Repères géographiques des Grands Lacs du Born
Dernière mise à jour : 4 février 2023
RELIEF ET EAU
Le relief du littoral landais est marqué par la confrontation entre, à l’est, le plateau landais et, à l’ouest, le massif dunaire.
Le plateau landais
Ce vaste plateau présente des altitudes comprises entre 20 m et 40m. Il descend en pente très douce vers l’ouest. Les points les plus bas sont atteints aux pieds des premières dunes et dans les vallons des multiples ruisseaux qui drainent le plateau.
Un large massif dunaire
Le massif dunaire borde le littoral sur une largeur de 4.5 (Biscarrose-plage), à 7.5 km (Ste-Eulalie-en-Born). Sa largeur est ici, au niveau des Grands Lacs du Born, la plus importante de tout le littoral aquitain.
Le massif dunaire présente un relief complexe, constitué d’une succession de chaînes dunaires séparées par des dépressions (lettes ou lèdes), dont la profondeur atteint fréquemment 30 à 40 m. La succession des dunes présente des sommets dont l’altitude s’élève progressivement vers l’est, depuis la dune bordière (20 à 25 m) jusqu’aux plus hautes dunes atteignant entre 50 m et 75 m.
A l’ouest, la dune vive borde le littoral océanique le long de la plage et s’étend sur quelques centaines de mètres de large. Son altitude varie de 15 à 25 m. Avec un sol purement minéral, elle est localement mobile sous l’action du vent et des tempêtes. La végétation a beaucoup de mal à s’implanter. Aujourd’hui, la stabilisation du cordon dunaire est assurée par l’ONF à l’aide de palissades, de dépôts de branchages et de plantations d’oyats.
Les grands lacs
Situés au nord de la chaîne des étangs landais, les deux grands étangs de Cazaux-Sanguinet (5 800 ha) et Biscarrosse-Parentis (3 600 ha) sont implantés à l’interface entre le massif dunaire et le plateau landais. Ils se différencient des autres étangs littoraux par leur grande superficie qui les fait communément appeler “lacs”. Les étangs sont alimentés par tout un réseau de petits cours d’eau et de fossés (les crastes) drainant le plateau landais.
Leur taille et l’absence d’exutoire direct entre les étangs et l’océan sont liées à la présence d’un cordon dunaire particulièrement large au nord du département.
A l’origine, ils étaient en relation directe avec la mer et formaient de petits estuaires. Leur forme triangulaire évoque les anciennes vallées qu’ils ont submergées et que les courbes marines dessinent en profondeur. Puis, la formation des dunes modernes est venue peu à peu fermer leurs émissaires en contraignant leurs eaux à s’écouler vers le Sud pour rejoindre l’étang d’Aureilhan et, enfin, se déverser vers l’océan par le courant de Mimizan.
L’instabilité des dunes et le comblement des exutoires par le sable eurent pour conséquence de nombreuses fluctuations du niveau d’eau des deux grands étangs et ce n’est qu’au XIXe siècle que leurs contours seront stabilisés grâce au boisement des dunes.
Le canal des Landes a été creusé au XVIIIe siècle pour la régulation des eaux entre le bassin d’Arcachon (Gironde), l’étang de Cazaux-Sanguinet et celui de Biscarrosse-Parentis, et le courant naturel de Sainte-Eulalie qui fait la jonction jusqu’à l’étang d’Aureilhan. Il a été utilisé pour le transport de marchandises et le tourisme fluvial jusqu’à 1860, année de cessation de la navigation en raison du manque de rentabilité et de l’ensablement.
ROCHE ET SOL
Une géologie des temps historiques
Comme tout le littoral landais et la Grande Lande, l’unité des Grands Lacs du Born voit principalement affleurer des sables éoliens déposés au Quaternaire récent, qui recouvrent les formations plus anciennes du bassin d’Aquitaine, marines puis continentales, entièrement masquées. Mais contrairement à la Haute Lande, ces sables littoraux ont formé une bande dunaire de plusieurs kilomètres, assez nettement délimitée et présentant une succession de formes et de faciès d’ouest en est avec une régularité qui fait écho au tracé littoral rectiligne.
Les formations qui sont aujourd’hui en surface ont majoritairement été apportées par le vent qui, dans les périodes encore froides et sèches suivant la fin des glaciations, pouvait se charger en sable sur des plages plus étendues qu’aujourd’hui du fait de la moindre élévation du niveau marin. Par la suite, y compris jusqu’aux périodes historiques, les variations de vent, d’humidité, de niveau marin vont créer les conditions des paysages actuels et leur enchaînement depuis le rivage jusqu’à la Haute Lande.
Les lacs, grands ou petits, qui se succèdent en arrière de l’ensemble dunaire résultent des dunes qui ont fait barrage à l’écoulement des fleuves. Ils inondent des formations sableuses plus anciennes (formations dites d’Onesse et surtout de Castets, début du Quaternaire) où se combinent les éléments d’origines fluviatile (deltas de fleuves côtiers) et éolienne. Ces sables sont moins homogènes, présentant à la fois des éléments argileux et grossiers plus importants.
A proximité des cours d’eau alimentant ou drainant les lacs, des formations alluviales récentes sont également présentes tandis qu’en remontant plus loin dans la Grande Lande, le sable des Landes proprement dit devient hégémonique.
Enfin, plusieurs puits de pétrole encore en activité au sud du lac de Parentis témoignent des dépôts d’hydrocarbure présents dans le sous-sol profond de la majeure partie de la surface de l’unité de paysage des Grands Lacs du Born, et qui s’étendent également sous l’océan. Les structures géologiques et la sédimentation du bassin de Parentis ont permis vers 2000 m de profondeur que soient réunies au Barrémien (Crétacé, fin du Secondaire) les conditions de formation de l’or noir. Mais il s’agit d’un pétrole difficile à extraire malgré les forages entrepris notamment à Biscarrosse et Parentis depuis les années 1950 jusqu’au début du XXIe siècle.
Un enchaînement de sols depuis la dune vive jusqu’à la lande humide
- Pédologie des Grands Lacs du Born
- IGN BD Topo, Référentiel régional pédologique de la région Nouvelle-Aquitaine INRA
Le sable dunaire, plus récent que le « sable des Landes » défini par les géologues, est aussi plus homogène, pauvre en éléments grossiers comme en limons et argiles. Lorsque la végétation se fixe suffisamment longtemps, c’est l’évolution vers des podzols qui est la plus fréquente. Au-delà de la dune bordière et des dunes grises encore très peu altérées, la podzolisation apparaît rapidement dès les premières dunes boisées, puis se différencie selon la proximité de la nappe, entre lettes humides et dunes plus sèches.
On retrouve les mêmes podzols jeunes à proximité des lacs, dont les formes actuelles datent du Moyen Âge. Mais la présence de l’eau, libre ou proche de la surface, a également permis la constitution de tourbières et d’autres sols hydromorphes.
Vers l’est, en amont des lacs ou au contact des dunes littorales, la forêt des Landes devient rapidement la principale forme d’occupation des sols aux faibles pentes qui portaient autrefois la « lande humide » : podzols bien développés ou limités par l’hydromorphie due aux accumulations d’argiles ou à l’alios.
AGRICULTURE
De rares clairières agricoles
Dans ce territoire littoral et forestier, l’activité agricole n’occupe que 5% du sol. Pour l’essentiel il s’agit de cultures de maïs, complétées par des cultures légumières (asperges, carottes). Les champs forment des clairières agricoles irriguées par des rampes et drainées par un réseau de crastes.
Au nord-est de l’étang de Biscarrosse-Parentis, prennent place quelques prairies, en bordure du lac et autour de l’aérodrome.
ARBRE ET FORET
La forêt est ici partout présente, présentant des profils variés entre forêt de protection sur le littoral, forêt de protection sur les dunes ou le plateau landais et forêt-galerie accompagnant les milieux humides.
La forêt dunaire, entre protection et production
Les dunes mobiles du littoral ont à plusieurs reprises enseveli des villages entiers entre le Moyen-âge et le milieu du XIXe siècle. Pour lutter contre l’ensablement des zones habitées, des campagnes de plantations de pins ont été mises en place à partir du XVIIIe siècle. Au début du XXe siècle, la fixation des dunes est considérée comme terminée. Une forêt « de protection » prend ainsi place tout le long du littoral entre la dune bordière avec sa lette grise et les premiers grands cordons des dunes. Cette lisière forestière, comporte au premier plan des arbres bas avec des branches sèches et un port tortueux sous l’action du vent et des embruns. En second-plan, les pins retrouvent de la rectitude et prennent progressivement de la hauteur.
En arrière-plan commence alors la forêt de production qui couvre les dunes tout en laissant la place à une végétation plus variée sur les pentes les plus fortes et difficilement exploitables ainsi que dans des lettes plus humides.
Sur les pentes Est des dunes modernes, se sont développées des plages de feuillus dans les futaies de pins maritimes. Il s’agit de secteurs forestiers à relief prononcé, voire à sol peu porteur. De fait, la sylviculture de production n’y est pas pratiquée, et l’on tend à « laisser faire » la dynamique végétale. À terme, ces secteurs sont composés de peuplements de chênes (chêne pédonculé, chêne vert ou chêne liège selon les situations). Cette évolution naturelle des « Pentes Est » est actée sur l’ensemble des Forêts du littoral aquitain gérées par l’ONF depuis 1990.
Une forêt domaniale
Héritage de l’histoire de la fixation des dunes, la forêt dunaire, qu’elle soit de protection ou de production, est essentiellement domaniale (forêts domaniales de Biscarrosse, de Ste-Eulalie, de Mimizan). Pour autant, seule une faible partie du massif dunaire est accessible au public suite à la création en 1962 du terrain militaire du Centre d’Essais de Lancement de Missiles qui occupe un vaste territoire interdit au public, sur une longueur d’environ 23 kilomètres entre Biscarrosse Plage et Mimizan Plage.
La forêt usagère de Biscarrosse
La forêt usagère d’une superficie de 317ha, est établie sur une succession de dunes primaires et anciennes. Elle est soumise aux droits d’usage, accordés par une charte en 1277 par le prince de Galles, Édouard, aux habitants et paroissiens de Biscarrosse. Elle présente un couvert arboré et arbustif très dense et diversifié, une sorte de futaie jardinée.
La forêt feuillue au contact de l’eau
Au milieu des vastes pinèdes, les feuillus ne sont pas totalement absents. Ils accompagnent les abords des lacs sur leur rive Est, au contact des nombreux cours d’eau et fossés. Mais surtout les boisements feuillus forment des « forêts-galeries » plus ou moins larges le long des rivières, dominées par les chênes, aulnes, saules, peupliers...
La pinède de production du plateau landais
A l’est du massif dunaire, s’étend le plateau landais et ses immenses plantations de pins. C’est le territoire de la forêt de production, exploitée à des fins industrielles, notamment par les Papeteries de Gascogne à Mimizan. Les parcelles sont des futaies régulières, essentiellement de pins maritimes. Le réseau dense de crastes (fossés) joue un rôle essentiel dans le drainage du plateau forestier.
Bien que peu diversifiée, cette forêt cultivée présente une variété paysagère grâce à l’imbrication des parcelles aux peuplements d’âges différents. Coupe, jeune plantation, jeune futaie ou futaie adulte, créent une alternance de volumes et de transparence, des clairières temporaires. Le maintien par endroits de quelques feuillus lors des coupes, amène également un peu de diversité.
