Portrait de la Maremne
Dernière mise à jour : 1er février 2023
LIMITES
Au nord
La forêt de pins et le littoral se poursuivent sans coupure vers le nord, formant une transition vers un paysage moins urbanisé.
A l’est
La RD810 et ses franges forment la limite de la Maremne, laissant la place aux paysages vallonnés du Seignanx au sud et à la vallée de l’Adour au nord.
Au sud
L’Adour forme une limite physique franche avant l’urbanisation importante de Bayonne dans le département des Pyrénées Atlantiques.
A l’ouest
Vers l’ouest, la plage puis l’océan s’ouvrent sur un horizon infini qui forme une limite physique.
PORTRAIT SENSIBLE
Un territoire urbanisé entre littoral, Adour et plateau landais
Cette unité est très particulière au regard du reste des Landes et se distingue nettement par la forte présence de l’urbanisation sous de nombreuses formes. Hormis par son passé de passage ou d’échange, lisible par les nombreuses infrastructures qui le traverse, l’histoire de cette unité paysagère ne ressort pas de prime abord compte tenu de la pression foncière qui a noyé les centres anciens, et dilué les centralités urbaines. La présence de la forêt de pin constitue encore le liant à travers ces paysages, qui forment une articulation entre le littoral et le plateau landais. Hormis sur le littoral avec la présence de l’océan, aucune structure paysagère ou naturelle forte n’apparaît au fil des déplacements. Il y a cependant au loin la chaine montagneuse des Pyrénées qui se dresse par beau temps, formant une masse dominante, comme un tableau à l’horizon. Plus près, au sud, l’Adour et son estuaire forment une rupture forte et une limite franche.
Un paysage de juxtaposition
Ces paysages semblent composer un patchwork aléatoire de forêts, de marais, d’étangs, de clairières agricoles, d’urbanisation, aux ambiances périurbaines ou rurbaines. On passe d’une occupation du sol à une autre avec un paysage qui se décompose et se recompose. Tout s’imbrique et se mélange et l’absence de réelles coupures urbaines brouille la perception. Des lotissements ou l’extension d’une zone d’activités se juxtaposent à une clairière agricole encore active, de façon parfois décousue. Il n’est pas toujours aisé de s’orienter et les vues lointaines sont absentes. Ce paysage montre finalement une image « moderne » mais comme s’il était encore en mutation et n’avait pas encore trouvé son équilibre.
Un littoral plus anthropisé
C’est pour partie la présence de l’Océan qui cristallise le fort développement urbain, en plus de la proximité de Bayonne et des axes de communication. Mais sur cette partie du littoral les plages sont plus facilement atteignables, les ondulations du cordon dunaire sont moins étendues voire disparaissent pratiquement dans la partie sud. L’accès à l’océan constitue un événement majeur avec le basculement sur la plage et la découverte de l’immensité, de la force de l’eau toujours mouvante et changeante, du bruit des vagues déferlant, de l’ouverture infinie, du rapport aux éléments (ciel, vent, eau, sable) avec un grand dénuement. L’horizon marin s’impose avec force. Mais en Maremne, la dominante naturelle s’estompe avec la forte présence de stations balnéaires très étendues et imbriquées avec les dunes boisées, qui créent un rapport et une arrivée sur l’océan bien plus maitrisée.
Une eau qui se décline du naturel à l’urbain
Il ne faut pas oublier que ce territoire compose aussi avec l’eau qui est présente à l’intérieur des terres. Le Boudigau (exutoire du marais d’Orx), l’Anguillère (venant des petites étangs de Garros et du Turc), le canal de Montbardon et le Bourret (drainant les marais autour d’Angresse), qui si on s’y attache, donnent une autre lecture de ces paysages. A côté de l’océan, la présence de l’eau forme un contrepoint et un contraste plus naturel face à l’urbanisation. En composant avec cette dernière (Lac d’Hossegor) elle offre une plus-value remarquable qui participe à la renommée des lieux. L’intimité des marais (rigoles, zones humides), les perspectives des canaux, les divagations des rivières avec leur forêt galerie, les petits étangs formant des miroirs, constituent des atouts indéniables de ces paysages.
Des contrastes urbains entre villégiature et lotissement
Une grande diversité d’ambiances urbaines caractérise la Maremne et exprime des logiques de développement bien différentes. Tout d’abord ce qui fait la renommée de cette unité reste les stations mythiques, comme Hossegor à l’architecture typée, historiquement chic et prestigieuse. D’autres ont eu un développement lié au tourisme de masse et offrent une image plus datée, des années 70. A ces développements en bordure d’océan, s’ajoute un étalement urbain, plus banal et aléatoire, en lotissements en nappe à l’intérieur des terres. Ces extensions importantes gomment pour partie les centres plus anciens dont on ne perçoit plus toujours l’existence. Les zones commerciales ou d’activités s’étendent par endroits, notamment le long de la RD 810 qui traverse et relie les bourgs, ne laissant plus que quelques coupures non urbanisées. Cette voie montre par endroits un aspect très routier, traversant l’urbanisation comme une coupure, entrecoupée de carrefours successifs, alors qu’elle irrigue et fédère ce territoire.
