Perceptions culturelles du Bas-Armagnac Landais
Dernière mise à jour : 2 février 2023
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Le Bas-Armagnac landais est majoritairement identifié par le patrimoine urbain et architectural. Les silhouettes des villages, les châteaux, les églises constituent les motifs principaux du fonds des cartes postales anciennes. Plus rarement, quelques représentations prennent en compte les scènes plus discrètes des cours d’eau et des étangs.
L’imagerie contemporaine, qu’elle émane d’institutions touristiques ou de particuliers partageant leurs photos sur des sites Internet (Google Earth ou Flickr), renouvelle peu ce regard. Les bastides, les châteaux, les églises restent les sujets privilégiés. Seule nouveauté, la vigne (Armagnac) et les produits du terroir (canard, foie gras) deviennent aujourd’hui récurrents sans pour autant faire toujours émerger des images de paysage. Les autres espaces cultivés, malgré le relief collinaire qui peut avantageusement les mettre en valeur, sont quasi-absents des représentations paysagères dans lesquelles, malgré tout, le patrimoine architectural des fermes fait l’objet d’une plus grande attention.
Dans la littérature touristique, le Bas-Armagnac landais est souvent abordé à partir du point d’intérêt que constitue Labastide-d’Armagnac. Cette image du début du XXe siècle est une des rares représentations montrant la ville dans son environnement : situation en sommet d’un relief, abords jardinés et cultivés, cyprès au bord de la route dont le tracé ondulant guide le regard vers le clocher de l’église, et vers le ciel.
« Aux confins des Landes et aux limites du Gers, il est un terroir béni, une campagne opulente et riante ; où l’on prend le temps de vivre : le Bas-Armagnac. Comme un peintre sur sa palette, ce pays à la ruralité soignée rassemble tous les ingrédients d’un tableau idyllique : des propriétés pimpantes, des forêts de chênes majestueux, des bastides murmurant une histoire tumultueuse, des églises romanes fortifiées, des collines doucement ondulantes coiffées de vignes, des chais où l’on tire les meilleurs armagnacs […] Au premier plan de cette fresque, Labastide-d’Armagnac dévoile un charme médiéval qu’on dirait figé dans le temps, tellement sa place carrée, ses maisons à colombages, ses passages couverts et ses ruelles sont admirablement conservés. De quoi en faire l’un des plus jolis villages des Landes. »
Bordelais, Landes, Bassin d’Arcachon, Gallimard Loisirs, 2019
Les bastides, points de focalisation du Bas-Armagnac landais
Alors qu’au début du XXe siècle, les photographes de cartes postales prenaient volontiers pour sujet les villes, bastides ou non, dans leur environnement, petit à petit, la focale s’est rétrécie autour du patrimoine architectural ou urbain.
- Saint-Justin, vue générale et moulin, carte postale, vers 1910
- Archives départementales des Landes, 1 Fi 2440
A partir des années 1960, la photographie aérienne oblique a permis de retrouver des angles de vue plus larges sans pour autant exprimer, à force d’aplatissement, les structures et les éléments permettant d’appréhender l’espace comme un paysage.
Cette vue générale sur Saint-Justin du tout début du XXe siècle met en valeur la situation en hauteur du village.
- En avion au-dessus de Saint-Justin, carte postale, 1967
- Archives départementales des Landes 1 Fi 6541
La photographie aérienne oblique montre l’organisation urbaine et l’architecture spécifiques de la bastide dans son environnement de cultures. Si la vue aérienne permet un grand angle sur le paysage, elle ne rend pas la situation de la ville sur une hauteur.
Plus récente, datant sans doute de la fin du XXe siècle, cette image aérienne estivale montre également la bastide dans son organisation générale spécifique, tout en ouvrant des vues vers la campagne cultivée environnante où les arbres prennent une place importante.
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Les images contemporaines privilégient le patrimoine architectural et urbain. Fondée au XIIIe siècle, la ville est protégée par une ZPPAUP [1], actuellement en révision.
