Portrait du Marsan
Dernière mise à jour : 2 février 2023
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LIMITES
Au nord
Les vallées de la Midouze et du Midou et l’agglomération de Mont-de-Marsan marquent la transition vers la forêt de pin majoritaire de la Grande Lande.
A l’est
Tout en transition, les reliefs du Bas-Armagnac Landais et la présence de la vigne marquent la fin des clairières du Marsan.
Au sud
La vallée de l’Adour borde le sud du Marsan. La descente dans la vallée s’y fait tout en transition, sauf à l’ouest où localement le coteau est plus marqué (Souprosse).
A l’ouest
L’étendue du Marsan diminue et s’arrête avant la confluence des vallées de l’Adour et de la Midouze.
PORTRAIT SENSIBLE
Des paysages de transition, sans délimitations affirmées
Le Marsan marque la fin du plateau landais, qui prend des allures de plaine semi-boisée, bordée par la vallée de l’Adour avant les collines de la Chalosse et du Tursan. En venant des autres unités paysagères, il n’est dans un premier temps pas toujours facile de déterminer ce qui fait la particularité du Marsan. Déjà car les limites de ce dernier sont progressives, toutes en transition. On y entre sans changement drastique, les particularités des entités voisines s’estompent progressivement formant ainsi des gradients. Ainsi en venant de la Grande Lande, les étendues de forêts de pins deviennent moins prépondérantes, laissant de la place aux feuillus et aux clairières. En venant du Bas-Armagnac Landais, le relief s’estompe, les vues lointaines et la vigne disparaissent. En venant de la vallée de l’Adour, le coteau doux reste peu perceptible. Une fois les abords de l’Adour et le fond de vallée quittés, les clairières s’installent doucement et structurent l’espace. Les Pyrénées sont visibles par endroit au loin depuis le rebord du Marsan avant de basculer dans la vallée de l’Adour.
Une imbrication de clairières et de boisements
Une certaine parité s’installe dans le Marsan, entre l’ouverture des clairières agricoles et la fermeture des vues par les boisements. L’intimité des traversées boisées où la vue s’arrête aux lisières, contraste avec les clairières où les vues s’ouvrent et retiennent l’attention. Cette alternance d’ouvertures et de fermetures qui se répète, crée une composition homogène, qui bien que contrastée, n’offre aucun repère évident. Du fait de la platitude, les horizons rapprochés sont toujours boisés, mais le regard se faufile parfois quand deux clairières communiquent. L’ouverture des clairières agricoles n’offre que peu de diversité en raison de la monoculture de maïs. Le rythme de croissance du maïs vient tantôt fermer les vues (juillet à octobre), et laisse tantôt passer le regard jusqu’aux lisières boisées. Néanmoins des rideaux, des haies, voire des bandes boisées constituent par endroits des filtres le long des routes, des parcelles ou des fossés, cloisonnant et structurant les vues. Les coupes forestières, venant d’être exploités ou en attente, viennent diversifier les types d’ouvertures, donnant aux parties boisées des tonalités changeantes. La diversité apportée par l’alternance des arbres feuillus et des pins joue également ici.
Des cours d’eau discrets mais structurant le plateau
Le passage de l’eau reste peu visible, de perception localisée, confidentielle et peu accessible. Mais les cours d’eau sont pourtant bien présents et nombreux, participant pleinement à l’animation de ce plateau forestier et agricole. Ils sont toujours accompagnés d’une végétation de feuillus, qui les masque mais qui paradoxalement participe à signaler leur présence. Ces corridors de chênes, d’aulnes, de saules ou encore de peupliers prennent par endroits des allures de forêts galeries. Ils forment des écrans qui cloisonnent le paysage, limitant les vues, mais participent à sa diversité également, notamment avec les couleurs automnales. Seuls la Douze et le Midou sont plus encaissés et présentent de petits coteaux qui forment une petite marche. Les abords de la Midouze sont plus doux, avec des rives ombragées. Une tonalité « sauvage », intime un peu à l’écart du monde se dégage quand on les côtoie.
Des bourgs périphériques et des villages de clairières
Les plus gros bourgs ou villes du Marsan sont situés en périphérie, en partie tournés vers les unités paysagères voisines, traversés ou à proximité des cours d’eau principaux (Midouze et Midou) qui participent à leur structure urbaine (excepté Villeneuve-de-Marsan). Mont-de-Marsan, au nord, est en limite de la Grande Lande et de ses immenses cultures de pins. Villeneuve-de-Marsan marque le passage au Bas-Armagnac Landais et à un relief plus vallonné. Tartas, à l’ouest, est pour partie tournée vers la forêt landaise, ce que semble confirmer son usine de traitement de la cellulose, dont le panache de fumée s’affiche de loin.
