Portrait des Grands Lacs du Born
Dernière mise à jour : 4 septembre 2023
LIMITES
Au nord
Au nord du lac de Cazaux-Sanguinet, les dunes et la plage se prolongent dans la continuité sans changement. Au-delà de la base militaire de Cazaux, la forêt de pins se poursuit vers le pays de Buch.
A l’est
Après la végétation feuillue au bord des lacs et les différents villages qui les bordent, la forêt de pins omniprésente marque la transition vers le plateau landais et la Grande Lande.
Au sud
Au-delà de l’urbanisation de Mimizan, la forêt et les dunes se poursuivent vers la côte du Sud-Born et du Marensin.
A l’ouest
Vers l’ouest, la plage puis l’océan s’ouvrent sur un horizon infini.
PORTRAIT SENSIBLE
Une succession de paysages sculptés par le vent, l’eau et la forêt
Ce territoire se caractérise par une succession de paysages, chacun très typé : plage, dune grise, dune forestière, lac, forêt galerie, forêt de pin... Leur imbrication forme un tout et les met en valeur par les contrastes des uns avec les autres. Tout est lié dans leur origine et leur construction passées. Ainsi les rivières du plateau landais débouchent et se perdent dans les immenses lacs qu’elles alimentent. Mais ces lacs sont indissociables de la présence des dunes qui bloquent l’écoulement des eaux vers l’océan. Ces dunes, elles-mêmes intimement liées à la force du vent et de l’érosion maritime, sont stabilisées par les oyats et les boisements de pins. L’eau anime et fédère ainsi l’ensemble de cette unité paysagère, se déclinant sous de nombreuses formes, lui conférant un attrait si particulier.
Le contraste fort entre ouverture et intimité
Ce qui frappe ici, c’est le basculement soudain d’un univers à un autre, entre les immenses horizons des étendues d’eau maritime ou lacustre et les sous-bois de pins aux perceptions rapprochées. Au bord de l’océan, les limites visuelles disparaissent, le regard file à l’infini. Au bord des lacs, les vues s’ouvrent largement jusqu’à l’horizon, surligné d’une lisière boisée. Puis la fermeture apportée par la forêt, transparente quand les troncs sont élevés, donne un peu de profondeur. Des lieux plus intimes, le long des ruisseaux et des petites plages ou « criques » du lac, apportent d’autres ambiances. Horizon et petites alcôves sont alors en contact, se révélant l’un l’autre par contraste. Plus loin les ambiances forestières dominent, formant la transition avec le plateau boisé de la Grande Lande.
Les lacs : des mers intérieures paisibles aux rives variées
Les lacs constituent des évènements très forts au sortir de la forêt. L’uniformité de l’eau et de l’horizon, ourlée au loin d’une ligne arborée, s’impose avec une grande simplicité. Les repères de distance disparaissent, hormis quand les plateformes pétrolières ponctuent la surface. Quand le vent se lève et provoque de petites vagues, les lacs prennent des allures de mers intérieures. Leurs deux rives sont dissymétriques. A l’ouest, les dunes dominent les berges. Les pins descendent jusqu’à l’eau, créant des ambiances remarquables avec le contraste très graphique des silhouettes verticales des troncs face à l’horizontalité de l’eau, animant la rive par les effets de transparence et d’ombrage. A l’est, l’absence de relief, l’arrivée de nombreux petits cours d’eau, le gradient du cortège de la végétation des milieux humides (pelouse, roseau, saule, aulne, forêt galerie, chêne) créent une transition diversifiée et douce avec la forêt de pins. Entre les deux grands étangs, à une échelle plus intime, s’étendent des marais, un petit étang peu accessible, traversés par le canal des Landes formant une longue perspective. La succession et la continuité du courant de Sainte-Eulalie avec sa forêt-galerie, du lac d’Aureilhan puis du courant de Mimizan plus urbain, exprime la diversité et la forte présence de l’eau jusqu’à son exutoire dans l’océan.
