Les images du tourisme
Dernière mise à jour : 30 juillet 2024
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Alors qu’au-delà d’une certaine monotonie, l’analyse révèle la variété et la complexité des paysages landais, leur représentation est encore aujourd’hui fortement marquée par des images nostalgiques ou réductrices. Nostalgiques, car elles datent pour la plupart du XIXe ou du début du XXe siècle et font référence aux paysages disparus des Landes de Gascogne qui s’étendent bien plus au nord, jusqu’à la vallée de la Garonne dans les départements du Lot-et-Garonne et de la Gironde, induisant de plus une confusion entre la formation végétale, région naturelle des Landes, et l’entité administrative du même nom née de la Révolution française ; réductrices, car même les images plus récentes cantonnent encore fréquemment le département à sa forêt qui a remplacé la lande ancestrale, aux airials qui leur font pendant, ou au littoral où se concentrent les activités touristiques balnéaires et le développement urbain. Ces images occultent en partie, malgré la qualité de leurs patrimoines architecturaux et naturels connus et reconnus, les paysages des villes et des bourgs, des vallées, des espaces ruraux et agricoles, des clairières forestières du sud et de l’est du département.
La Côte landaise
Cartes postales anciennes : une focalisation déjà sur les villes importantes et le littoral
Cette cartographie de la répartition quantitative des cartes postales anciennes par commune (essentiellement datées du début et de la première moitié du XXe siècle) met en évidence, si l’on exclut les deux villes principales, Dax et Mont-de-Marsan, une forte focalisation sur les sites du littoral et des étangs (Mimizan, Capbreton, Biscarrosse et Soustons parmi les plus photographiés).
La différence de densité du maillage urbain entre le nord et le sud du département explique sans doute en partie la plus forte représentation des bourgs et des villages situés le long de l’Adour et de ses affluents. Le nombre d’images y est assez homogène, avec une prime pour Saint-Sever, Aire-sur-l’Adour, Hagetmau, Peyrehorade et Tartas. À l’est, ce sont les communes de Roquefort et de Gabarret qui se distinguent, mais dans des quantités relativement modestes.
Images contemporaines des guides de tourisme : la mer, les dunes, les pins
Aujourd’hui, de nombreux guides touristiques appréhendent le territoire départemental dans un grand ensemble aquitain pouvant s’étendre de Bordeaux au Pays basque. Les images du littoral qui illustrent quasi-systématiquement leurs couvertures permettent de donner une certaine identité à ce vaste ensemble territorial tout en en minimisant la diversité.
Les échelles plus fines traitées par les guides de randonnée permettent de proposer des images plus variées du département.
Les couvertures des deux premiers guides de randonnées présentent des images de paysages autres que côtiers (patrimoine architectural pour le premier à gauche, le courant d’Huchet pour la seconde. Quant au troisième guide, généraliste, il met en exergue l’airial et la forêt.
Images du tourisme institutionnel : la mer
Le site internet du Comité départemental du tourisme s’inscrit dans la même veine. Sur la page d’accueil, un diaporama d’une minute environ ambitionne de montrer toutes les possibilités de visites et de loisirs offertes dans le département. Les photographies de paysages y sont en quantité importante, mais restent fixées sur les motifs littoraux (océan, dunes, étangs, courants, plage), toujours vus de loin ou de haut, alors que celles de la forêt ou des paysages urbains et ruraux, avec ou sans patrimoine bâti sont, sinon absents, très discrets. Le site internet propose également une découverte plus précise du territoire par le biais des activités qui peuvent y être pratiquées, occasion de représentations plus variées mais où les paysages ruraux et agricoles, si l’on excepte celles nostalgiques de l’écomusée de Marquèze, restent absents.
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Dans un dossier intitulé « La côte landaise, un océan de liberté » les images proposées contribuent à la polarisation du regard sur la côte.
Une représentation banalisée du paysage côtier ?
Le tourisme en France se démocratise avec la construction, au milieu du XIXe siècle du chemin de fer. Dans les Landes, juste avant la Première Guerre mondiale, de nombreuses lignes secondaires se greffent sur la ligne Bordeaux-Bayonne et contribuent au début du tourisme balnéaire. Baptisé, à la suite de la Côte d’Azur méditerranéenne et de la Côte d’Émeraude bretonne (fin du XIXe siècle), Côte d’Argent (1905), le rivage landais va devenir historiquement et quantitativement la première destination touristique du département. Les cartes postales, les affiches témoignent de cet engouement. Mais on note aussi un appauvrissement au fil des décennies des qualités esthétiques des représentations, particulièrement sensible pour l’espace côtier où les images sont pourtant nombreuses.
Ces images institutionnelles, la première pour le compte de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans et du Midi (P.O.Midi) datée des années 1930, la seconde du Commissariat au tourisme, datée du début des années 1970 invitent poétiquement et artistiquement pour la première, prosaïquement et sans profondeur pour la seconde, à visiter la côte landaise et profiter des activités nautiques.
Si le sujet peut sembler manquer d’originalité, la qualité du cadrage et du noir et blanc fait de cette carte postale une représentation remarquable qui tranche avec les représentations plus convenues du littoral qui se développent ensuite.
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Les images de la mer, du sable et de la plage accompagnés ou non de présence humaine et d’activités nautiques : c’est ainsi qu’est quasi-exclusivement représenté le littoral, toujours regardé de haut, de loin, face à l’océan.