La RD 824, axe majeur, fédère plusieurs villages et en a influencé l’étalement (Campagne, Meilhan, St-Perdon) avec des lotissements. D’autres axes rectilignes, concentriques vers Mont-de-Marsan, donnent à cette unité des traversées rapides et cinétiques très directes. Ces routes ouvrent des perspectives, accompagnées par endroits d’alignement de platanes majestueux qui cadrent les vues. Les clairières sont animées par un semis de fermes omniprésentes et équidistantes qui donne à cette unité un caractère rural habité affirmé. L’image de l’airial reste présente pour certaines, même si les cultures ont gagné, limitant l’effet « clairières avec des chênes centenaires ». Les villages, ne s’affichent pas, mais ils animent les clairières, avec leur clocher qui émerge, jouant un rôle de repère local qui fait défaut par ailleurs. Une grande partie s’est étoffée de maisons plus récentes, donnant un côté lâche à l’urbanisation.
Sous unité : L’agglomération de Mont-de-Marsan
Une périphérie routière et boisée et de longs faubourgs
La perception de la ville centre est impossible depuis la périphérie de l’agglomération. Celle-ci se vit avant tout à travers un système de grandes infrastructures et de ronds-points, qui n’offrent que des vues limitées par la végétation et la forêt de pins. Ces voies forment une limite franche à l’urbanisation qu’elles contiennent encore, sauf le long de voies départementales concentriques vers Mont-de-Marsan, notamment avec un tissu commercial, d’apparence commune à de nombreuses agglomérations françaises. La progression vers le centre s’effectue par des grandes pénétrantes, qui gardent pour partie un caractère routier, traversant des lotissements et des faubourgs étendus. Il en résulte une certaine homogénéité et une perception sans repères ou compositions urbaines marquantes, privilégiant une perception linéaire de flux. Au nord, l’agglomération est bordée par la base aérienne, confidentielle et clôturée, qui coupe la ville de la forêt de pins.
Une ville historique intime, fédérée par les rivières
Surnommée « la ville aux 3 rivières », Mont-de-Marsan, avec ses remparts, est traversée par le Midou et la Douze, dont la confluence, donnant la Midouze, est au cœur du centre ancien. Les abords de la Midouze sont plus ouverts et aménagés par rapport aux deux autres rivières. Ces dernières forment des sillons encaissés, arborés et intimes, qui limitent la perception, hormis depuis les ponts qui la traversent. Il faut monter sur le coteau, où est situé la gare, pour avoir une vue panoramique sur le centre ancien d’où émergent timidement les deux clochers de l’église de la Madeleine. En contrebas, les arènes imposantes sont bordées par une grande place bordée de platanes palissés. A l’échelle de la ville, d’autres places (Charles de Gaulle proche de l’eau..) ou grands croisements (Jean-Jaurès entre gare et centre) structurent la ville sans toutefois former une centralité évidente. Ce qui offre l’occasion de déambuler et de profiter de différentes ambiances, sans oublier la place Saint Roch, plus centrale et son marché couvert.
PAYSAGES URBAINS
Le Marsan est une unité paysagère forestière relativement peuplée qui s’organise autour du centre de gravité, un peu décentré vers le nord que constitue l’agglomération montoise, Mont-de-Marsan et St-Pierre-du-Mont. Le réseau viaire converge vers la préfecture, avec un maillage rayonnant. Cette organisation des routes en étoile favorise une desserte homogène et équilibrée de l’unité, mais également du département. A cela, s’ajoute une circulation de transit qui a motivé la construction d’une rocade, puis de l’autoroute A 65. Bien que l’océan soit encore un peu loin, l’unité du Marsan est le passage obligé lorsque l’on vient du Lot, du Lot-et-Garonne, de la Dordogne et au-delà, pour rejoindre le littoral sud Aquitain et l’ouest de l’Espagne.
Si la rocade préserve le centre-ville de l’afflux des véhicules, elle ceinture l’agglomération par une alternance de séquences forestières et de séquences bâties commerciales ou artisanales qui ne rendent pas compte de la singularité de la ville centre. C’est la même situation dans les deux bourgs principaux de l’unité, Tartas et Villeneuve-de-Marsan qui sont épargnés par les flux de transit. Il faut rejoindre les centres villes et centres bourgs pour découvrir les paysages bâtis de l’unité, la topographie et la forêt ne permettant ni vision lointaine, ni effet de silhouette.
Les paysages bâtis du Marsan sont modestes, les éléments patrimoniaux sont souvent discrets mais ils offrent un large éventail d’architectures et de séquences urbaines de qualité.
