Dynamiques et enjeux paysagers de la Grande Lande

Dernière mise à jour : 23 octobre 2024

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage. L’exemple choisi se situe aux alentours de Garrosse.

La Grande Lande au XIXe siècle

Garrosse, Carte d’Etat-Major 1820-1866

La carte d’Etat-major montre un paysage très différent de celui d’aujourd’hui

L’essentiel du territoire est occupé par des landes (en beige). Humides en hiver, elles constituaient en saison sèche des terrains de parcours pour les troupeaux de moutons. Les lagunes (en bleu) au milieu des landes fournissaient des points d’eau aux troupeaux.
Les rares terres de culture se localisent autour des villages et des airiaux qui sont concentrés à proximité des versants des vallons, offrant des terrains mieux drainés.

Les bois (en vert) occupent également une superficie importante. Les lois de 1857 et 1860 obligeant les communes à assainir et à boiser leurs landes vont entrainer un boisement massif en quelques décennies des terres de pacage.

Napoléon III a souhaité le développement des liaisons ferroviaires et routières. La Compagnie des Chemins de Fer du Midi ouvre la ligne de Bordeaux à Dax en 1854 et à Bayonne en 1855, avec embranchement de Morcenx à Mont-de-Marsan et Tarbes en 1859. Ce réseau sera complété à partir de 1875-1880 par des voies d’intérêt local qui permettent la vente des produits forestiers au-dehors.
Dès 1841, des fossés latéraux sont creusés pour évacuer l’eau vers les étangs du littoral. On construit aussi des routes flanquées de fossés plus profonds que la croûte d’alios souterraine qui retenait l’eau.

La Grande Lande au milieu du XXe siècle

Garrosse, Morcenx, Photographie aérienne 1950-1965

La photographie aérienne des années 1950-65 révèle un paysage radicalement transformé par les plantations de pins.

La pinède omniprésente

Les pins plantés depuis le milieu du XIXe siècle ont conquis la presque totalité du territoire ne laissant plus que quelques petites clairières agricoles à proximité des airiaux. Les landes et les parcs à moutons ont disparu en quelques décennies au profit d’une économie forestière tournée vers la gemme, les scieries et les papeteries.

Les villes nouvelles du chemin de fer

La voie ferrée a entrainé le développement des villages et la création de villes nouvelles, telle Morcenx-gare implantée à trois kilomètres du village de Morcenx-bourg. Autour de son plan en damier et de son axe reliant l’église à la gare, la ville s’est développée rapidement, profitant de l’essor de l’économie forestière.
Il faut souligner la qualité de « l’urbanisme végétal » mis en place avec les mails et les avenues plantés d’arbres qui structurent les espaces urbains. On peut également relever l’alignement d’arbres qui ombrage, sur plus 1,5 km de longueur, la route bordant le sud de la ville (l’actuelle RD38).

La Grande Lande aujourd’hui

Garrosse, Morcenx, Photographie aérienne 2018

La photo aérienne contemporaine révèle plusieurs évolutions :

Le retour des cultures

La pinède de la Grande-Lande a été dévastée par de très grands incendies dans les années 1930-1940. Sur une partie des terres ravagées, ont été implantées par la Compagnie d’Aménagement Rural d’Aquitaine, à partir des années 1950-1960, de vastes plaines céréalières, encadrées de fossés de drainage. L’arrivée des maïs hybrides et le développement de l’irrigation ont transformé le modèle agricole. Sur ces très vastes parcelles, de 40 à 100 ha, le paysage semble avoir changé d’échelle, ouvrant d’immenses clairières de grandes cultures au milieu des pins. Le drainage plus profond a entrainé la disparition d’une bonne partie de lagunes.

Des bourgs qui s’étendent

Les extensions urbaines les plus importantes concernent essentiellement les bourgs. Les zones commerciales marquent de leurs empreintes les périphéries et les entrées de villes, comme à Morcenx le long de la RD38. Les nouveaux quartiers de lotissement tranchent par leur rues souvent courbes ou en impasse et l’absence d’espace public structurant (place, mail, avenue…). Dans la pinède, le développement bâti autour des airiaux et des villages est resté plus modéré.





  ENJEUX PAYSAGERS

Dans la Grande Lande, les enjeux paysagers principaux sont liés à la gestion de la forêt, à la perception des clairières et à leur découverte depuis les routes et les chemins.

Cliquer sur le bloc-diagramme pour faire apparaitre les principales pistes d’actions

Améliorer l’image de la forêt et sa perception

Symbole du département des Landes, la forêt de pins constitue un élément identitaire fort, devenu un atout incontestable et prisé. Généralisée il y a finalement peu de temps, à la fin du 19e siècle, la culture du pin offre aujourd’hui une image rigoureuse de jeunes plantations ordonnées ou de troncs alignés régulièrement aux effets graphiques indéniables et variés malgré l’utilisation d’une seule espèce. A cela s’ajoutent des parcelles de feuillus ou encore de colonisations temporaires par la molinie, les genêts ou les ajoncs dans l’attente des plantations ou de la croissance des pins. Toutes ces déclinaisons cadrent le paysage et forment la toile de fond. N’oublions pas que la présence de la forêt a un pouvoir attractif pour le tourisme. Elle est finalement devenue emblématique. Sa jeunesse « patrimoniale » mérite donc une réflexion quant à son évolution et son image de marque. L’implantation et la conservation ciblée d’une ossature d’arbres, de sujets repères ou encore de modes de culture plus jardinées, l’atténuation de l’impact des chantiers forestiers, gagneraient à être envisagées.

Pistes d’actions envisageables
 Cibler des secteurs plus sensibles, des sites touristiques ou en périphérie de clairières habitées pour mettre en place une forêt jardinée (mixte ou de pins) avec la conservation de sujets âgés.
 Utiliser les terrains disponibles (communaux, domaniaux ou privés) pour tester des gestions plus diversifiées.
 Retrouver et maintenir une diversité dans la couverture forestière. Eviter les coupes à blanc sur de trop grandes surfaces. Fractionner les plages d’intervention.
 Conserver des sujets en bordure ou dans les parcelles au moment de l’exploitation.
 Animer les lisières le long des axes routiers. Moduler les lisières pour apporter une diversité. Planter spécifiquement certaines lisières qui resteront en place.
 Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Varier les essences sur les premiers rangs, en utilisant la palette végétale locale.
 Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière. Maintenir quelques vieux chênes.
 Maintenir et renouveler les alignements d’arbres feuillus le long de certaines routes.
 Conserver des bandes pérennes de pins majestueux. Garder des pins âgés comme points de repère.
 Créer des transitions arborées feuillues avec les cours d’eau ou les petites rivières.
 Atténuer l’impact des chantiers d’exploitation (chemins, andains, stockage des grumes). Conserver des arbres dans les parcelles lors des coupes.
 Concilier propriété privée et accès public aux forêts. Questionner les clôtures dans les espaces forestiers. Eviter leur généralisation. Si nécessaire, les implanter 10 m en retrait de la lisière.

Valoriser les itinéraires routiers et les circulations douces

Dans la Grande lande, la plupart des routes principales sont droites avec de longues perspectives rectilignes pouvant paraître infinies voire monotones. La platitude du relief donne une grande importance à la nature des premiers plans le long de la route qu’il s’agisse des lisières forestières, ou des vues sur de larges horizons de clairière ou de plaine agricole. Il est donc important de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate : conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essence variées… Le long des routes, toute variation ou « évènement » prend ici d’autant plus de force face à l’uniformité de certains linéaires. Il est donc intéressant d’en tirer parti en les valorisant pour jalonner les parcours. Les traversées forestières peuvent être animées par la mise en valeur des carrefours, qu’il s’agisse de simples croisements, d’entrée de pistes forestières ou de grands carrefours. Cette mise en valeur passe par le dégagement de beaux arbres et par une ouverture du paysage créant une clairière au niveau du carrefour. Cela rejoint également des préoccupations de sécurité routière de lisibilité des carrefours. Les carrefours forestiers peuvent également constituer des points d’accroche pour démarrer une découverte douce.