Un paysage dunaire dynamique
Une autre particularité du littoral des Grands Lacs du Born, qui le singularise par rapport au reste de la côte, est l’étendue plus large des dunes. Bien que leur accès soit restreint par les terrains militaires, les traverser constitue un évènement. Les pistes forestières rectilignes montent et descendent tandis que les routes sinuent entre les dunes. Par endroit le relief dynamique des dunes ondulantes forme un dédale. Même si la forêt de pins qui l’anime peut sembler uniforme, les dunes la mettent en scène, créant un sentiment de découverte renouvelée. Des belvédères s’ouvrent depuis les dunes bordant l’océan et les lacs révélant l’étendue des nappes aquatiques et des horizons boisés. L’accès à l’océan constitue à nouveau un événement majeur avec le basculement sur la plage. L’uniformité, l’immensité, la force de l’eau toujours mouvante et changeante, le bruit des vagues déferlant, l’ouverture infinie, le rapport aux éléments (ciel, vent, eau, sable) avec un grand dénuement, presque le bout du monde, sont ressentis et recherchés.
Un paysage « naturel » aménagé
En contrepoint de cette image d’un paysage « naturel », cette unité paysagère est marquée par de nombreux aménagements liés à la l’activité touristique. La fréquentation des lacs et du littoral est forte en saison, mais se prolonge aussi sur une partie de l’année. Cela a induit un étalement urbain pavillonnaire ou résidentiel, en marge des centres anciens structurés avec des places et des commerces. Ces développements sont peu actifs l’hiver créant un sentiment de vide comparé au foisonnement estival. Si les rives des lacs sont majoritairement restées non bâties, elles sont ponctuées d’aménagements de loisirs : campings, plages, parkings, ports de plaisance… Un certain charme perdure car accès et équipements restent sous les pins et côtoient ses espaces plus naturels. Le courant de Mimizan, avec son cordon de végétation feuillu, crée une large ouverture d’eau en bordure de l’urbanisation et des routes. Il reste pour partie un peu à l’écart. A son embouchure, il forme un vaste miroir d’eau aux berges artificielles en enrochements.
PAYSAGES URBAINS
L’unité des Grands Lacs du Born présente différents paysages bâtis très contrastés les uns par rapport aux autres : les cœurs de bourgs principaux, Mimizan, Biscarrosse, Parentis, Sanguinet, les antennes littorales anciennes et leurs développements plus récents, les implantations traditionnelles à proximité des rives des lacs, prolongées par les nouveaux quartiers et les villages de la forêt. Toutes ces séquences bâties offrent des ambiances, des gabarits et des architectures dissemblables que la forêt de pins et le cordon dunaire, relient et raccrochent les unes aux autres.
Le rôle de la MIACA
La Mission Interministérielle de la Côte Aquitaine (MIACA) a été mise en place dans les 60/70, pour éviter les erreurs constatées dans l’artificialisation anarchique de la côte méditerranéenne. Cette mission avait pour ambition la protection des paysages du littoral aquitain. Elle s’est exprimée à travers un schéma d’aménagement qui a divisé le littoral aquitain en 9 Unités Principales d’Aménagement, sur lesquelles se concentraient les équipements, séparées par 7 Secteurs d’Equilibre Naturel où l’accent était mis sur la protection du milieu naturel. Ce schéma était développé depuis le Verdon, à l’extrémité nord de la Gironde jusqu’à Capbreton. Les options d’aménagement étaient traduites dans les documents de planification de l’époque. Dans l’unité des Grands Lacs du Born, deux Unités Principales d’Aménagement étaient identifiées, l’une autour de Biscarosse, la seconde autour de Mimizan, ces 2 unités étant séparées par la grande césure forestière militaire, interdite d’accès, qui concerne plus de 25 km de littoral. Ce schéma et cette division sur le littoral landais prenaient en compte l’existant et les dynamiques en cours.