Mont-de-Marsan, une préfecture discrète
- Tableau d’assemblage de la commune de Mont-de-Marsan, en 1811 qui ne comprend alors que 2 sections. Source : Archives départementales en ligne des Landes
Mont-de-Marsan était une commune de faible étendue, un grand bourg d’origine médiévale, implanté à la confluence du Midoux (ancienne orthographe) et de la Douze, et ceint de rempart. En 1790, elle devient le chef-lieu du département, ce qui va entraîner de profondes mutations urbaines tout au long du XIXe siècle. Le territoire étant étroit, la commune va annexer ses voisines, Nonères, St-Jean-d’Août, St-Médard-de-Beausse et une partie de St-Pierre-du-Mont.
Si le projet de cette annexion s’engage dès le début du siècle, ce n’est qu’en 1866 qu’elle sera effective. C’est ainsi que dans la ville, on retrouve des densités bâties à distance du centre, qui correspondent aux anciens villages devenus des quartiers, comme par exemple le quartier de St-Jean-d’Août. L’essor urbain va se traduire par la construction de plusieurs bâtiments publics, comme la préfecture, le palais de justice, la gendarmerie, la halle-théâtre avec un vocabulaire néo-classique dominant. La prison prendra un aspect plus « moderne » inspiré de l’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux. Il y a également, en rive droite de la Douze, la création d’une pépinière départementale qui deviendra le Parc Jean Rameau, grand parc arboré du centre-ville.
A ces grands chantiers, s’ajoutent des travaux urbains, comme la création au nord, de grands boulevards du « Rond de la Pépinière » (aujourd’hui place Francis Planté) à la place de la Tannerie (aujourd’hui place Raymond Poincaré) et au sud, de la place du Casse de l’Eyre et ses 3 routes filant vers le sud, devenue la place Jean Jaurès. Si ces nouveaux boulevards et ces grands bâtiments publics impactent la ville, ils ne remettent pas en question la structure rayonnante de l’origine.
Le caractère patrimonial ne s’impose pas de prime abord, il est pourtant bien présent : la ville possède 12 édifices protégés au titre des monuments historiques, d’époques et d’architectures variées, partant des maisons romanes en pierre coquillère de la rue Maubec à l’église moderne St-Vincent-de-Paul, construite en béton dans les années 1960.
Un caractère fort tient à la présence des rivières. Le Midou et la Douze traversent la ville dans des vallons incisés qui rendent l’eau presqu’invisible mais permettent à un cordon végétal luxuriant d’occuper les berges abruptes, ce qui surprend et introduit la nature en ville. Après la confluence, le lit de la Midouze s’élargit, il est bordé de quais et d’ouvrages maçonnés. Si l’activité portuaire a disparu depuis longtemps, la ville a reconquis ses bords de Midouze depuis quelques années, offrant aux promeneurs des itinéraires de promenade et des espaces récréatifs en lien avec la rivière.
Mont-de-Marsan peut se découvrir sous un jour différent à l’occasion d’événements qui en changent la perception. Il y a les fêtes traditionnelles de la Madeleine. Chaque année pendant ces 3 jours, les cours d’immeubles s’ouvrent pour accueillir les publics. La mise à disposition de ces épaisseurs, d’ordinaire invisibles et inaccessibles, transforme complètement la ville qui se découvre sous une géométrie inconnue. C’est un nouveau paysage urbain offert à la déambulation.
Une autre particularité tient à la présence du Musée Despiau-Wlérick, qui, certaines années « libère » ses sculptures dans la ville, soit des œuvres de la collection soit des œuvres contemporaines. Là encore, la ville se découvre sous un jour nouveau, la présence des œuvres renouvelant le regard sur la ville.
Villeneuve-de Marsan, l’entrée est de l’unité
C’est à la croisée de trois unités paysagères et de nombreuses routes, notamment celle venant d’Eauze, dans le Gers, que Villeneuve-de-Marsan est implantée. Bourg d’importance où siégeait, pendant l’ancien régime, l’assemblée qui administrait la Vicomté du Marsan, dont la place des Etats du Marsan garde encore la mémoire, Villeneuve-de-Marsan présente des paysages bâtis variés. La ville est implantée côté est, en rebord de relief, dominant de 30 m environ le vallon du ruisseau du Luçon et ses affluents qui vont rejoindre au nord le Midou. Cette rupture de pente aujourd’hui soulignée par le boisement spontané des versants, confère côté est une limite stricte à la forme urbaine, excepté le quartier du collège et de la gendarmerie qui correspond à une excroissance du plateau.
Cette configuration topographique a favorisé le développement sur le côté ouest, où ont pris place les arènes et qui se poursuit encore aujourd’hui. Le noyau d’origine se concentrait autour de l’église et de la grand rue jusqu’à la rue des Quinconces et l’avenue de l’Armagnac. Cette ancienne centralité se perçoit clairement aujourd’hui par la continuité des façades qui bordent les rues alors que dans les quartiers d’extensions, les constructions se tiennent à distance de la rue et des voisins.
