Dynamiques et enjeux paysagers de la Maremne
Dernière mise à jour : 5 septembre 2024
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DYNAMIQUES
La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage. L’exemple choisi se situe aux alentours de Capbreton et Soorts-Hossegor.
La Maremne au XIXe siècle
- Capbreton, Soorts, Carte d’état-major 1820-1866
- Image extraite, Carte d’état-major, Géoportail, 2020/2023
La carte d’Etat-major montre un territoire rural, dominé par les éléments naturels. La forêt recouvre déjà une bonne partie du massif dunaire, bien qu’elle ne soit moins présente sur les dunes les plus proches du littoral. Entre le Boudigau et la côte, le massif dunaire près de Capbreton est alors planté de vignes dont les parcelles dessinent une trame insolite. Ces vignes produisent du vin de sable et contribuent à la tenue des dunes.
Le village de Capbreton est implanté en arrière des dunes, le long du Boudigau, relique de l’ancien tracé de l’Adour. Au nord, Hossegor n’est alors que le nom d’un vaste étang arrière-littoral. Les villages de Soorts et d’Angresse ont pris place sur de légères surélévations de terrain dominant les prés humides (en bleu), drainés par le Bouret et le canal de Monbardon, qui les séparent.
La Maremne au milieu du XXe siècle
- Capbreton, Soorts-Hossegor, Photographie aérienne 1950-1965
- Image extraite, Photographie aérienne, Géoportail, 2020/2023
La photographie aérienne des années 1950-65 permet de préciser l’occupation du sol.
Les aménagements hydrauliques
On remarque au débouché du Boudigau, le tracé rectiligne de l’estacade, édifiée sur décision de Napoléon III de 1858. Elle permet de fixer l’embouchure du Boudigau et de développer les premiers quais. Le lac d’Hossegor, autrefois d’eau douce, a été relié à la mer par le canal d’Hossegor percé en 1876. Il est désormais un lac marin, soumis aux marées. Le lac d’Hossegor constitue un bassin de chasse qui permet de chasser les sables qui s’accumulent et ainsi de pérenniser le port de Capbreton.
L’urbanisation balnéaire du littoral
Les premières dunes sont désormais entièrement urbanisées. La station balnéaire d’Hossegor est lancée au début du XXe siècle. En 1913, la commune associe à son nom originel de Soorts le toponyme de Hossegor. Dans les années 1920, les architectes développent la station, adoptant le style néobasque, créant une « cité-parc » constituée de villas sous les pins. Le front de mer est construit dans les années 1930. On peut noter les tracés sinueux des rues et le maintien du couvert forestier qui sert d’écrin aux villas. Le golf d’Hossegor, construit en 1930, participe à l’attraction quelque peu élitiste de la station dont le slogan était « Hossegor, la station balnéaire des sports élégants ».
Au sud, Capbreton se développe différemment sur une trame plus rectiligne, accueillant un tourisme plus populaire qui se développe avec les congés payés et qui explose à partir des années 1960.
Un paysage rural en arrière des dunes
En s’éloignant du littoral, on peut noter la progression de la pinède qui recouvre presque entièrement le massif dunaire. Les villages de Soorts et d’Angresse sont restés à l’écart du développement urbain balnéaire. Ils prennent place au milieu d’espaces agricoles composés de très petites parcelles vivrières de moins de un hectare. Dans les fonds humides, les parcelles de prés sont un peu plus grandes, atteignant plus souvent l’hectare.
La Maremne aujourd’hui
- Capbreton, Soorts-Hossegor, Photographie aérienne 2018
- Image extraite, Photographie aérienne, Géoportail, 2020/2023
En 1972, le Schéma d’Aménagement de la Côte Aquitaine produit par la MIACA [1] traduit la volonté de l’Etat de maitriser et d’organiser le développement touristique sur le littoral. La création du site inscrit des étangs landais sud (en 1969) fait partie de cette politique qui a permis le respect global d’une organisation du territoire du littoral entre les Secteurs d’Equilibre Naturels et les Unités Principales d’Aménagement auxquelles fait partie le territoire de la Maremne.
Capbreton, port de plaisance
Devenu destination balnéaire, le port de pêche d’origine s’est transformé en port de plaisance sous l’impulsion de la MIACA. De 1973 à 1991, cinq bassins sont aménagés portant la capacité à près de mille anneaux.