Pistes d’actions envisageables
 Mettre en place des chartes d’itinéraires. Prendre en compte le paysage perçu depuis les routes (séquences paysagères, abords directs, contraste forêt clairière…).
 Valoriser les événements jalonnant les parcours : carrefour, clairière, pont, arbre remarquable…
 Moduler les lisières forestières. Conserver des arbres anciens en bordure des parcelles pour accompagner la route. Proposer des lisières de feuillus pérennes par endroits.
 Porter une attention à l’aménagement des carrefours. Dégager une clairière autour du carrefour. Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection. Planter une ligne d’arbres formant la lisière autour du grand carrefour.
 Conforter ou aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage (vallées des Leyres, étangs…). Les relier à des réseaux de chemins existants.
 Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis. Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
 Privilégier des aménagements simples adaptés au contexte pour les équipements routiers (barrière, signalétique, ilots directionnels…).
 Aménager les entrées et les traversées de bourg. Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, autour des carrefours ou des échangeurs.
 Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
 Retrouver des réseaux de chemins à des endroits stratégiques pour percevoir le paysage : forêt communale, accès à l’eau, parcours sportifs à caractère naturel…
 Relier les voies vertes au reste du territoire.
 Préserver un maillage de chemins publics autour des villages et des bourgs.

Mettre en valeur les clairières

Dans ce paysage forestier, les clairières apportent d’importantes respirations lumineuses. Certaines sont agricoles et mises en culture de façon intensive. Même si la présence de l’arbre est forte tout autour, il serait intéressant d’y maintenir une certaine diversité. Une présence arborée (arbre isolé, bosquet, alignement routier, ripisylve) viendrait animer de façon permanente le paysage des plus vastes d’entre elles et leur redonner des repères. Dans les plaines, une attention particulière est nécessaire afin de mieux absorber l’impact visuel des bâtiments agricoles aux volumes imposants (plantations, couleurs…).
D’autres types de clairières temporaires voient le jour au fil des coupes forestières, changeant les repères dans la forêt. Ces ouvertures animent la forêt et méritent une certaine attention pour accompagner les coupes. Il est intéressant par exemple de conserver quelques arbres âgés au sein de la coupe et en périphérie. Enfin, des clairières sont régulièrement ouvertes pour accueillir des activités (parcs photovoltaïques, urbanisation, cultures). Là également, un traitement soigné des premiers plans ou des éventuelles clôtures est important pour maintenir un paysage de qualité. Ce phénomène étant croissant dans cette unité paysagère, une réflexion s’impose également pour en fixer le cadre, la répartition et l’étendue.

Pistes d’actions envisageables
 Implanter et maintenir l’arbre dans les clairières et les grandes plaines agricoles. Conserver et planter des arbres repères en bordure de parcelles ou au croisement des chemins. Eviter de planter des haies composées d’espèces horticoles.
 Planter des arbres signalant l’entrée de la ferme ou accompagnant les grands bâtiments agricoles des plaines.
 Planter et entretenir des alignements d’arbres le long de certaines routes dans les plaines cultivées.
 Encourager les rotations de cultures diversifiées et éviter les regroupements de parcelles de taille trop importante.
 Planter quelques arbres le long de fossés.
 Maintenir une bande d’arbres non exploités entre la route et les vastes coupes forestières.
 Planter une lisière « jardinée » formant une transition avec les futures coupes.
 Créer des transitions plantées d’essences locales autour des parcs photovoltaïques.