Biscarrosse et Mimizan : ressemblances et différences
Les villes principales se sont établies en retrait du littoral, à proximité des rives des grands lacs, comme Sanguinet, Biscarrosse, Parentis-en-Born, Mimizan. Celles qui disposaient d’un accès vers l’océan ont développé des antennes littorales depuis la fin du XIXe siècle, quand la mode des bains de mer et le chemin de fer ont attiré les vacanciers. C’est le cas de Biscarrosse et de Mimizan. Ces antennes littorales ont beaucoup évolué depuis la construction des premiers quartiers de villas au rythme des vagues d’aménagements successifs et en suivant les modes d’architecture.
Ces deux communes présentent des ressemblances « structurelles », avec un bourg, une antenne littorale, un entre-deux et des extensions mais les ambiances bâties varient d’une ville à l’autre.
L’antenne littorale de Biscarrosse étire un front de mer sur plus d’un kilomètre, constitué majoritairement d’immeubles, de 3 à 4 niveaux. Implantés parallèlement à la côte, pour offrir la vue sur mer, ils ont confisqué les vues pour tout le tissu bâti plus ancien de villas en second rideau, établies dans la lette, à l’abri des vents. Les voitures sont très présentes dans le paysage, proches des plages, pouvant même accéder partiellement à la dune côtière. Par contre, le trajet vers le bourg est une vraie séquence « nature » que l’on emprunte la route départementale RD 146, la plus directe, ou que l’on suive la route départementale RD 305 qui rejoint les rives du lac. C’est aussi une particularité de Biscarrosse d’égrener quelques quartiers, en rive sud du lac de Cazaux et Sanguinet, liés à l’attractivité de ce paysage lacustre, comme Navarosse, Ispe, Port Maguide. Ces quartiers sont restés de taille modeste, ils s’insèrent discrètement sous les pins, sans s’interposer dans les vues sur le lac.
L’antenne littorale de Mimizan s’étire sur plus d’1,6 km de façade de l’océan, séparée en deux quartiers, nord et sud par le courant. Comme à Biscarrosse, c’est un quadrillage régulier qui a été à l’origine de la forme urbaine de ces antennes littorales, destinée à la construction de résidences individuelles. Mais les villas d’origine, particulièrement les mieux situées, ont laissé place à des immeubles de plusieurs étages. Sur certains secteurs, des efforts ont été consentis sur les espaces publics et les liaisons douces avec un report des voitures en arrière-plan.
A la différence de Biscarrosse, une urbanisation continue relie le bourg à l’antenne littorale même si ponctuellement, des coupures d’urbanisation en rive du courant permettent de retrouver le paysage forestier.
Le rivage intérieur
La particularité de l’unité est la présence des grands lacs, avec l’implantation des villages à proximité des rives, côté est. L’observation du cadastre ancien permet de comprendre qu’une distance de sécurité devait être respectée, il s’agissait de se tenir au-delà de la zone de marais. C’est le cas de Sanguinet, de Parentis-en-Born et de Gastes également. Chacun de ces villages ou bourgs offre un accès qualitatif vers le lac et des aménagements d’espaces publics qui permettent de profiter du paysage lacustre. Les dynamiques d’extension confortent la densité des centres bourgs et donnent lieu à une expression d’architecture contemporaine.
Vivre au bord du lac
Parallèlement au développement des secteurs d’accueil identifiés, la politique de la Miaca s’est traduite par la mise en place de protections fortes des paysages remarquables du littoral. Les sites inscrits des étangs landais nord et sud, protégés par arrêtés ministériels en 1969 et 1977, s’étendent sur plus de 110 000 ha le long de la côte landaise, couvrant la totalité de la dune boisée entre océan et lacs, les étangs rétro-littoraux et leurs courants.Ces étangs, c’est-à-dire les plans d’eau augmentés d’une faible épaisseur de berges, ont bénéficié d’une protection plus forte en devenant des sites classés. Ces protections ont porté leurs fruits sur la plupart ces petits étangs où l’impression de paysage naturel et pittoresque prédomine.
Cependant, par endroit, des extensions de campings en rive viennent perturber ce paysage, notamment par la mise en place, de résidences mobiles de loisirs - mobilhome- avec une forte densité, souvent accompagnés d’une végétation exotique qui détonne avec la pinède et son cortège floristique.