L’eau, un motif discret
La Douze ou le Midou et de nombreux ruisseaux irriguent l’unité de paysage du Bas Armagnac landais. S’y ajoutent de nombreux étangs. Quelques représentations, cartes postales essentiellement, rendent compte de cette présence par le bais souvent de bâtiments (moulin, pont…) leur conférant un caractère plus pittoresque.
L’étang
Ces deux images prennent pour motif secondaire un des étangs qui, le long du Ludon, jalonnent les alentours de Hontanx.
À hauteur d’homme, la première carte postale datée du début du XXe siècle, joue des contrastes entre la verticalité du clocher-tour du XIIe siècle et son reflet dans l’eau de l’étang. La seconde, du troisième quart du XXe siècle offre, depuis un point haut depuis la ville, une vue générale dont l’étang est un des éléments avec les jardins, les cultures, les arbres isolés et la ligne d’horizon boisée.
Le lac de Gabarret est ici représenté pour lui-même, dans un cadrage assez banal, jouant cependant des contrastes et des couleurs entre les étendues planes du plan d’eau bleu et du champ jaune, et les masses denses et foncées des bosquets d’arbres et, au fond, de l’horizon boisé.
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Ces images émanant du site internet de l’office de tourisme des Landes d’Armagnac font des étangs qui parsèment le territoire un sujet d’attention et de visite. On remarquera la vue du grand étang de Hontanx, en haut à droite, cadrée de manière similaire que la carte postale de 1910 décrite plus haut.
Le moulin
Dans les cartes postales anciennes, c’est l’installation humaine qui sert de prétexte à la mise en scène de la rivière.
Le château, la maison de maître et le domaine viticole
Les nombreux châteaux représentés, associés souvent à des domaines viticoles, traduisent l’importance de la richesse issue de la production de l’eau de vie d’Armagnac. Les images qui associent la bâtisse et les vignes ne sont pourtant pas si nombreuses dans les images anciennes. Elles sont beaucoup plus fréquentes dans les représentations contemporaines.
Cette image à vol d’oiseau du château de Ravignan, de ses jardins montre l’empreinte de ce domaine dans le paysage où, à droite, on devine les vignes.
Plus modeste par son architecture, le domaine n’en imprime pas moins son empreinte dans le paysage. Les vignes occupent la plus grande partie de l’image aérienne aux côtés de l’étang, dont la surface bleue joue l’effet de surprise dans un ensemble aux dominantes vertes.
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Datant du XVIIIe siècle, le Domaine d’Ognoas est la propriété du Département des Landes depuis 1982. Le paysage dessiné sur l’étiquette de bouteille de 1937, à gauche, associe dans une même vue, mais de manière fictive, l’église, située plus loin dans le village, le bâtiment principal du domaine et les plants de vigne, créant ainsi un paysage imaginaire, mais identitaire. A partir des années 1960, de manière plus réaliste, les étiquettes, toujours dessinées, ne reprennent que le motif de l’église. Aujourd’hui, seules les vignes sur un horizon de collines sont mises en scène depuis une ouverture de style gothique.
L’imagerie contemporaine
A l’instar des cartes postales anciennes, ce sont les figures du patrimoine qui se font la part belle. Les circuits de promenade balisés et nombreux et le thème de la découverte de la nature suscitent des images plus directement attachées aux paysages, dont les étangs sont des figures assez présentes. Si l’on excepte la vigne, les espaces agricoles restent très peu représentés dans l’imagerie touristique. Les effets graphiques qu’ils créent parfois peuvent inspirer davantage les photographes amateurs partageant leurs images sur Internet.
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Ces images très travaillées proposent des vues qui jouent de la géométrie des paysages agricoles. Alors que les champs de maïs en feuilles n’inspirent jamais de représentations paysagères, les squelettes métalliques des systèmes d’arrosage au centre de champs moissonnés composent désormais des vues à l’esthétique plaisante. Au centre et à droite, meules de foin et bâti ancien composent avec les champs des images de qualité d’inspiration plus traditionnelle.
[1] zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager