Dynamiques et enjeux paysagers du Gosse-Seignanx
Dernière mise à jour : 18 juillet 2023
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DYNAMIQUES
La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage. L’exemple choisi se situe aux alentours de Biaudos et St-Martin-de-Seignanx.
Le Gosse-Seignanx au XIXe siècle
La carte d’Etat-major montre un territoire rural habité, ponctué de nombreuses fermes dispersées sur les hauteurs. L’espace est essentiellement agricole, combinant cultures céréalières (en beige), vigne (en gris) et élevage sur les prés (en bleu) et les landes (en rose).
Les bois (en vert) occupent les terrains les plus pentus des coteaux.
La route nationale 117 traverse tout le territoire d’est en ouest, reliant Pau à Bayonne.
Les villages sont de petite taille, leur centre n’étant constitué que de quelques habitations à proximité de l’église.
Le Gosse-Seignanx au milieu du XXe siècle
La photographie aérienne des années 1950-65 permet de préciser l’occupation du sol.
Le paysage rural du Gosse-Seignanx forme une mosaïque de petits champs cultivés, de prés et de bois de pins et de feuillus. Les parcelles agricoles sont de très petite taille, inférieures à l’hectare pour la plupart. Les vignes ont disparu, comme dans de nombreux territoires, suites aux ravages du phylloxéra à la fin du XIXe. Quelques haies délimitent de grands ensembles de parcelles, sans pour autant constituer un paysage bocager.
Les landes et les pentes montrent un début d’enfrichement et de reboisement, témoignant du recul de l’élevage sur les terres difficiles et d’une progression des plantations de pins sur les sols sableux, entamée au XIXe.
La route nationale 117 apparaît comme un axe majeur dans le paysage, souligné sur tout son parcours par de majestueux alignements de platanes, signes de son ancien statut de route royale. Les alignements d’arbres sont fréquents et accompagnent de nombreuses routes, comme celles qui rayonnent vers St-Martin-de Seignanx.
Le village de St-Martin n’est encore constitué que de quelques maisons autour de l’église et du carrefour des routes.
Le Gosse-Seignanx aujourd’hui
La photo aérienne contemporaine révèle plusieurs évolutions notables :
Des parcelles agricoles qui se sont agrandies
Le parcellaire agricole a considérablement évolué. Le paysage s’est simplifié. Mécanisation et réaménagement foncier ont conduit à générer un parcellaire de grande taille, toutes parcelles sont désormais plus vastes que l’hectare, dépassant dans bien des cas les 10 hectares.
Mais globalement, les clairières agricoles se sont réduites au profit des bois de pins, de feuillus ou mixtes. Dans les fonds de vallons, la fermeture paysagère suite au reboisement est très nette.
Une extension urbaine générale
L’influence de l’agglomération de Bayonne se fait sentir par une dynamique d’urbanisation forte sur toute la moitié ouest du Gosse-Seignanx. Villages, hameaux et écarts se sont développés. Un peu partout, les constructions s’étirent désormais le long des routes, sur les hauteurs. Le village de St-Martin-de-Seignanx est quant à lui devenu un bourg de 5 600 habitants. La commune s’est d’abord développée le long de la nationale avec le Quartier Neuf. Mais c’est surtout à partir des années 1970 que le bourg s’est agrandi, s’étalant entre le centre ancien et la nationale.
La RD 817 : une vitrine économique et la raréfaction des arbres d’alignement
La route nationale, devenue départementale, est bordée sur de longues portions par un tissu urbain résidentiel ou artisanal, formant un premier plan hétéroclite souvent peu qualitatif. L’alignement de platanes qui accompagne la voie est malheureusement presque toujours coupé au niveau de ces extensions urbaines. Plus de la moitié du linéaire de platanes a disparu, ne laissant plus que des sections discontinues d’alignements d’arbres le long de la route.
ENJEUX PAYSAGERS
Dans le Gosse-Seignanx, les enjeux paysagers principaux sont liés au maintien de la lisibilité des vallons et de la diversité des clairières agricoles ainsi qu’à la maitrise des extensions urbaines.
Maintenir la diversité paysagère des clairières agricoles
Les paysages du Gosse-Seignanx sont constitués d’une alternance de boisements et de champs qui s’imbriquent plus ou moins fortement. Les clairières habitées se découvrent au fil des ouvertures, entrecoupées de traversées boisées. L’ouverture des clairières est par endroits altérée par des extensions urbaines ou de boisements au fil du temps. Une vigilance s’impose pour affermir un équilibre qui n’oublie pas le rôle important de l’agriculture dans le maintien de l’ouverture des paysages. Cela implique une dynamique agricole suffisante, diversifiée et reconnue face à la pression urbaine. Concernant les boisements qui constituent la toile de fond du paysage et les premiers plans des routes forestières, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments de qualité. Toutes ces attentions concourent à offrir un aspect plus « jardiné » et diversifié de la forêt, en accord avec ce paysage composite.