Une conurbation littorale
Définie comme Unité Principale d’Aménagement par la MIACA, la côte de la Maremne s’est considérablement urbanisée au point que Capbreton/Soorts-Hossegor/Seignosse-océan forment aujourd’hui une vaste conurbation étirant un front bâti continu de 10 km de long en bord de mer. Sur un à deux kilomètres de large, le massif dunaire littoral est désormais un territoire urbanisé.
Des villages arrière-littoraux qui s’urbanisent
La pression urbaine a désormais impacté les communes de l’arrière littoral. Le village de Soorts est ainsi intégré dans la conurbation littorale. Il en va de même pour les autres communes qui ont connu un développement urbain rapide sous la triple influence de l’attractivité du littoral, de la proximité de l’agglomération basque et de la bonne desserte en voies de communication de la Maremne. Les zones artisanales ou d’activité commerciales sont les nouvelles pièces urbaines apparues à partir des années 60-70.
Des espaces agricoles résiduels
Entre urbanisation et pinède, les espaces agricoles et naturels semblent aujourd’hui résiduels. Ils ont subi une double mutation avec d’un côté un enfrichement progressif des prés humides accompagnant le recul de l’élevage, et de l’autre, des champs qui se sont progressivement urbanisés.
ENJEUX PAYSAGERS
Dans la Maremne, les principaux enjeux paysagers sont liés à la maîtrise des extensions urbaines, à l’image de la forêt et à l’insertion des équipements touristiques.
Maitriser le développement urbain
L’attraction du littoral, une desserte aisée et la proximité de Bayonne ont induit un fort développement sous de nombreuses formes : villas, zones commerciales, immeubles, lotissements… Les coupures urbaines se raréfient. L’image de ce territoire a donc complètement changé. Cet étalement urbain s’est effectué au coup par coup, par tranches ou opérations successives. Des constructions assez récentes ont encore vu le jour sur la bordure littorale. L’un des enjeux est de savoir si l’étalement peut se poursuivre ou non, dans quelles proportions et sous quelles formes. Le maintien de coupures d’urbanisation agricoles et forestières est important pour préserver la qualité de ce territoire si attractif. Une des pistes serait de remodeler l’urbanisation existante. Hormis sur les secteurs patrimoniaux spécifiques, cela peut prendre la forme d’actions de recomposition et de densification urbaine, avec un travail sur les liaisons et les transitions, sur l’affirmation d’une hiérarchie des voies et de centralités bâties et sur la valorisation de lieux fédérateurs. D’autre part, compte tenu du recul du trait de côte, la question de l’évolution de l’urbanisation au contact de la dune reste posée avec la programmation d’un redéploiement plus en arrière de la côte.
Pistes d’actions envisageables :
– Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Interdire l’urbanisation linéaire et le mitage. Privilégier le renouvellement urbain plutôt que de poursuivre l’étalement urbain. Adapter le développement du bourg à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols.
– Travailler sur la recomposition urbaine en renforçant la densité et en affirmant des centralités. Recomposer des groupes de lotissements. Améliorer les espaces publics.
– Travailler sur la densité et maitriser les formes urbaines. Favoriser l’alignement des façades et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs. Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement, préférer des quartiers reliés avec le centre bourg. Créer de nouvelles voies et un maillage viaire, éviter les dessertes en impasses.
– Sur le littoral, intégrer le recul du trait de côte dans la planification de l’urbanisme et dans l’aménagement urbain. Anticiper le repli sur les territoires arrière-littoraux.
– Conserver des coupures d’urbanisations pour garder des respirations paysagères entre les bourgs. Donner aux espaces agricoles, forestiers et naturels une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine. Eviter la fragmentation de ces espaces.
– Qualifier et aménager les abords des zones en développement (zone commerciale, équipement, lotissement).
– Requalifier les abords des zones d’activités situées le long des axes et des entrées de villes. Maîtriser la publicité et les enseignes. Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité.
– Affirmer les entrées, requalifier les voies d’accès et les pénétrantes.
– Offrir un réseau de promenades et de déplacements doux, ainsi que d’espaces de détente.
Accueillir dans le respect des sites
La Maremne accueille une forte population permanente à l’année, qui augmente avec la période estivale. Au-delà de l’océan (dune et plage), les lieux qui semblent plus communs n’ont pas une importance moindre car ils peuvent avoir des rôles complémentaires (transition, liaison, passage, usage de proximité de détente…). Les milieux naturels et les espaces forestiers et agricoles constituent ainsi des atouts à valoriser finement. Des choix sont nécessaires pour proposer différents modes de fréquentation et d’accès.