PAYSAGES URBAINS
La Maremne est une unité sous influence de l’agglomération bayonnaise, bien desservie par des infrastructures de transit. La pression foncière s’exerce aussi bien sur le littoral pour des résidences de villégiature que le long de la desserte routière, la RD 810 ou les sorties d’autoroute. Les paysages bâtis que l’on découvre dans la traversée de l’unité sont hétérogènes : des villas pittoresques sous les pins, des quartiers d’extensions très lâches, ou à l’inverse dans la partie sud, sur les communes les plus proches de Bayonne, comme Tarnos et Ondres, un paysage urbain dense d’immeubles construits à l’alignement de la rue. Le paysage de la route est aussi impacté par la pression démographique, avec les grandes zones artisanales ou commerciales qui se sont développées le long des axes. Les formes urbaines villageoises repérables sur le cadastre napoléonien, du début XIXe ont été bouleversées et la plupart sont devenues illisibles dans le paysage bâti actuel.
La forêt grignotée
La forte pression démographique a induit un développement urbain très important. Comme souvent, les projets sont accrochés au réseau viaire et sont conçus sur le mode de l’extension sur l’espace non bâti, et donc sur la forêt, comme si le projet urbain prévalait sous tout autre forme d’occupation. Cette dynamique a, d’une part réduit les coupures d’urbanisation entre les communes et les quartiers et d’autre part, elle a enclavé des poches non bâties, des boisements en vallons ou des terrains agricoles. C’est ainsi que les secteurs non bâtis prennent un aspect relictuel. Leur valeur d’usage est fragilisée par l’isolement et l’absence ou quasi absence de desserte, y compris sous forme de liaisons douces. Le tracé des grandes infrastructures a ajouté des césures supplémentaires qui ne sont pas systématiquement relayées par un nouveau maillage de voies secondaires ou de chemins.
Capbreton, seul port maritime du département
Capbreton, comme Vieux-Boucau, est un village implanté proche de l’océan, à environ un km du rivage, à la différence de la plupart des autres communes qui ont développé des antennes littorales à partir d’un village en retrait dans les terres. Les plans anciens, le plan par masses de cultures et le cadastre napoléonien en donnent une cartographie claire. Au début du XIXe siècle, le village se cantonne en rive droite du Boudigau, il prend une forme urbaine irrégulière, avec 4 rues principales qui sont encore bien visibles aujourd’hui. Il est alors séparé de l’océan par une épaisseur de dunes, plantées de vignes dont les parcelles en arc de cercle dessinent une trame insolite. Ces vignes qui produisaient du vin de sable contribuaient à la tenue des dunes (Pour en savoir voir : Le vignoble landais).
Le Boudigau qui se prolongeait par le havre de Capbreton était un lien direct à l’océan ce qui a permis de développer un grand port de plaisance. Le port est aménagé à la confluence du Boudigau et du ruisseau du Bouret, en amont de l’exutoire du lac d’Hossegor. Sa construction va entrainer en parallèle la construction d’immeubles en périphérie des bassins. Aujourd’hui, la commune qui s’est grandement étendue, offre des ambiances bâties très contrastées. Le centre-bourg a conservé son échelle avec ses rues étroites, le Boudigau a pris un tracé plus régulier. Le front de mer présente des architectures d’époques et d’aspects différents. Le quartier du port porté par un projet d’ensemble est plus homogène, il se compose d’immeubles de 4 à 5 niveaux, coiffés par des grands pans de toiture, « à la landaise ». Même s’il reste des quartiers plus traditionnels de villas sous les pins, Capbreton a désormais un aspect très urbain.
Hossegor, une cité parc
Le centre d’Hossegor est distant de 2 km à peine du centre de Capbreton, mais ce sont deux voisines bien différentes. Hossegor voit le jour au début du XXe siècle, c’est la station balnéaire de Soorts, dont les 2 noms seront accolés en 1913. Hossegor nait sous les pins. Les premières villas s’installent sur les dunes autour du lac, le front de mer est construit dans les années 30. Dans l’entre-deux guerres, Hossegor devient le terrain d’expression d’architectes inspirés qui vont décliner et conjuguer le style basque, l’inspiration landaise et le mouvement art déco, construisant plus de 400 villas qui font partie de l’identité de la station. Ils inventent le style « basco-landais » dont il reste de beaux exemples, et en particulier le Sporting-Casino. Dans la deuxième partie du XXe siècle, la ville s’étend et certains quartiers vont se densifier comme le centre-ville, la rive est du lac et bien sûr les quartiers récents. Mais la présence du pin reste forte, et l’image d’une cité-parc reste attachée à Hossegor.