Ailleurs dans les Landes
Pour trouver des images de paysage autres que ceux du littoral, ce sont les pages intérieures des guides ou des sites internet qu’il faut consulter, ou encore les publications des comités locaux du tourisme. Ces représentations, moins diffusées, moins présentes dans l’espace éditorial, peinent à construire des images mentales cohérentes et constantes des autres types de paysages landais.
Paysages de « nature »
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Le site Internet de Landes Attractivité présente une série d’images localisées selon différents thèmes (nature – patrimoine…).
Le nombre de sites représentés, localisés en grande partie dans le centre du département, reste très limité. La carte donne donc l’image d’une nature finalement peu présente en général, et absente dans toute la partie nord du département y compris son littoral, et pratiquement dans tout le sud (Marsan, Adour, Chalosse) !
Fait rare dans le cadre de la communication touristique, cette carte permet un accès à une image de paysage agricole, celle des barthes de l’Adour, zone humide classée Natura 2000.
La forêt
Parfois présente sur quelques couvertures de guides, la forêt, paysage identitaire landais s’il en est, est finalement peu montrée dans les publications touristiques généralistes. Alors que son histoire, ses enjeux parfois font l’objet de grands développements, ce sont les photos d’ambiances ou des images aériennes souvent banales qui en rendent compte.
Ces deux guides consacrés exclusivement au département des Landes présentent en couverture la forêt. Il s’agit dans les deux cas de la forêt dite de protection, à proximité du littoral, les arbres y étant peu alignés et les sous-bois riches de fougères et d’ajoncs.
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Une belle photo de la forêt landaise mais qui privilégie l’ambiance à la représentation du paysage.
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Cette commune des Landes d’Armagnac est couverte à plus de 55 % par la forêt. L’office de tourisme de la Communauté de communes offre ici une image plus paysagère de son espace forestier dont on peut désigner les principaux éléments : le chemin ouvrant sur la perspective de l’horizon boisé, le boisement en train de se renouveler, les pins arrivés à maturité…
Malgré tout, les photographes des cartes postales contemporaines se sont emparés de la forêt pour en décliner toutes les ambiances. Ces images très esthétisantes même si elles s’intéressent peu à la forêt comme paysage, contribuent à valoriser la forêt landaise, principalement la forêt de protection.
Tourisme et art dans la forêt : une découverte renouvelée des paysages
Initiée en 2009 par deux associations culturelles et le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, la Forêt d’art contemporain présente aujourd’hui un itinéraire de découverte d’œuvres d’art disséminées au carrefour de pistes forestières, sur une ancienne voie ferrée, dans un airial abandonné… dans la forêt des Landes de Gascogne. Cet itinéraire, bien mis en valeur dans les différentes brochures, sites et guides touristiques renouvelle avantageusement, par la balade, la découverte des paysages de cette partie des Landes.
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La brochure propose à la fois des itinéraires de promenade pour découvrir les œuvres installées dans la forêt et une interprétation paysagère des installations. Ce procédé permet une approche culturelle des paysages de la forêt.
Les lacs, lagunes et rivières
Les activités nautiques sont les principales occasions de représentations des paysages des lacs, des lagunes et des rivières. Les étangs côtiers sont, sans surprise, très présents dans l’iconographie touristique à la fois par l’étendue des activités qu’ils permettent : baignade, balades, nautisme mais aussi par la photogénie de leurs paysages.
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Les rivières, essentiellement les courants d’Huchet et de Contis, la Leyre, se découvrent quant à elles en canoë et en paddle, permettant des images intimistes, où les éléments de nature et les ambiances sont privilégiés.
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Une représentation typique des rivières de l’iconographie touristique.
Le patrimoine, les paysages urbains
Les paysages urbains des deux grandes villes du département ne sont pas prédominants dans l’iconographie touristique contemporaine et ne sont jamais mis en « une » des pages des sites internet de tourisme. Les vues générales restent rares pour appréhender les sites des villes et des villages, le patrimoine urbain et architectural étant rarement contextualisé.
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Une représentation iconique de la ville dans son site à la confluence de la Douze et du Midou, rare représentation paysagère d’une ville des Landes.
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Cette carte donne accès à 335 images représentant le patrimoine bâti des Landes : (abbaye, cathédrale, arène, chapelle, bastide, château…). Mieux réparties sur l’ensemble du territoire départemental, ces photographies, en revanche, montrent peu le patrimoine bâti dans son environnement, et en quoi il peut « faire paysage ».
Les paysages agricoles
Alors que le département des Landes est un territoire essentiellement forestier et agricole, les images qui représentent cette activité essentielle sont absentes des représentations touristiques. Même la Chalosse, aux reliefs se prêtant mieux à des vues générales intégrant les espaces agricoles que le nord du département, ne génèrent que peu d’images de paysages dans les guides ou sites départementaux. Seules pratiquement les vignes du Tursan et de l’Armagnac motivent l’expression de représentations paysagères.
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Les images de paysages agricoles de la Chalosse, du Tursan et de l’Armagnac ne sont généralement accessibles que sur les sites et dans les brochures des comités locaux de tourisme. Ici un panorama de la Chalosse, non localisé, avec au loin un horizon boisé.
Les paysages agricoles du nord du département sont imprégnés par l’histoire de la Lande et de son boisement. L’écomusée de Marquèze a reconstitué depuis sa création en 1969 un airial et le système agropastoral qui était en place à la fin du XIXe siècle. L’écomusée qui reçoit des milliers de visiteurs chaque année et dont le succès ne se dément pas permet la compréhension de l’évolution historique du paysage agricole landais.
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