est complètement inversée : l’airial apparait non plus comme un îlot boisé autour des maisons, mais comme une clairière habitée au sein de la pinède.
Une organisation aérée et ouverte
L’airial est jusqu’au début du XXe siècle la terre communautaire de ces « quartiers », autour de laquelle s’organisent les oustaus (maisons landaises) des différentes familles de la communauté : maison du maître, des métayers, du meunier... La seule règle de disposition du bâti est une orientation de la façade principale vers l’est ou le sud-est et un mur aveugle à l’ouest dans un souci de protection contre les intempéries.
Dans cet espace ouvert, l’habitat, les dépendances (porcheries, granges, bergeries, hangars à charrettes, four, puits, poulaillers) et les grands chênes ne sont pas groupés, comme dans la plupart des exploitations agricoles, mais dispersés en ordre lâche. Cette organisation spatiale que l’on peut qualifier d’aérée est unique en France et indique un contexte de vie très particulier : dans la Grande Lande, l’espace ne manquait pas.
Autant que le bâti en lui-même, c’est le végétal qui caractérise l’airial : la pelouse est son espace et le chêne son symbole. Pédonculé, tauzin ou parfois liège, le chêne est l’essence noble par excellence. Arbre-sacré, souvent centenaire, il incarne puissance, sagesse et éternité. Il protège l’airial des intempéries et de l’ardeur du soleil, fournit du bois de chauffe et de construction et nourrit les porcs de ses glands. Il est souvent accompagné de châtaigniers ou d’un pin parasol ou " pin franc " qui symbolise la liberté.
Aujourd’hui, l’airial résidentiel
Les plus anciens bâtiments datant du Moyen Age, l’airial est une entité qui a perduré pendant plusieurs siècles sur le territoire des Landes et qui a su s’adapter aux mutations économiques, sociales et paysagères qu’a subies ce territoire.
Ils ont peu à peu perdu leur fonction agricole et, aujourd’hui, moins de 10 % des airiaux ont conservé cette vocation. D’autres sont laissés à l’abandon : la pelouse s’enfriche et les bâtiments se dégradent. Mais la majorité d’entre eux sont devenus des lieux de résidence principale ou secondaire, ou encore destinés à la location saisonnière. En effet, ce sont des lieux de résidence calmes qui, en alliant cadre naturel et valeurs patrimoniales, répondent aux attentes en termes de qualité de vie.
Avec la résidentialisation, l’airial se modifie : plantation d’essences ornementales, dépérissement de la chênaie, marquage des limites de propriété, densification du bâti, abandon et destruction des dépendances, restaurations et extensions peu respectueuses...
Ces évolutions soulèvent un débat sur comment faire évoluer le modèle de l’airial tout en en préservant les caractéristiques qui fondent son identité.
- Avec la résidentialisation, l’airial se modifie : plantation d’essences ornementales, dépérissement de la chênaie, marquage des limites de propriété. Moliets-et-Maâ
- Les modifications concernent également le bâti de l’airial : abandon et destruction des dépendances, restaurations peu respectueuses, densification du bâti... Taller
Sources
– Atlas des paysages des Landes. 2004
– L’airial landais, un paysage d’Aquitaine, CAUE 40. 2000
– Ecomusée de la Grande Lande, Airial de Marquèze, Sabres.
Voir aussi
- La création de la forêt landaise
- Landes en feu
- La garluche, pierre de la lande
- Les courants landais
- Portrait de la Grande Lande
- Les lagunes des Landes de Gascogne
- Lieu particulier : le Site d’Arjuzanx
- Paysage, tourisme et patrimoine, les enjeux exprimés par les habitants
- Les enjeux paysagers liés au tourisme
- Les tonnelles de platanes palissés
- Le galet, pierre à construire
- Lieu particulier : la bastide de Geaune
- Lieu particulier : le phare de Contis, un belvédère unique sur la côte
- Les enjeux paysagers liés à l’urbanisme
- Paysage et urbanisme, les enjeux exprimés par les habitants
- Les Landes, un territoire de projets urbains
- Formes urbaines et paysage, essai de typologie
- Frontons et arènes au cœur des espaces publics landais
- La MIACA, une politique volontariste d’aménagement et de protection du littoral aquitain