Villeneuve-de-Marsan dispose de plusieurs espaces publics dont les grandes places ombragées par les mails de platanes palissés, aux abords des arènes, également la place de la Boiterie jusqu’au collège.
Tartas, une ville au bord de l’eau
A l’autre bout de l’unité, comme une seconde porte, vers l’ouest, Tartas occupe les deux rives de la Midouze. Elle s’est implantée à la fois sur la rive basse, en rive droite et sur une terrasse, en rive gauche.
Aujourd’hui, la relation urbaine à la rivière est de qualité, plusieurs promenades sont possibles. En rive droite, une grande esplanade borde la rivière, elle est longée par une promenade haute qui permet de surplomber le cours d’eau. En rive gauche, on peut découvrir les vestiges du port et emprunter une allée plantée qui longe la rivière. D’autres espaces publics ont été aménagés, redonnant une place plus confortable aux piétons.
De nombreux villages émaillant le territoire
Comme indiqué en introduction, de l’agglomération montoise part un réseau de routes en étoile dont les branches sont reliées par des transversales. Ce maillage viaire très serré est jalonné de villages, la plupart de taille modeste, même si des quartiers d’extensions résidentielles les ont récemment agrandis.
Comme souvent dans le département, la centralité est marquée par un espace public planté, généralement à côté de l’église, à la différence des quartiers d’extension qui sont conçus sans espace public.
LES ELEMENTS DU PAYSAGE
La clairière agricole
Après une traversée forestière, la vue s’ouvre sur l’étendue des cultures, limitée par des lisières boisées, ponctuées de fermes. Les clairières se répètent au fil du Marsan et constituent une structure paysagère qui caractérise fortement ce territoire.
L’airial/la ferme
Omniprésentes dans les clairières, les fermes jalonnent ce territoire, qu’elles soient encore en activité ou reconverties en habitation. Certaines forment encore des airials entourés de vieux chênes. La maison d’habitation est accompagnée des bâtiments d’exploitations (hangar, grange à pans de bois/torchis, sous bassement en pierre, tuile canal) proches et groupés (bâtiments avicoles).
La haie ou la lisière de feuillus
Le long des routes, des parcelles ou des lisières dans les clairières, ces structures végétales apportent une certaine diversité qui cale ou filtre le regard. Elles adoucissent et diversifient également les lisières des parcelles de pins.
Le bois de pin
Plus présents dans le nord du Marsan, ils rappellent la Grande Lande. Mais ici ils composent avec les feuillus. Les pins de haut jet créent une diversité, des effets de transparences ou des seconds plans qui viennent compléter la palette forestière.
La traversée forestière
Après l’ouverture de la clairière, la traversée forestière recentre le regard sur l’axe de la voie, le premier plan des lisières ou la transparence des sous-bois le long de la route. Les vues sont proches et chaque détail peut être perçu : un bel arbre, le contraste des feuillus sur les pins, l’entrée d’un chemin…
L’alignement d’arbres
Constitué d’arbres centenaires ou de jeunes alignements, il guide l’usager de la route, apporte de l’ombre et marque la perspective. Il peut aussi créer un filtre et un premier plan de qualité le long d’une zone d’activité.
La route rectiligne
Compte tenu du faible relief, les routes sont souvent rectilignes, prolongeant en cela une caractéristique de la Grande lande. Elles apportent ainsi une vision cinétique des paysages qui montre la succession des clairières et des lisières.
Le mail de platanes palissés
Associé aux places, aux édifices ou aux arènes, cette structure arborée étonnante, dont les branches se soudent à l’horizontale, forme des quadrillages graphiques qui apportent l’ombre l’été.
Les arènes
Elément incontournable du patrimoine et des traditions locales, leur implantation et leurs caractéristiques architecturales varient d’un village à l’autre, déclinant une identité unique. Certaines restent très simples, d’autres sont plus imposantes et ornées. Elles offrent une dualité extérieur/intérieur avec un « monde » intérieur préservé.
La rivière urbaine
Certaines rivières forment un couloir arboré, encaissé, à travers les villages ou les villes. D’autres, plus ouvertes, révèlent la topographie et sont bordées de quais le long desquels la ville se met en scène.
Le petit patrimoine lié à l’eau
Les cours d’eau sont ponctués de petits ouvrages ou d’édifices, vestiges d’une activité économique et sociale autour de l’eau, tels les lavoirs et les moulins. Lieux publics, les lavoirs sont souvent accessibles, tandis que les moulins sont aujourd’hui plus confidentiels, souvent privés. Leur découverte rappelle la maitrise de la force hydraulique, et révèle la présence de l’eau peu visible ou accessible par ailleurs. La fraicheur et la clarté de l’eau donne l’occasion de faire une pause appréciée l’été.