Souligner la présence de l’eau

La Grande Lande est sillonnée par de nombreux petits cours d’eau, mais leur présence n’est guère perceptible, la plupart des ruisseaux ne se signalant que par une inflexion du relief très localisée. A cela s’ajoute la limitation des vues par la forêt qui gomme et uniformise les perceptions. Ainsi la présence de l’eau reste dans la forêt reste souvent confidentielle. Elle se découvre souvent dans un rapport de proximité, à son contact direct, dans l’intimité de la forêt galerie, au contact d’une source, d’une fontaine, d’un lavoir ou d’une lagune. A contrario le dénuement des grandes cultures offre avec évidence les longues perspectives des canaux ou fossés rectilignes, le long des routes ou en bord de parcelles. Contrastant avec le sol sableux paraissant très sec, l’eau étonne lors des périodes pluvieuses avec les inondations qui couvrent les landes humides. L’eau se décline ainsi sous de nombreuses formes. Elle constitue un des atouts des paysages de la Grande Lande. Toute occasion de la côtoyer ou la rendre visible constitue un enjeu à ne pas négliger. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables
 Donner accès à l’eau en préservant les milieux naturels remarquables. Créer ou conforter des cheminements le long de certains cours d’eau à travers la forêt. Organiser les stationnements.
 Rouvrir par endroits la végétation pour rendre visible le cours d’eau depuis les chemins et les routes.
 Retrouver des liens entre la rivière et les villages qui la jouxtent. Redonner de légers points de vue sur l’eau depuis les villages.
 Mettre en place une certaine diversité végétale le long des fossés, en conservant la facilité de gestion.
 Maintenir une distance suffisante entre la pinède cultivée, les grandes cultures et la ripisylve.
 Gérer la végétation pour voir l’eau depuis les ponts.
 Mettre en valeur les lieux liés au patrimoine de l’eau : lavoir, fontaine, source, lagune…
 Utiliser les leviers d’actions de la politique Trame Verte et Bleue.

Mettre en valeur les espaces publics

Les villages au sein de la forêt se caractérisent par des espaces publics simples et relâchés. Ils relient d’une manière informelle les différents édifices et les maisons. Ils n’ont rien d’urbain dans leur organisation fonctionnelle (absence de trottoir, peu de stationnement, peu d’éclairage) et dans leur aménagement (sols stabilisés ou enherbés, peu de sols imperméables). A cela s’ajoute souvent de vieux arbres feuillus qui viennent parfaire l’ambiance au sein d’une clairière. Ce type de traitement des espaces publics est spécifique aux airials des Landes et participe à leur identité et à leur charme. Ces « cœurs habités » si particuliers sont autant de points de repères et d’ancrage face à « l’océan forestier » qui méritent de garder leur simplicité. Dans un tout autre registre, les bourgs, comme Roquefort, Morcenx ou Labouheyre, ont une organisation rigoureuse. Les espaces publics sont cadrés avec rues en quadrillage et places plantées. La présence de l’eau peut être une opportunité pour structurer les espaces publics et leur donner un sens. Un centre bourg animé avec des espaces publics de qualité joue un grand rôle pour l’image de la commune. Il est intéressant de continuer à créer des espaces publics de qualité pour relier les nouveaux quartiers au village ou au bourg. Globalement la qualité des espaces publics dans la Grande Lande est à préserver et à valoriser pour conserver le cachet des bourgs et leur convivialité.

Pistes d’actions envisageables
 Préserver le cachet des places et les mettre en valeur. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
 Respecter et valoriser le caractère rural des centres des villages. Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Utiliser un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics : sol sablé, pierre, arbres, pelouse, suffisent dans bien des cas à composer des espaces de qualité.
 Conserver l’esprit et l’harmonie des lieux dans les aménagements des espaces publics.
 Préserver la spécificité des villages-airials : Conserver ou replanter des arbres de haut jet dans les espaces publics. Privilégier les surfaces enherbées ou sablées au bitume. Maintenir les bas-côtés enherbés le long des rues. Préserver des espaces ouverts autour du village.
 Mettre en valeur des routes d’arrivée. Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village ou le bourg.
 Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail). Préserver, gérer, voire développer les mails de platanes palissés.
 Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics en lien avec le centre bourg.
 Composer, suivant les cas, avec le passage de la rivière, créer des points d’accès, des cheminements et des vues.

Maîtriser les extensions villageoises

Dans la forêt, les villages-airials présentent des formes urbaines lâches. Il est important de s’inspirer de cette simplicité lors de la réalisation de nouveaux quartiers, en gardant notamment une générosité dans les espaces publics. Certaines communes, plus proches des centres urbains, des points de desserte importants (gare, échangeur autoroutier) ou encore sur les axes menant à la côte, subissent une pression urbaine plus importante qui modifie fortement leur forme urbaine. Des extensions en auréole, le long des routes d’accès, voire du mitage induisent alors une banalisation du paysage. La vigilance doit donc rester forte quant à la localisation et la qualité des développements. Il est important de tenter d’améliorer les opérations existantes et de promouvoir à l’avenir des modes de développement différents en harmonie avec ces paysages. La réflexion doit porter sur la dynamisation du centre-bourg, en restaurant et en redonnant vie aux habitations anciennes ou aux commerces délaissés, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg. Il est intéressant de réfléchir à la forme et à l’implantation des nouvelles constructions, aux connexions avec le centre bourg et à un développement harmonieux avec le site d’implantation du village. L’enjeu est de créer de véritables quartiers, reliés au centre, plutôt que des lotissements stéréotypés en vase clos, sans lien avec la logique urbaine du bourg. La construction d’un nouvel équipement est aussi l’occasion de reconsidérer l’organisation du village avec harmonie.

Pistes d’actions envisageables :
 Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire l’urbanisation linéaire et le mitage. Adapter le développement du bourg à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette des sols.
 Affirmer les entrées de bourg et requalifier les voies d’accès.
 Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg. Accompagner les mutations du bâti pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui.
 Requalifier les extensions urbaines en faisant appel à l’urbanisme végétal en lien avec le réchauffement climatique. Prévoir des espaces publics structurants ou de liaisons.
 Encourager le renouvellement urbain en recherchant une densité proche de celles des bourgs anciens. Envisager d’autres formes d’urbanisation que le lotissement au profit de quartiers reliés avec le centre bourg. S’inspirer de l’airial pour la création des nouveaux quartiers d’habitation.
 Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations. Favoriser l’alignement des façades et la mitoyenneté qui font le charme des centre-bourgs denses.
 Préserver la spécificité des villages-airials : conserver une forme urbaine lâche structurée par des espaces publics arborés généreux. Préserver des espaces ouverts entre les villages et la pinède qui ont un rôle de protection contre l’incendie.
 Préserver un maillage de chemins autour des villages. Instaurer des transitions avec les espaces forestiers ou agricoles.
 Conserver l’ambiance des airials et l’ouverture des clairières bâties. Maintenir la distance entre les bâtiments et limiter les haies persistantes opaques. Préférer les clôtures agricoles traditionnelles , plus discrètes.
 Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activités en périphérie. Requalifier les abords des zones d’activités situées le long des axes et des entrées de villes. Maitriser la qualité architecturale des bâtiments d’activités : volume, implantation, couleur…

Protéger et révéler le patrimoine bâti

L’airial constitue la figure mythique et emblématique de la Grande Lande. L’écomusée de Marquèze lui rend hommage. Cette structure agraire simple, isolée au sein d’une clairière de feuillus, qui visait à l’autosuffisance, a bien évolué de nos jours. La plupart ont perdu leur usage agricole au profit d’une utilisation résidentielle. Le cadre paysager, qui participe à la qualité de l’airial, a aussi changé avec la généralisation de la forêt de pin ou la progression des cultures. On retrouve également dans les Petites Landes, des fermes anciennes qui représentent un patrimoine rural et qui méritent aussi une attention particulière. On retrouve dans certains bourgs, des plans urbains et une « modernité » architecturale diversifiée, bien loin des extensions pavillonnaires plus banales. Tout ce patrimoine rural, urbain et bâti, mérite une attention particulière afin de le préserver ou encore de le valoriser. L’enjeu concerne la qualité du cadre de vie quotidien et l’attractivité de ce territoire.