Densité, étalement : 2 modèles
Le secteur de Capbreton-Soorts-Hossegor en lien avec Vieux-Boucau, était identifié par la Mission Interministérielle de la Côte Aquitaine (Miaca) comme Unité Principale d’Aménagement, la plus au sud de la côte Aquitaine et du département. Le schéma directeur de la Miaca divisait le littoral aquitain en 9 Unités Principales d’Aménagement, où étaient concentrés les équipements, séparés par 7 Secteurs d’Equilibre Naturel où l’accent portait sur la protection du milieu naturel. La station de Seignosse-Le Penon correspond à cette politique d’aménagement qui se caractérise par la construction d’immeubles de 4 à 5 étages, distribués autour d’espaces réservés aux piétons qui réunissent services et commerces. C’était une sorte de ville nouvelle dense, construite en pied de dunes.
A l’opposé de ce modèle d’urbanisme raisonné, on rencontre des secteurs d’étalement, soit sous la forme de quartiers de villas individuelles, soit sous la forme de grandes emprises de campings, équipés de résidences mobiles de loisirs. Ce sont des formes d’enclaves, autonomes qui ne tissent pas de lien avec la ville et les quartiers voisins et qui consomment un foncier forestier important.
Entre jardins et forêt
A quelques kilomètres en retrait du littoral, la pression exercée par l’activité touristique s’estompe, les signes disparaissent, comme la signalétique et les commerces dédiés. On retrouve une centralité autour de la mairie, de l’église ou de la halle. Même si ces communes se sont beaucoup étendues en accueillant des quartiers entiers de maisons individuelles, grâce à cette centralité d’origine, elles conservent un caractère villageois, Une autre caractéristique tient à l’adossement au massif forestier et surtout à la présence de jardins et à la végétation qui s’immisce entre les bâtiments assurant une forme de cohésion d’ensemble. C’est le cas par exemple de Seignosse ou de Soorts qui sont des communes à deux visages, côté mer et côté terre.
LES ELEMENTS DU PAYSAGE
La plage et la dune
C’est sur la côte landaise un espace qui semble infini et qui évoque la liberté. Propice à la contemplation, elle offre des ambiances variées selon les marées et la saison. La force des vagues et du vent et la mouvance du sable apparaissent ici pleinement. Dans la Maremne, ces lieux prennent souvent une tonalité urbaine par des aménagements ou la présence de l’urbanisation sur et en pied de dune.
Le parking littoral
C’est le premier contact physique avec un site, le point de départ vers l’océan. Dans les stations, l’aire de stationnement est parfois peu séduisante, vaste étendue minérale balayée par le vent et le sable, sous le soleil, c’est un espace vide une partie de l’année, animé en saison touristique.
La piste cyclable
Elle permet de traverser en douceur les dunes et la forêt, d’accéder à la mer ou se promener à travers la forêt de pin. Dans cette unité très urbanisée elle a également un rôle de liaison douce entre les différents pôles urbains et donc un usage plus quotidien.
La toile de fond des Pyrénées
Le massif pyrénéen apparaît en toile de fond lorsque la météorologie s’y prête. Cet horizon majestueux donne une échelle plus vaste au paysage.
La forêt de pins
La pinède constitue la toile de fond de ce paysage en partie urbanisé. Les pins et leurs troncs verticaux créent par transparence des effets graphiques. Le relief et les coupes participent aussi à la diversité des perceptions et des mises en scène.
Le chêne liège
Il se remarque avec son tronc rugueux, ou plus lisse lorsqu’il a été exploité. Il jalonne certaines routes ou les parcelles forestières, même dans les coupes, comme un élément permanent dans une forêt de pins à rotation rapide.
L’étang et le fond humide
Il se signale par la végétation qui change (saule, aulne, roseau) et le miroir d’eau des étangs qui s’ouvrent au ciel. Autour des ruisseaux qui les alimentent, s’étend souvent une zone humide à la végétation plus exubérante. Dans la Maremne, des parties en marais traversées de crastes et de canaux limitent l’urbanisation et joue un rôle récréatif par endroit, bienvenu dans une unité plus densément peuplée.
La petite clairière agricole
Elle témoigne d’un dynamisme agricole avec par endroits des petites cultures (asperges). Ces clairières offrent des respirations appréciables dans ce paysage qui tend à se refermer avec l’urbanisation.
La villa sous les pins
Les villas hossegoriennes, par exemple, avec leur style basco-landais fondé sur l’alliance « nature-architecture », participent pleinement à créer, dans un cadre boisé de pins, un jardin habité entre lac et océan.
Le mail de platanes palissés
Associé aux places, aux édifices ou aux arènes, cette structure arborée étonnante, dont les branches se soudent à l’horizontal, forme des quadrillages graphiques qui apportent l’ombre l’été.
Le fronton
Les frontons sont nombreux dans la Maremne, témoignant indirectement de la proximité du Pays basque. Les murs et la cancha sont souvent accompagnés d’alignements de platanes taillés ou en forme libre qui ombragent cet espace public.