Perceptions culturelles des Vallées des Gaves
Dernière mise à jour : 2 novembre 2021
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Modeste en taille, l’unité de paysages de la Vallée des Gaves, rejoignant l’Adour entre Chalosse et Béarn est assez pauvre en images contemporaines. Les cartes postales anciennes et les vues aériennes de la deuxième moitié du XXe siècle offrent toutefois à ces paysages ouverts de larges vallées à fond plat une certaine reconnaissance. Associés aux cours d’eau, les nombreux édifices patrimoniaux, châteaux, églises et abbayes construisent aujourd’hui comme hier l’essentiel des motifs de représentations. La culture du kiwi et les loisirs liés à l’eau (pêche, canoë…) qui caractérisent aussi le territoire contemporain ne génèrent pas pour autant d’images de paysages, sauf à la marge.
Le village de Labatut, en rive droite du Gave de Pau, domine la vallée. Au premier plan de la photographie, les toits surplombent une terrasse très plane où le ruban de lumière du gave joue presque la surprise. La vue embrasse ensuite les premières hauteurs du Béarn pour buter sur l’horizon des Pyrénées, jouant ainsi avec la structure très puissante du paysage.
« À ces noms-là, mes pensées chantent. C’est à Peyrehorade et dans le pays d’alentour que j’ai reçu mes premières impressions de beauté. Si j’ai pu quelquefois, dire mon amour aux arbres, aux prairies, aux ruisseaux, aux montagnes, en des termes qui ont paru doux à l’oreille et au cœur de quelques-uns, c’est à Peyrehorade et à ce magnifique pays d’Orthe que je le dois.
Ô le pays des si grands horizons, des si claires eaux, des si mélancoliques ruines !
Quelle émotion toujours renouvelée, quand venant de Dax, on découvre la grande trouée boisée qui montre à gauche le panorama des Landes et de la Chalosse, puis la grande trouée aride qui montre, à droite, le rang des Pyrénées bleues au-dessus de Guiche et de Peyrehorade. Au-dessus de cette route, à l’Est un peu, se dressent deux coteaux comme deux vagues jumelles. “Ô ! Vivre là ; là où mon âme est née et contempler la pâmoison des montagnes ou coucher du soleil. »Jean Rameau, Lettre au Félibre Léo Lapeyre, 6 avril 1902.
Extrait de la page Internet consacrée à l’auteur sur le site du Centre culturel du pays d’Orthe : https://www.centrecultureldupaysdorthe.com/
La rivière et sa plaine
A hauteur d’homme
Dans les Landes, les gaves de Pau et d’Oloron sont peu représentés pour eux-mêmes. Cette image sobre, à la composition soignée, est l’exception qui confirme la règle. En aval d’Hastingues, le paysage « naturel » des Gaves Réunis et de leur vallée semble se déployer sans limite. Seul le personnage en pied, dont le regard paraît se perdre aussi vers un hors champ infini, donne une échelle humaine à cet espace où les éléments de nature restent paradoxalement très présents dans ce paysage habité et cultivé.
Depuis le ciel
- Saint-Cricq-du-Gave, Le gave de Pau, carte postale, 1956
- Archives départementales des Landes, 44 FI 12
La photo aérienne montre l’organisation paysagère de la plaine au mitan du XXe siècle : des parcelles cultivées assez vastes entourées de haies, quelques vignes ou vergers, la figure présente et singulière du pont sur le gave de Pau, miroir des arbres des rives, et dans le lointain, l’horizon pyrénéen.
Cette vue aérienne montre bien ici la cohésion du bâti du village d’Hastingues, la manière dont il fait corps avec le cours des Gaves Réunis qu’il surplombe d’une quarantaine de mètres, et l’animation qu’il crée dans le paysage de la plaine.
- Abbaye d’Arthous, vue aérienne, F. Blazquez, sd
- Office de Tourisme Intercommunal Landes Atlantique Sud
https://www.landesatlantiquesud.com/
Les photos aériennes sont des images de communication très utilisées par les offices de tourisme. L’architecture patrimoniale de l’abbaye d’Arthous, au bord de la plaine qui s’étend en rive gauche des Gaves réunis, est montrée enchâssée entre les reliefs boisés du Béarn et la plaine aux grandes parcelles cultivées en vergers : une image contemporaine alliant motifs du passé lointain et ceux de l’économie agricole contemporaine.
Vues depuis les coteaux
- À gauche, Peyrehorade, Vue générale et vallée du gave, carte postale, 1913. À droite, Peyrehorade, Sentier d’Aspremont, carte postale, 1911
- Archives départementales des Landes, 1 Fi 4760 et 1 Fi 4862
A la confluence des gaves de Pau et d’Oloron, Peyrehorade est situé au pied d’un coteau abrupt qui sépare la Chalosse de la vallée. Depuis cette hauteur, le beau panorama offert par la carte postale de gauche met en valeur la lumière du cours d’eau et la courbe élégante de son méandre qui tranche dans la terrasse cultivée.
À droite, le chemin bordé d’arbres au-dessus de Peyrehorade donne un autre beau point de vue surplombant les Gaves Réunis et la ville sur la rive.
Motifs des bords des gaves
Le village, l’abbaye, le château et l’église
- À gauche, Hastingues, Bords du Gave, carte postale, 1934. À droite, Peyrehorade, Vue générale, carte postale, entre 1900 et 1904.
- Archives départementales des Landes, 1 Fi 7496 et 1 Fi 1076
Deux représentations classiques des villages des vallées des gaves mettant en scène leur situation à fleur d’eau, dans une position de vulnérabilité vis-à-vis de la rivière, mais protégée par les silhouettes trapues et perchées, d’une part de l’église (Hastingues), d’autre part de deux châteaux (Peyrehorade). Dans ces deux images, la rivière semble véritablement libre dans son lit accentuant ainsi son image de nature.
- Sorde-l’Abbaye, L’église, l’abbaye, le monastère et le moulin, carte postale, vers 1910-1920. Labatut, Bac sur le Gave, carte postale, vers 1910
- Archives départementales des Landes, 1 Fi 2144 et 1 Fi 3908
Dans la même veine que les deux précédentes, ces cartes postales donnent à voir deux villages déployés le long du Gave de Pau. La présence d’une barque à gauche sur l’image de Sorde-l’Abbaye et d’un bac à Labatut, ajoutent une dimension humaine et active au paysage urbain patrimonial.
Le quai, le port
- À gauche, Sorde-l’Abbaye, Le monastère en ruines et la terrasse, l’abbaye, le canal et la digue principale du moulin, carte postale, sd. À droite, Peyrehorade, Allées du Sablot, carte postale, 1901-19108
- Archives départementales des Landes 1 Fi 3911 et 1 Fi 1064
Deux représentations où le quai, la promenade le long du gave d’Oloron à Sorde-l’Abbaye et des Gaves Réunis à Peyrehorade créent une belle ambiance d’aménité urbaine le long de la rivière.
Des images mentales sans vraiment de paysages : le cas des champs de kiwis
Les kiwis de l’Adour bénéficient d’une IGP (indication géographique protégée) depuis 2009. Cultivés sur un vaste territoire dont Peyrehorade constitue un épicentre, la production n’a créé pourtant que peu d’images de paysages généralement centrées sur les rives de l’Adour.
- Marie-Hélène Cingal, Peyrehorade, rond-point, 2021
- Site Internet de partage de photos Flickr
https://www.flickr.com/photos/24271543@N03/51048208793/
Cette image relayée sur le web, est issue du site de partage de photographies en ligne Flickr. Elle montre en quoi le kiwi identifie le territoire des vallées des Gaves. Construit par l’association de producteurs Kiwis de l’Adour, ce rond-point constitue sans doute un emblème signifiant pour les agriculteurs. Mais il a été classé aussi par le magazine le Point en 2014 comme un des « plus moche » de l’hexagone.
- Champs de kiwis de l’Adour
- http://www.qualitelandes.com/
Issues du site Internet de promotion des produits de l’agriculture landaise« Qualité Landes », ces deux photographies ne sont pas précisément localisées. Elles peuvent donc se situer indifféremment dans l’unité de paysage des vallées des Gaves ou dans celle de l’Adour. Elles font partie des rares images de champs de kiwis dans leur environnement. Ici, la représentation suppose une intégration de cette agriculture intensive dans le paysage du sud des Landes.