Pistes d’actions envisageables :
– Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage : cultures, prairies, bosquets, bois.
– Reconnaître l’atout des parcelles agricoles dans les documents de planification. Leur donner un statut fort face à l’urbanisation.
– Maintenir une diversité de taille de parcelles. Eviter les regroupements trop importants. Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire.
– Etre vigilant face à l’évolution de la monoculture de maïs. Privilégier des rotations de cultures diversifiées.
– Surveiller la progression des friches et des boisements, vecteurs de fermeture du paysage. Eviter toute plantation forestière sur les parcelles agricoles.
– Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des espaces agricoles.
– Gérer et planter les abords des fermes et des villages tout en veillant à ne pas les masquer. Planter les abords des nouvelles constructions.
– Maintenir des lisières forestières variées le long des chemins et des routes. Privilégier des lisières mixtes feuillus-conifères. Préserver et mettre en valeur des arbres remarquables.
– Maintenir ou créer un réseau de chemins accessibles sans culs-de-sac, surtout en périphérie des villages. Planter des arbres d’essences locales le long des chemins.
Garder la lisibilité des vallons
Le Gosse-Seignanx est parcouru par de nombreux vallons et petites vallées. Les situations en belvédère ou les points de basculement méritent d’être perceptibles, voire pour certains d’être mis en valeur. Ce paysage se lit aussi en creux avec de petits couloirs en fond de vallon qui structurent ce territoire. Ces fonds proposent une découverte plus intime du territoire dans une ambiance plus fraiche. Le pâturage se maintient à certains endroits formant de petits couloirs de prés. Mais les boisements ou les peupleraies ont conquis de nombreux vallons, atténuant ainsi leur lisibilité, parfois les gommant complètement du paysage. En complément des hauts ouverts en polyculture, il est intéressant de conserver une certaine ouverture des vallons et des vallées. Dans ce territoire au relief relativement doux, la perception des coteaux avec les basculements des routes vers le fond, l’ouverture des fonds de vallons autour de la rivière ou d’un étang, créent des repères dans le paysage.
Pistes d’actions envisageables :
– Gérer la végétation pour percevoir depuis les hauts le relief du vallon.
– Mettre en valeur les lieux de belvédère avant de basculer notamment vers la vallée de l’Adour.
– Surveiller la progression des friches et des boisements, vecteurs de fermeture du paysage.
– Réfléchir le développement des peupleraies vis-à-vis de l’échelle du vallon ou de la vallée, au regard de leur impact visuel. Fractionner les peupleraies pour éviter un effet d’écran continu.
– Réfléchir à la place de l’arbre dans les vallées, notamment aux endroits les plus sensibles : confluences, proximité des bourgs et des ponts.
– Maintenir des espaces ouverts en prairie près des cours d’eau, des étangs.
– Conserver le pâturage des fonds et des coteaux. Pérenniser l’ouverture des prairies dans les fonds. Préserver des groupes de pâtures de taille suffisante pour conserver un attrait pour les agriculteurs.
– Restaurer la continuité des ouvertures dans les fonds de vallée. Remettre en contact les petites ouvertures proches.
– Mettre en place une gestion alternative (troupeau communal, fauche par association environnementale…) en l’absence de reprise agricole.
– Dégager les vues depuis les routes de fond de vallée.
– Mettre en valeur les ponts et leurs abords qui constituent un petit événement.
Maîtriser le développement de l’urbanisation
L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. La proximité du littoral et de l’agglomération de Bayonne entraine une pression foncière importante dans le Gosse-Seignanx. L’urbanisation linéaire et le mitage, ainsi que les lotissements tournés sur eux-mêmes, déconnectés du centre, desservent la qualité des paysages en le banalisant, créant des premiers plans qui occultent les vues. Cela produit des paysages périurbains peu qualitatifs. Il est important de tenter d’améliorer les opérations existantes et de promouvoir à l’avenir des modes de développement différents. Il est intéressant de réfléchir à la forme et à l’implantation des nouvelles constructions et aux connexions avec le centre-bourg. L’enjeu est de créer de véritables quartiers, reliés au centre.
Pistes d’actions envisageables :
– Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire l’urbanisation linéaire et le mitage. Adapter le développement du bourg à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols.
– Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression urbaine. Eviter la fragmentation des espaces agricoles.
– Affirmer les entrées de bourg et requalifier les voies d’accès.
– Réfléchir à la densité urbaine et l’appliquer sur certaines opérations.
– Requalifier les extensions urbaines en faisant appel à l’urbanisme végétal en lien avec le réchauffement climatique. Prévoir des espaces publics structurants ou de liaisons.
– Encourager le renouvellement urbain en recherchant une densité proche de celles des bourgs anciens. Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement au profit de quartiers reliés avec le centre bourg. Créer de nouvelles voies et un maillage viaire.
– Maintenir la silhouette groupée des bourgs.
– Préserver un maillage de chemins autour des villages. Instaurer des transitions avec les espaces forestiers ou agricoles.
– Aménager des espaces de transition en périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village.
Valoriser les itinéraires routiers et les chemins
Les voies de communication constituent une vitrine du territoire et donnent à voir les paysages. La RD 817 est la plus empruntée et a donc une grande importance quant à sa perception. La qualité de son parcours réside dans ses amples ondulations et les alignements de platanes majestueux. Les voies secondaires permettent une découverte plus intime et des respirations au contact de la diversité de la polyculture des clairières. Chaque voie met en avant des atouts du paysage à valoriser : point de vue, présence de l’eau, basculement du relief. Il est important de préserver la qualité de ces perceptions et de maîtriser les abords de la route, parfois sollicités par un développement urbain, avec lequel les voies doivent composer. La qualité des aménagements routiers (alignements d’arbres, signalétique, glissières, ouvrages…) a également une importance dans la qualité des itinéraires et doivent s’adapter au contexte avec simplicité. Les carrefours constituent des lieux d’orientation et de ralentissement qui sont aussi des moments de découverte du territoire à soigner. En prolongement des routes, la connexion avec les chemins apporte autant d’occasion d’arpenter le paysage à une autre vitesse.
Pistes d’actions envisageables :
– Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes et particulièrement depuis la RD 817. Garder des vues depuis les points hauts.
– Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, point de vue, point de basculement).
– Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion des alignements d’arbres.
– Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
– Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours ou des échangeurs.
– Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
– Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Privilégier un aménagement de la périphérie du giratoire plutôt que des aménagements anecdotiques de la galette centrale. Prôner une sobriété des aménagements en accord avec le cadre rural.
– Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage : belvédère, berges, espace agricole…
– Préserver un maillage de chemins autour des villages et des bourgs. Relier le territoire aux voies vertes environnantes.
– Mettre en valeur les routes d’accès au marais d’Orx.
Mettre en valeur les espaces publics
Dans le Gosse-Seignanx les structures urbaines sont pour certaines assez lâches à l’origine, avec un regroupement de constructions à un carrefour. Au fil du temps, sont venus s’ajouter des développements urbains sous des formes variées avec des lotissements, des opérations de bâtiments résidentiels à étages, une urbanisation linéaire. Des espaces publics de qualité, non standardisés, préservant le charme des lieux, jouent un grand rôle pour l’image du territoire. Les espaces publics ont donc ici plus particulièrement un rôle dans la cohésion urbaine et la qualité du cadre de vie. Il est important de recréer des liens entre les développements plus récents et les centres d’origine. Dans ce paysage rurbain, il est nécessaire de structurer les nouvelles extensions par des places affirmant des centralités, de travailler sur les entrées, l’aménagement des rues (plantations, cheminement doux…) et les transitions avec l’espace agricole. Il est important que l’aménagement des espaces publics conserve une belle simplicité.
Pistes d’actions envisageables :
– Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village ou le bourg.
– Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
– Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
– Utiliser l’arbre pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail). Préserver et soigner les mails de platanes palissés.
– Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
– Utiliser des matériaux simples mais de qualité pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, pelouse, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité.
– Aménager des tours de villages attractifs en transition avec la campagne.
– Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants en lien avec le centre bourg.
– Créer des liaisons entre les différents quartiers nouvellement construits ou plus anciens. Donner une place aux circulations douces.
– Recomposer les voies des lotissements, diminuer l’emprise du bitume et planter des arbres sur des sols perméables, pour qu’ils bénéficient de bonnes conditions.
Mettre en valeur la présence de l’eau
L’eau se perçoit dans cette unité avec une certaine diversité. La plus évidente est bien sûr celle des marais d’Orx, avec l’étendue d’eau, qui fait déjà l’objet d’une mise en valeur. Puis en complément, il y a la découverte plus intimiste de petites rivières au fond d’un vallon, enfouies sous la végétation. La maitrise de l’eau s’illustre par les lavoirs qui fournissent une halte rafraichissante. Toute occasion de voir, d’accéder et de s’approprier l’eau est riche de potentiel. La présence de l’eau mérite une mise en valeur réfléchie. A l’échelle du grand paysage, l’ouverture visuelle des fonds de vallée permet de révéler la présence des cours d’eau (ligne arborée de la ripisylve, visibilité des méandres, le passage des ponts..) ou des étangs. A une échelle plus intime, l’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves, participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques. Mettre en valeur le parcours de l’eau doit permettre de retrouver une géographie et pour partie une gestion collective du territoire.
Pistes d’actions envisageables :
– Ouvrir des vues aux abords des cours d’eau pour les rendre visibles dans le paysage, notamment depuis les routes suivant le fond de vallée, depuis les ponts, et depuis les routes des versants.
– Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau, mais sans la masquer totalement.
– Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des accès et des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité des villages.
– Restaurer le petit patrimoine lié à l’eau, comme les lavoirs ou les fontaines, avec des aménagements simples.
– Valoriser si possible les accès et la perception des étangs (sentier de berges, gestion de la végétation.
– Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Bleue/Trame Verte.