Pistes d’actions envisageables :
 Inventorier et réhabiliter le patrimoine ancien : airial, ferme, forges, église, chapelle, bâti singulier...
 Sensibiliser les propriétaires à l’intérêt du bâti et à la spécificité de son implantation. Prendre en compte la variété des modes de construction ; repérer les spécificités pour éviter l’uniformisation. Impliquer les professionnels du bâtiment pour sauvegarder et valoriser cette diversité.
 Créer des réseaux pour mutualiser les moyens (aide technique et financière, liens avec les associations, référence d’artisans spécialisés).
 Alimenter les sites d’information sur toutes les données patrimoniales. Restituer aux habitants la connaissance sur la valeur patrimoniale de leur village.
 Valoriser le patrimoine bâti du village, sa singularité, son histoire. Prendre en compte et valoriser la diversité du patrimoine bâti, sans hiérarchie en fonction de l’ancienneté.
 Eviter l’accolement de lotissements ou de pavillons aux fermes ou aux airiaux.
 Veiller à la cohérence des lots en cas de divisions de propriétés pour favoriser l’intégrité du bâti et son avenir.
 Maintenir la visibilité du bâti patrimonial en évitant des plantations trop proches.
 Dans les bourgs, réhabiliter et transformer le bâti ancien mitoyen pour répondre aux usages actuels (regroupement de maisons, création de jardin ou de garage, recomposition du bâtiment derrière une façade préservée, restructuration d’îlots…).
 Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son son caractère et son identité.
 Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau (vallées de Leyre, Roquefort).

Mettre en valeur les lieux singuliers de la Grande Lande

Les communes de la Grande Lande possèdent des espaces publics plantés de qualité. Parmi eux, deux vastes places se remarquent tout particulièrement : celles de Labouheyre et de Morcenx. Elles allient la rigueur de leur organisation avec un entourage de façades aux architectures diversifiées, sans oublier le kiosque central. Sur chacune, les mails de platanes palissés à l’horizontale affermissent l’unité des lieux pour former une voute végétale remarquable et attractive. Ces mails de platanes palissés constituent un patrimoine végétal original, caractéristique des places landaises. La lumière l’hiver, l’ombre l’été, la présence de commerces, de lieux culturels confèrent à ces places une animation bien venue pour affirmer un cadre de vie attractif en cœur de bourg.
Roquefort offre un aspect singulier avec la présence de la pierre calcaire, témoignant d’une géologie spécifique au sein de la Grande lande. De petites falaises animent d’ailleurs le tracé de la Douze non loin de la ville. Les deux cours d’eau qui confluent (Douze et Estampon) en bordure ou traversant la ville historique constituent des sillons étonnants, montrant encore la pierre. Mettre en valeur le site d’implantation de la ville et ses singularités constitue un enjeu pour révéler son caractère unique si particulier dans la Lande.

Pistes d’actions pour les places :
 Gérer et entretenir les mails de platanes palissés dans les règles de l’art. Transmettre les savoir-faire aux nouveaux agents en charge des espaces verts et aux entreprises chargées des opérations de taille.
 Etablir un diagnostic phytosanitaire sur le patrimoine végétal existant, et prévoir des interventions pour pérenniser les arbres et améliorer leur état de santé.
 Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
 Conserver un sol empierré et filtrant, éviter bitume ou béton lavé. Eviter l’implantation de mobilier hétéroclite banalisant l’espace.
 Maintenir et implanter des commerces ou des lieux d’animations.
 Protéger et rénover les façades bâties autour de la place.
 Valoriser les espaces publics alentours et les rues connectées à la place.
Pistes d’actions pour Roquefort :
 Révéler le site d’implantation au regard du passage des vallées de la Douze et de l’Estampon. Rendre perceptibles le relief et les affleurements calcaires.
 Valoriser les situations de belvédère sur les vallées dans l’urbanisation.
 Réhabiliter le bâti ancien sur ce site patrimonial dans le respect des caractéristiques architecturales locales (enduits à la chaux, pierre calcaire dure …)
 Mettre en valeur les ponts et leurs abords. Dégager la végétation pour ouvrir des vues.
 Donner accès l’eau et conforter les cheminements en berges.
 Maitriser l’urbanisation sur les rebords de la vallée.