Perceptions culturelles de la Vallée de l’Adour

Dernière mise à jour : 2 juin 2022

D’Aire-sur-l’Adour jusqu’à Bayonne, les gravures ou cartes postales de la vallée de l’Adour s’attachent le plus souvent au fleuve dans ses traversées urbaines : berges, ponts, bacs, parties de pêche et diverses autres activités humaines y tiennent une place importante. Les photographies aériennes de la deuxième moitié du XXe siècle permettent de montrer plus globalement la vallée qui sépare le plateau landais des contreforts des Pyrénées. Quelques vues anciennes témoignent aussi du fleuve quand son cours prend des allures plus naturelles. Récemment, une exposition et des conférences organisées par les Archives départementales des Landes ont mis à l’honneur le fleuve et contribuent encore à en faire un élément identitaire des paysages landais.

« La chaîne des montagnes ondule à gauche, bleuâtre et pareille à une longue assise de nuées. La riche vallée ressemble à une grande croupe, toute regorgeante d’arbres fruitiers et de maïs. Des nuages blancs planent lentement au plus haut du ciel, comme une volée de cygnes tranquilles. L’œil se repose sur le duvet blanc de leurs flancs, et tourne en volupté sur les rondeurs de leurs nobles formes. Ils voguent en troupes, poussés par le vent du sud, d’un essor égal, comme une famille de dieux bienheureux, et de là-haut ils semblent regarder avec tendresse la belle terre qu’ils protègent et vont nourrir. »

Hippolyte Taine (1828-1893), Notes de la provine, 1863

  Les villes traversées par l’Adour

L’Adour lorsqu’il traverse les villes est l’occasion de multiples images. Le fleuve et ses berges, aménagées ou non, mettent en valeur les ensembles bâtis.

Guienne monumentale : ville d’Aire, arrondissement de St-Sever (Landes) / Lith. par Aumont d’après J. Philippe, 1842-1844
Archives départementales des Landes, 21 FI 1

Aire-sur-l’Adour est l’une des première cités baignées par le fleuve dans sa partie landaise. Elle est dominée par une petite colline qui accentue son assise le long du fleuve. Dans cette image, les berges boisées laissent entrapercevoir, au travers d’une large fenêtre, l’ensemble urbain aux imposantes bâtisses groupées.

Les promenades et les berges urbaines

Les berges aménagées ou non pour la promenade sont en soi des motifs de représentations anciennes, plus rarement contemporaines.

Aire-sur-l’Adour, Promenade des platanes, carte postale, 1907
Archives départementales des Landes, 1 Fi 4804

Prise depuis un des ponts de la ville, cette photographie du début du XXe siècle montre l’emprise et l’ampleur de la promenade plantée de 4 rangées de platanes le long de l’Adour.

Dax, Vue de Dax, sn, sd
Archives départementales des Landes, 6FI 110

Une vue emblématique de Dax et de ses établissements de bains. Le quai, suggéré à gauche joue à la fois un rôle de promenade et permet de contempler la mise en scène des bâtiments installés le long du fleuve.

Dax, L’Adour et Promenade des Baignots, années 1970
Archives départementales des Landes, 1 Fi 266

 
Cette représentation de Dax plus récente que la précédente est prise à partir de l’autre rive, sur le parcours de la promenade des Baignots qui longe le fleuve.
 

 
Grenade-sur-l’Adour, La place, carte postale, années 1950-60
Archives départementales des Landes, 1 Fi 5912

 
C’est par la photographie aérienne que le paysage de la ville de Grenade-sur-l’Adour est dévoilé : son implantation dans l’environnement bien sensible de la vallée, et son organisation autour de sa grande place carrée récemment replantée, semblant tourner le dos au fleuve.
 

 

 

  L’Adour, des images d’un cours d’eau naturel

Quelques images mettent en valeur des ambiances plus naturelles de l’Adour. En aval du fleuve, les barthes, terrasses inondées et valorisées, sont depuis le début du XXe siècle des motifs de représentation. Aujourd’hui ces paysages spécifiques font l’objet d’attention notamment en termes de biodiversité (réserve naturelle de Lesgau) sans produire pour autant de représentations notables.

Tercis, Vue sur l’Adour, carte postale, sd
Centre culturel du pays d’Orthe

 
En aval de Dax, cette carte postale de Tercis de la première moitié du XXe siècle valorise les ambiances naturelles du fleuve et de son lit.
 

 
Pontonx-sur-l’Adour, Les bords de l’Adour, sd
Archives départementales des Landes, 1 Fi 5607

 
Même si le village n’est pas loin – on aperçoit le clocher de Pontonx-sur-l’Adour qui dépasse d’un bosquet d’arbres - les rives de l’Adour proposent de fortes ambiances naturelles à proximité des barthes, dans un secteur de la vallée où s’enchaînent les méandres.
 

 
Préchacq-les-Bains, Établissement Thermal de Préchacq-les-Bains, Un coin de Parc, années 1960
Archives départementales des Landes, 1 Fi 1118

Cette carte postale des années 1960 magnifie le paysage des rives de l’Adour aux ambiances naturelles. Elle allie la représentation du plaisir de la promenade dans le parc de l’établissement thermal de Préchacq et la beauté du paysage des bords du fleuve.