URBANISME
Côté forêt, des villes et villages isolés
Ce territoire forestier est ponctué par quelques agglomérations qui sont isolées les unes des autres par plusieurs kilomètres de traversées forestières : ce sont environ 7,5 kilomètres de forêt qui séparent Biscarrosse et Sanguinet, environ 5 kilomètres entre Biscarrosse et Parentis, 5,5 kilomètres entre Gastes et Ste-Eulalie. Ces distances tendent toutefois à se réduire sous l’effet des extensions urbaines qui s’étirent le long de certains axes. Ce territoire subit en effet une certaine pression urbaine liée entre autre à la proximité de l’aire d’influence de l’agglomération bordelaise qui se fait sentir au sud jusqu’à Parentis-en-Born. Maîtrisées sur le front de mer et les berges des lacs, où s’applique également la loi littoral (inconstructibilité sur la bande des 100 m en dehors des espaces urbanisés), les extensions urbaines se sont reportées sur les communes de l’arrière-littoral. On peut ainsi noter la quasi continuité urbaine sur les 6 km entre Mimizan-Plage et Mimizan. Les quartiers sous les pins se sont ainsi développés sous forme de lotissements autour de la plupart des centres des communes.
Quatre villes constituent les principaux pôles : Biscarrosse (14 500 hab), Mimizan (7 000 hab) et Parentis-en-Born (6 000 hab), Sanguinet (4 500 hab). Les autres communes dépassant presque toutes le millier d’habitant : Aureilhan (1 100 hab), Gastes (800 hab) Pontenx-les-Forges (1 600 hab), Sainte-Eulalie-en-Born (1 300 hab) et Saint-Paul-en-Born (1 000 hab).
Bord de mer et de lacs : stations balnéaires et campings
La population estivale présente sur le territoire en très haute saison (15 juillet - 15 août) est estimée à plus de 200 000 personnes sur les journées les plus fréquentées, c’est environ cinq fois plus que la population permanente.
La planification territoriale de la MIACA [1] a permis de limiter l’urbanisation littorale. Ainsi les deux stations balnéaires de Biscarrosse-plage et de Mimizan-plage se sont développées derrière un front de mer qui ne dépasse pas 1,5 km. Les deux stations présentent un plan en damier régulier et une urbanisation dense sur le front de mer. En arrière, les voies courbes et les habitations sous les arbres évoquent les cités-parcs balnéaires.
A proximité du littoral et des lacs, les nombreux campings occupent de vastes emprises sous les pins et forment de véritables petites villes saisonnières qui fonctionnent en autarcie.
PATRIMOINE
Patrimoine culturel
Couvrant l’essentiel de cette unité paysagère, le site inscrit des Etangs landais Nord s’étend entre l’océan et la RD 652. Il comprend dans son périmètre le site inscrit du château de Biscarrosse et le site classé de l’Etang d’Aureilhan et de ses abords. La procédure d’inscription a été initiée suite aux réflexions de la MIACA [2] sur le plan d’aménagement de la Côte Aquitaine qui visait à encadrer les équipements sur cette côte mais également à renforcer les protections. L’inscription des Etangs landais Nord constituait en 1977 un axe de cette politique de protection.
Les monuments historiques protégés sont rares sur cette unité paysagère. On y trouve l’ancienne église prieurale de Mimizan du XIIe siècle, les Cinq piles de pierre ayant servi à délimiter la Sauveté à Mimizan, l’Ancienne vigie de l’hydrobase [3] des Hourtiquets à Biscarrosse.
Patrimoine naturel
Dans ce territoire riche de milieux naturels variés, de nombreuses protections et inventaires concernent le littoral et le milieu dunaire d’une part et les milieux humides des étangs et de leurs rives, des marais et courants de l’autre.
BIBLIOGRAPHIE
– SCoT du Born. 2020
– Portrait des paysages de Nouvelle-Aquitaine. Région Nouvelle-Aquitaine. 2018
– Atlas des paysages de Gironde. 2011
– Atlas des sites classés et inscrits des Landes. Diren Aquitaine. 2009
– Etude en vue de la requalification du site inscrit des étangs landais nord. Diren Aquitaine. 2007
– Atlas des paysages des Landes. CD 40. 2004
– Analyse et qualification des paysages en vue de leur protection dans le cadre de la loi littoral- Communes de Sanguinet, Biscarrosse, Parentis-en-Born, Gastes, Ste-Eulalie-en-Born, Mimizan, St-Julien-en-Born, Lit-et-Mixe, Vielle-St-Girons. Diren Aquitaine. 1993