Le chemin donne le « la »
Dans les quartiers bâtis du littoral, traditionnellement la rue reste étroite, les accotements sont plutôt larges, souvent plantés, ils sont à la fois ensablés et enherbés, les clôtures restent basses, la villa se devine derrière la haie, au travers des pins. Avec ces gabarits, on retrouve le paysage des vacances, le maillage labyrinthique de rues épousant la topographie des dunes qui desservait les villas. Aujourd’hui, ce paysage de la rue change, il tend à prendre un caractère urbain, à la faveur des immeubles mais également des revêtements, du bordurage et de l’éclairage. On ne sait plus qu’on est si près de l’océan. Par contre, un bel effort d’aménagement de cheminements doux se rencontre près des rivages.
LES ELEMENTS DU PAYSAGE
Le port de plaisance
Une douzaine de petits ports de plaisance jalonnent les rives des deux grands lacs. C’est un point d’animation et d’accès à l’eau, complété parfois par les bâtiments de la capitainerie ou d’un chantier naval. Certains se mêlent de façon informelle à la végétation, d’autres sont plus classiques et aménagés.
Le ponton
Ces structures permettent de s’avancer sur l’eau, de mieux voir l’horizon lacustre, et constituent un élément d’animation ludique et attractif des rives.
La petite plage sur le lac
Des petites scènes successives avec le sable, la végétation, le reflet de l’eau se succèdent au fil des rives, offrant ainsi des pauses paisibles particulièrement recherchées. Un dépaysement simple et ressourçant. Les lacs offrent des plages abritées, loin du vent et des vagues du littoral.
La plateforme pétrolière
Autour du lac de Biscarrosse-Parentis, d’étranges structures industrielles interpellent dans ces paysages à dominante « naturelle ». Sur le lac ou sur la berge, les pompes à tête de cheval forment des sculptures mobiles étonnantes. Leur répétition à la surface de l’eau focalise le regard et intrigue, donnant l’échelle de l’horizon par les repères ainsi donnés.
La plage et la dune
C’est sur la côte landaise un espace qui semble infini et qui évoque la liberté. Propice à la contemplation, elle offre des ambiances variées selon les marées et la saison. La force des vagues et du vent avec l’érosion et la mouvance du sable apparaissent ici pleinement.
Le parking de la plage
Vaste étendue minérale en bord de mer, plus ombragée d’arbres en bord de lac, elle est vide une partie de l’année, animée en saison touristique. C’est un point d’orientation, mais aussi un premier contact physique avec un site.
La piste cyclable
Elle permet de traverser en douceur les dunes et la forêt, d’accéder au lac ou à la mer en étant déjà au contact direct avec son environnement.
La traversée dunaire
Tout d’abord on la vit par la route qui traverse le large cordon dunaire entre lac et océan. La forêt de pins, avec les reliefs ou les ouvertures, participe pleinement à la mise en scène du parcours. Puis à pied ou en vélo, un chemin guide vers l’océan que l’on découvre soudainement à perte de vue.
La forêt de pins
Cette forêt très anthropisée, constitue la toile de fond des abords des grands lacs et de l’océan. Elle forme un contrepoint par la fermeture des vues qui ne rend que plus fort l’ouverture sur l’eau depuis la rive. Les pins et leurs troncs verticaux créent par transparences des effets graphiques remarquables. Le relief et les coupes participent aussi à la diversité des perceptions et des mises en scène.
Le cours d’eau forestier
Intime, voire mystérieux, plus ou moins enfoui sous les feuillis de sa forêt-galerie, courant et rivières proposent un autre rapport à l’eau. C’est un support de promenade recherché, identifié aussi pour sa valeur environnementale.
Le fond humide
Il se signale par la végétation qui change (saule, aulne, roseau). Ces marais et lieux humides en rive Est des étangs ou le long des cours d’eau participent à la diversité des perceptions et à la transition avant la forêt de pins du plateau landais.