Les barthes : un paysage en soi

Saubusse-les-Bains, vue d’ensemble, sd
Archives départementales des Landes, 1 Fi 9076

Cette carte postale du début du XXe siècle documente cette partie très particulière de la rive droite de la vallée de l’Adour en amont de Bayonne : les barthes, terrasses très planes et inondables du fleuve qui ont été valorisées grâce à des systèmes de digues et de canaux depuis les XVII et XVIIIe siècle pour l’agriculture et l’élevage. [1]

Les barthes de l’Adour, CPIE Les barthes de l’Adour, sd
CPIE de Seignanx
Pontonx-sur-l’Adour, vue aérienne sur les barthes, 2022
Site Internet de la ville de Pontonx-sur-l’Adour

A gauche, une photographie contemporaine des barthes qui valorise ce paysage aux multiples qualités écologiques et esthétiques que de nombreuses promenades et itinéraires de découvertes parcourent.
A droite, les barthes, paysage secret, sont plus facilement appréhendées grâce à des vues aériennes. Présente en bonne place sur le site Internet de la ville de Pontonx, cette photographie démontre l’attachement des habitants à ce paysage particulier de la vallée de l’Adour.

Bords de l’Adour : Coupe des « Barthes de l’Adour », projection axonométrique. 2014
Archives départementales des Landes, 71 FI 101

 
Ce bloc diagramme est une des illustrations du livre que Dominique Duplantier a consacré aux maisons landaises. C’est par ce mode de représentation original et pédagogique – le seul de l’ouvrage – qu’il a choisi d’exprimer le paysage et le fonctionnement des barthes pour mettre en valeur sa spécificité.

 

 

  La vallée comme paysage

Dans le corpus des cartes postales anciennes, c’est depuis les belvédères de Saint-Sever que la vallée est appréhendée dans son ensemble. Viendront plus tard les photographies aériennes qui compenseront la difficulté de voir la vallée en tant que paysage à part entière.

Saint-Sever, vue prise de Morlanne, début XXe siècle
Coll. Part.

Les belvédères de Saint-Sever et les vues qu’ils offrent sur l’Adour ont été bien valorisés par les photographes de cartes postales anciennes. Ici, le panorama depuis la butte de Morlanne à l’ouest de la ville permet d’embrasser le cours du fleuve et, au-delà du pont, vers le nord, le Marsan et l’horizon de la forêt landaise.

Vicq. Le confluent de l’Adour et de la Midouze, photographie aérienne oblique, 1957
Archives départementales des Landes, 44 FI 3 (Collection de vues aériennes LAPIE (documentation pédagogique).
Saint-Paul-lès-Dax. Une cité, 1956
Archives départementales des Landes, 44 FI 14, Collection de vues aériennes LAPIE (documentation pédagogique).
 

A gauche, en amont de Dax, cette photo aérienne montre la vallée de l’Adour dans son développement et sa vocation ici essentiellement agricole.
A droite, la photographie aérienne permet aussi de voir les transformations radicales du paysage dues à l’urbanisation qui se développe à partir des années 1950. Même si la vocation pédagogique du cliché peut en expliquer le cadrage, l’Adour n’est plus perçu ici que comme un élément parmi d’autres d’un paysage qui peine à montrer son âme.

  La vallée de l’Adour dans l’imagerie contemporaine

Si l’on excepte les images des villes (Dax tout particulièrement) et des bourgs, et celles des barthes, la vallée de l’Adour est peu présente dans l’imagerie contemporaine, qu’elle émane du tourisme institutionnel ou des photographes amateurs. Quand ces représentations existent, elles mettent plus volontiers en valeur la naturalité de l’Adour au travers d’images génériques montrant un cours d’eau calme où se reflètent des frondaisons plus ou moins colorées. Peu d’images spécifiques donc. Des circuits de randonnées permettent cependant des incursions un peu plus à l’écart du fleuve et ainsi la perception in situ du paysage de la vallée sans pour autant générer de représentations de lieux particuliers. La vallée de l’Adour, malgré son ampleur n’est finalement que peu mise en valeur par les représentations contemporaines.

L’Adour à Saint-Sever, 2016
© @Jeff-photographe.com
Office de tourisme Landes-Chalosse.com/
François Lassabe, L’Adour à Saubusse, Landes, 2022
Site de partage de photos en ligne Flikr
 

A gauche, une image banale d’un cours d’eau tranquille qu’il est plaisant de regarder. Parmi les images du tourisme, l’Adour et sa vallée sont finalement peu présents en tant que paysage.
A droite, cette photographie propose une vision de l’Adour imprégnée par les ambiances de nature. Même si le fleuve ne peut y être reconnu, l’image en fait percevoir l’atmosphère.

Saubusse, Route inondée, 26/01/2013
Site de partage de photos Flikr

Les crues de l’Adour sont des motifs de représentations aussi bien hier (cartes postales anciennes) qu’aujourd’hui notamment dans la photographie amateur. C’est sans doute leur caractère événementiel et la modification du paysage de la vallée (parfois esthétique) qui retient l’attention. C’est le cas ici dans cette photo où il s’agit manifestement à la fois de documenter l’inondation de la route par l’Adour sorti de son lit, et de montrer le paysage transformé et esthétisé.

[1Voir aussi : En savoir plus, Les barthes de l’Adour