Les aménagements d’accueil conditionnent pour partie la qualité des lieux touristiques ou du quotidien. Certains sites bénéficient d’une fréquentation pouvant être importante, qui nécessite un encadrement et une attention pour les aménagements, afin de ne pas détruire ce qui en fait l’émotion. Les routes et chemins d’accès méritent ainsi une gestion appropriée. Les aires de stationnement, traitées avec sobriété, sont à positionner judicieusement, en retrait des sites pour permettre une approche pédestre. Les aménagements d’accueil doivent privilégier un mobilier et une signalétique sobres et discrets. Il est important également de maitriser l’implantation des enseignes liées aux activités touristiques qui peuvent rapidement banaliser les lieux. Concilier la fréquentation avec la préservation de la singularité des paysages constitue donc un fort enjeu.
Quelques pistes d’actions envisageables
– Valoriser les paysages et les sites par un plan de paysage. Aboutir à une stratégie générale de valorisation (préservation, aménagement, gestion).
– Favoriser les approches pédestres ou cyclables et pas uniquement automobiles.
– Prévoir des aménagements de qualité et respectant les lieux, rechercher une discrétion des aménagements.
– Etudier l’insertion paysagère des installations touristiques : bâtiments, campings, stationnements... (haies, clôtures, accès, transition avec les routes…).
– Soigner les abords des campings : affichage discret, limites végétalisées, bâtiments et mobile homes privilégiant des couleurs sombres plus discrètes, densité plus faible de mobilhome, parkings arborés, utilisation d’essences locales...
– Promouvoir un balisage et une signalétique discrets et efficaces. Positionner judicieusement les panneaux d’information pour éviter les concurrences visuelles ou de masquer des vues. Règlementer et organiser l’affichage touristique.
– Aménager des stationnements sobres et judicieusement placés. Eloigner les stationnements des abords immédiats des plages. Eviter un traitement routier des stationnements. Privilégier un ombrage de ces espaces. Accompagner les aires de stationnement d’un projet paysager.
– Insérer avec simplicité et qualité les pistes cyclables aux espaces naturels. Améliorer les liaisons douces existantes (vue, abords, arrêt) et poursuivre leur développement.
– Analyser l’aménagement des sites en fonction de leur obsolescence et de l’évolution de la fréquentation. Engager de nouveaux projets d’aménagements plus adaptés aux usages ou aux sites. Redonner de la place aux composantes naturelles des lieux (dune, végétation, sol naturel…).
– Nettoyer régulièrement les sites en démantelant les mobiliers inutiles ou en déshérence : vieilles clôtures, panneaux…
Conserver la forêt et travailler son image
La forêt de pin forme la toile de fond du paysage et sert de lien dans l’urbanisation. Elle conserve encore de grandes unités en retrait des dunes. Symbole du département des Landes, elle constitue un élément identitaire fort. La culture du pin offre aujourd’hui une image rigoureuse de jeunes plantations ordonnées ou de troncs alignés régulièrement, aux effets graphiques indéniables et variés malgré l’utilisation d’une même espèce. Sur la dune, ou à proximité de l’eau, le peuplement de pin prend un aspect plus aléatoire, voire « naturel » ou bien se mêle aux constructions. A cela s’ajoutent des parcelles de feuillus ou encore les colonisations temporaires des parcelles coupées par la molinie, les genêts ou les ajoncs, dans l’attente des plantations. Les forêts galeries le long des courants ou rivières apportent le contrepoint d’ambiances particulières, attractives. N’oublions pas que la présence de la forêt a un pouvoir attractif pour le tourisme. Elle a également un rôle d’espace de proximité et récréatif compte tenu de la forte présence de l’urbanisation. L’implantation et la conservation ciblée d’une ossature d’arbres feuillus, de sujets repères ou encore des modes de culture plus jardinés, l’atténuation de l’impact des chantiers forestiers, gagneraient à être envisagées. Comme sur toute la bande littorale, l’image de la pinède, son évolution et ses usages, ainsi que sa sauvegarde ici, dans un contexte plus urbain, méritent réflexion.
Pistes d’actions envisageables
– Maintenir la présence de la forêt face au développement urbain. Eviter le fractionnement des massifs. Préserver des espaces-tampons entre urbanisation et pinède pour limiter les risques d’incendie.
– Cibler des secteurs plus sensibles, des sites touristiques ou en périphérie de clairières habitées pour mettre en place une forêt jardinée (mixte ou de pins) avec la conservation de sujets âgés entre autre.
– Utiliser les terrains communaux ou domaniaux pour tester des gestions plus diversifiées.
– Retrouver et maintenir une diversité dans la couverture forestière. Eviter les coupes à blanc sur de trop grandes surfaces. Fractionner les plages d’intervention.
– Conserver des sujets en bordure ou dans les parcelles au moment de l’exploitation.
– Préserver des îlots de sénescence et garder des sujets âgés comme points de repères. Conserver des bandes pérennes de pins majestueux.
– Animer les lisières le long des axes routiers. Moduler les lisières pour apporter une diversité. Planter spécifiquement certaines lisières qui resteront en place.
– Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Varier les essences sur les premiers rangs en utilisant des essences locales.
– Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière. Maintenir quelques vieux chênes.
– Implanter, maintenir et renouveler les alignements d’arbres feuillus le long de certaines routes.
– Créer des transitions arborées feuillues avec les cours d’eau ou les petites rivières.
– Atténuer l’impact des chantiers d’exploitation (chemins, andains, stockage des grumes). Conserver des arbres dans les parcelles lors des coupes.
– Concilier propriété privée et accès public aux forêts. Questionner les clôtures dans les espaces forestiers. Eviter leur généralisation. Si nécessaire, les implanter 10 m en retrait de la lisière.
– Porter tout particulièrement une attention à la gestion des forêts galeries le long des courants et des rivières. Eviter une trop grande fermeture. Conserver une diversité arborée feuillue.
Pérenniser l’ouverture des clairières agricoles
Les clairières agricoles sont minoritaires au sein de ce territoire, sauf sur les transitions avec l’unité voisine du Gosse-Seignanx. Elles n’en ont que plus de valeur dans ce tissu forestier et urbain. L’alternance et les respirations qu’elles proposent participent à la qualité et à l’équilibre de ces paysages. Leur disparition induirait une fermeture et une banalisation paysagère encore plus grande. Ces terres ne bénéficiant pas de la protection attribuée au milieu naturel, méritent d’être préservées car elles participent à la qualité du cadre de vie des habitants. Les terres agricoles donnent aussi l’opportunité de réfléchir à des productions agricoles vivrières locales en circuit court (maraichage, vergers, élevage). Cela implique une dynamique agricole suffisante, diversifiée et reconnue face à la force du développement bâti. Avec la proximité de la côte, les clairières agricoles constituent un espace de découverte complémentaire, mais convoité. Une vigilance s’impose pour affermir un équilibre qui n’oublie pas le rôle important du maintien de l’agriculture.
Pistes d’actions envisageables :
– Conserver les clairières agricoles qui ouvrent le paysage et les vues.
– Reconnaître l’atout des parcelles agricoles dans les documents de planification. Leur donner un statut fort face à l’urbanisation. Mettre en place des ZAP [2] pour protéger le foncier agricole des extensions urbaines.
– Surveiller la progression des friches et des boisements, vecteurs de fermeture du paysage. Eviter toute plantation forestière sur les parcelles agricoles.
– Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des clairières.
– Planter les abords des nouvelles constructions et du bâti agricole.
– Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes, des parcelles agricoles localement. Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs. Préserver et mettre en valeur des arbres remarquables.
– Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac. Planter le long des chemins avec des essences locales. Concilier propriété privée des bois et accès public.
– Encourager la mise en place une agriculture vivrière de proximité en circuit court.
Valoriser les itinéraires routiers et les chemins
Il est important de préserver la qualité des perceptions depuis les routes et d’en maîtriser les abords. Les plus forts enjeux concernent la RD 810. Cet axe routier majeur de l’unité relie et traverse les centres de plusieurs communes et a également attiré de nombreuses zones d’activités ou des commerces pour l’effet « vitrine ». Il en résulte un paysage décousu, sans qualité ni identité locale. Les activités proposent une succession d’enseignes, de parkings bitumés, de bâtiments impersonnels et hétéroclites, de clôtures standardisées, qui pénalisent cet axe important.
Une vaste réflexion qualitative sur cet itinéraire est nécessaire pour proposer une image qualitative du territoire aux passants et un cadre de vie de qualité aux riverains. La route, tout en conservant son rôle de transit, doit s’adapter et être aménagée en adéquation avec les milieux urbains qu’elle traverse.
Le réseau secondaire combine desserte locale et circulation de transit estival. Il voit sa physionomie évoluer, avec l’installation de giratoires, chicanes et ralentisseurs, qui lui confèrent un aspect périurbain peu qualitatif. Les aménagements routiers (signalétique, glissières, carrefours, ponts, alignements d’arbres…) ont une importance dans la qualité des itinéraires et doivent s’adapter au contexte avec simplicité, en prenant en compte les différentes séquences paysagères et urbaines. Toute variation ou « évènement » prend ici d’autant plus de force face à l’uniformité de certains linéaires. Il est donc intéressant d’en tirer parti en les valorisant pour jalonner les parcours. La présence d’alignements d’arbres majestueux le long de certaines routes mérite une attention particulière pour préserver, gérer voire développer ce patrimoine si précieux. A une autre échelle, la connexion ou la création d’un réseau de chemins permettra une fréquentation douce à une vitesse plus lente.
Pistes d’actions envisageables :
– Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes et en priorité le long des grands axes vitrine du territoire. Garder des vues et des perspectives sur le paysage environnant.
– Améliorer le contact avec le paysage urbain ou plus rural avec des transitions, des espaces préservés, un recul, des plantations….
– Valoriser les événements jalonnant les parcours : vue, carrefours, traversée urbaine…
– Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion et de renouvellement des alignements d’arbres.
– Privilégier des aménagements simples, adapté au contexte pour les équipements routiers (glissière, signalétique, ilots directionnels…).
– Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage. Les relier à des réseaux de chemins existants.
– Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours ou des échangeurs. Améliorer les transitions et les contacts avec les axes.
– Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route.
– Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes.
– Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Privilégier un aménagement de la périphérie plutôt que de la galette centrale des giratoires. Prôner une sobriété des aménagements en accord avec le cadre rural, urbain ou forestier.
– Mettre en valeur et retrouver des réseaux de chemins à proximité des bourgs, le long des berges, à travers l’espace agricole… Poursuivre la politique d’installations de liaisons douces.
– Travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate : conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essences variées.
Mettre en valeur les espaces publics
Les espaces publics accompagnent l’usager dans ses déplacements et ses activités et conditionnent l’image de ce territoire. Au sein de ce territoire très urbanisé, ils doivent jouer un rôle important dans la composition urbaine en permettant de l’organiser, notamment par les rues, les places, ou encore les avenues, avec une certaine hiérarchie. Quand cela est encore possible, l’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive annonçant la qualité interne des lieux. Il est important d’affirmer les centre-bourgs, avec des espaces publics de qualité afin de structurer le territoire. Il est donc intéressant de continuer à créer des espaces publics structurants pour relier les opérations urbaines entres elles, d’affirmer des centralités, mais aussi de retisser des liens avec « l’urbanisation touristique » des campings. Les espaces publics permettent aussi de créer des transitions avec la forêt ou les espaces naturels. La présence des étangs et de l’océan, ou encore de la forêt, induit une fréquentation étendue d’espaces publics très diversifiés. Dans ces environnements urbains, ruraux ou plus naturels, il est important que les aménagements conservent une belle simplicité, respectent les sites et aident à les révéler.
Pistes d’actions envisageables
– Mettre en valeur des routes d’arrivée. Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village ou le bourg.
– Affirmer les centralités par des espaces publics structurants.
– Conserver l’esprit et l’harmonie des lieux dans les aménagements des espaces publics.
– Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics. Soigner la qualité des aménagements.
– Valoriser le caractère des centres des villages et des bourgs. Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Utiliser un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, herbe, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité.
– Composer les espaces public, suivant les cas, avec le passage de la rivière, le bord de l’étang ou de l’océan.
– Recomposer les espaces publics du front de l’océan en raison de l’érosion du littoral. Privilégier des aménagements plus souples, dans l’esprit du milieu dunaire littoral.
– Conserver ou replanter des arbres de haut jet dans les espaces publics. Utiliser l’arbre pour climatiser les espaces publics. Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail).
– Privilégier les surfaces enherbées ou sablées par rapport au bitume. Maintenir les bas-côtés enherbés le long des rues. Préserver des espaces ouverts autour du village.
– Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics en lien avec le centre-bourg ou les quartiers voisins.
– Poursuivre l’offre d’un réseau de promenades et de déplacements doux, ainsi que d’espaces de détente.
Préserver et mettre en valeur le patrimoine bâti
L’architecture balnéaire est ici incontournable, premier témoin de l’essor des stations balnéaires de cette partie de la côte landaise. Le front de mer de Capbreton a conservé des architectures d’époques diversifiées. Une mention particulière concerne le site du lac d’Hossegor et ses « villas sous les pins ». Cette architecture, se déclinant et conjuguant à travers plus de 400 villas le style basco-landais et le mouvement art-déco, magnifie et interagit avec le grand miroir d’eau du lac qu’elle borde. Ce qui est important c’est la constitution d’un ensemble qui affirme encore sa présence remarquable. Ce patrimoine urbain et bâti et paysager mérite une attention particulière afin de le préserver. La Cité des forges de Tarnos constitue dans un registre différent un autre élément du patrimoine du XIXe siècle.
Pistes d’actions envisageables :
– Inventorier et réhabiliter le patrimoine bâti balnéaire.
– Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti et à la spécificité de son implantation. Prendre en compte la variété des modes de construction ; repérer les spécificités pour éviter l’uniformisation. Impliquer les professionnels du bâtiment pour sauvegarder et valoriser cette diversité.
– Créer des réseaux pour mutualiser les moyens (aide technique et financière, liens avec les associations, référence d’artisans spécialisés).
– Alimenter les sites d’information sur toutes les données patrimoniales. Restituer aux habitants la connaissance sur la valeur patrimoniale de leur bien.
– Valoriser la diversité du patrimoine bâti, sans hiérarchie en fonction de l’ancienneté.
– Eviter l’accolement ou la proximité d’architectures banalisantes.
– Veiller à la cohérence des lots en cas de divisions de propriétés pour favoriser l’intégrité du bâti et son avenir, mais aussi pour garder l’image d’ensemble. Etudier avec soin tout phénomène de densification.
– Réfléchir à l’implantation et à l’architecture des nouveaux bâtiments en covisibilité. Permettre la création architecturale contemporaine dans le respect du bâti existant.
– Préserver le cadre arboré qui participe au charme des « villas sous les pins ».
– Travailler sur la transition entre les constructions patrimoniales et l’eau.
Mettre en valeur la présence de l’eau
La présence de l’eau est tout d’abord éclatante et forte avec l’océan qui cristallise l’attirance première sur ce territoire. Une vigilance s’impose afin que la forte fréquentation n’altère pas la qualité de ce littoral et que l’on puisse toujours ressentir l’émotion qu’il provoque (recul de la place de la voiture, protection de la dune, aménagement des accès, plan plage…).
Plus à l’intérieur, l’eau s’impose aussi dans un contexte urbain autour du lac d’Hossegor, du canal et du port de Capbreton. L’eau se décline aussi plus intimement et discrètement à travers les petits étangs, les rivières, les rigoles et canaux à travers les fonds humides ou encore l’étendue des petits marais. La présence de cette eau doit imposer le respect et composer aussi avec l’urbanisation (marge de recul, cheminement doux, trait d’union naturel, couloir de la biodiversité). L’eau constitue un atout majeur de ce territoire et toute occasion de la côtoyer ou la découvrir est à considérer. Les enjeux tournent autour de la qualité des accès à l’eau, de la gestion de la végétation révélant des ambiances et des milieux attractifs, et de l’aménagement de ses abords sans dénaturer les lieux. L’eau est un formidable support de liaisons douces et d’espaces publics dans les secteurs urbanisés. Cette dynamique de valorisation doit également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.
Pistes d’actions envisageables :
– Aménager avec soin les abords de l’urbanisation sur les cours d’eau, les canaux, les étangs ou l’océan. Utiliser le chemin de l’eau pour relier les parties urbanisées ou plus largement à travers ce territoire.
– Recomposer les espaces publics du front de l’océan en raison de l’érosion du littoral. Recomposer tout le linéaire arrière dunaire en termes d’accès et d’espace de transition avec la dune. Revoir la place de la voiture et du stationnement.
– Donner accès à l’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des accès et des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité de l’urbanisation.
– Tisser des liens doux entre l’urbanisation et l’eau.
– Aménager les espaces publics attractifs le long de l’eau.
– Gérer la végétation pour voir l’eau depuis les points de passage au-dessus des crastes, des courants, des rivières. Mettre en valeur les petits ouvrages autour de l’eau.
– Mettre en valeur les sites particuliers : confluence, jetée, marais…
– Utiliser des techniques douces pour la stabilisation des berges. Proscrire le béton et les enrochements.
– Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Verte et Bleue.